Crise burundaise:lourdes conséquences dues à l’entêtement de Nkurunziza
[caption id="attachment_1488" align="aligncenter" width="727"] Gertrude Kazoviyo, activiste de la société civile burundaise[/caption]
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Les conséquences de l’entêtement de Pierre Nkurunziza refusant tout dialogue avec l’opposition et la société civile, comme la communauté internationale l’avait demandé seront lourdes pour le Burundi. C’est l’avis du Professeur Gertrude Kazoviyo.
Mme Gertrude Kazoviyo, secrétaire de la ligue burundaise des droits de l’homme ITEKA, au cours d’un entretien à bâton rompu réalisé le 29 avril 2015, regrette que malgré maintes initiatives et conseils émanant de la communauté régionale et internationale, le pouvoir de Bujumbura dirigé par Nkurunziza n’a fait que s’entêter.
Mme Kazoviyo a précisé qu’à l’issue des différentes rencontres notamment la conférence des chefs d‘Etat de la Communauté Est Africaine (CEA), le sommet de l’Union Africaine ainsi que les contributions de la CIRGL et du COMESA, des recommandations ont été formulées qui, malheureusement, n’ont pas été respectées par le pouvoir de Bujumbura.
Il s’agit entre autres du désarmement des jeunes affiliés aux partis politiques, le respect des droits de l’homme et la définition d’un calendrier électoral consensuel.
La dernière preuve de son refus d’écouter les uns et les autres est l’organisation des élections communales et législatives non consensuelles le 29 juin dernier, rejetant ainsi les propositions de la deuxième médiation conduite par Abdoulaye Bathily de reporter ces élections au 31 juillet prochain.
Les conséquences de cet entêtement pourraient être lourdes
Sur le plan politique et diplomatique, Gertrude Kazoviyo laisse croire que l’image du Burundi va être totalement ternie car il va passer pour un pays qui refuse tout compromis, qui s’oppose à tout dialogue au moment où même le monde entier est gouverné par le dialogue et la négociation.
Ensuite, a-t-elle poursuivi, les résultats de toutes ces élections non crédibles risquent de ne pas être reconnus à l’intérieur et à l’extérieur du pays comme l’a d’ailleurs déjà annoncé la Belgique, principale partenaire bilatéral du Burundi. Pour elle, après avoir refusé les conseils du monde entier, le Burundi s’isole diplomatiquement.
Mme Kazoviyo n’a pas manqué de se demander pour qui le pouvoir Nkurunziza organise les élections puisque plusieurs personnalités membres des institutions du pays ont désapprouvé la démarche de Pierre Nkurunziza et ont déjà pris le chemin de l’exil.
Elle a cité à titre illustratif le président de l’assemblée nationale, le deuxième vice-président, des députés naguère proches de ce parti, son ex porte-parole, l’ex porte-parole du CNDD-FDD et d’anciens présidents de ce parti qui tous, se sont exilés dans différents pays étrangers.
A ceux-ci s’ajoutent des centaines de milliers de Burundais qui se sont réfugiés dans des pays voisins du Burundi, fuyant la violence perpétrée à l’endroit de tous ceux qui ne soutiennent pas le 3e mandat du président Nkurunziza.
Mme Kazoviyo a aussi souligné que sur le plan économique et financier, les manifestations provoquées par le forcing du CNDD-FDD de désigner Pierre Nkurunziza comme candidat au 3e mandat a déjà causé un manque à gagner important à l’Etat.
En témoigne le rapport de l’Office Burundais des Recettes (OBR) du mois de mai dernier qui mentionne une perte de plus de 16 milliards de francs burundais.
L’interlocutrice a tenu à rappeler que certains partenaires du Burundi comme la Belgique, la Hollande, l’Allemagne, la Suisse et les Etats-Unis ont suspendu leur participation au financement électoral et arrêté leur coopération en matière de sécurité.
L’Union Européenne, quand à elle, a déjà annoncé qu’elle envisage appliquer l’article 96 des accords de Cotonou pour sanctionner le Burundi en lui retirant le droit de bénéficier des aides de cette union.
Mme Kazoviyo pense alors que le Burundi, qui dépend financièrement de l’aide extérieure à 52% de son budget, risque de connaître des problèmes financiers insolubles.
Tesire Mudahemuka
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