[caption id="attachment_1846" align="aligncenter" width="854"] Mabara, l’un des chimpanzés de Gishwati qui seront à la base de l’entrée des devises (Photo Great Apes)[/caption]

 

La création du 4 ème parc national qui devrait devenir effective avec l’adoption de la loi y relative par le Sénat rwandais et sa promulgation par le Chef de l’Etat, Paul Kagame, est une opportunité de plus pour le Rwanda d’encaisser des devises dont il a tant besoin. La conservation et l’amélioration des conditions de vie de la population environnante sont aussi des objectifs inévitablement à atteindre.

Le Rwanda, dont la balance commerciale est déficitaire, selon le ministère du commerce, a toujours besoin de beaucoup de devises pour ses importations.

Jusqu’à ce jour, le secteur touristique constitue la plus grande source de cette monnaie étrangère nécessaire dans les transactions commerciales internationales.

L’année dernière en 2014, l’industrie touristique a apporté au pays des Mille collines 303 millions de dollars. Et l’ambition de l’Office rwandais de développement (RDB) est d’aller jusqu’à 850 millions de dollars de recettes en provenance de ce secteur.

Il va sans dire que l’un des moyens d’y parvenir est de diversifier les produits offerts aux touristes dont le nombre ne cesse d’augmenter chaque année.

Le Parc national de Gishwati-Mukura demeure très riche en biodiversité selon Greap Apes Trust, une ONG américaine qui s’occupait de la forêt de Gishwati. Il offrira aux touristes une diversité de primates, comme le singe doré et le Chimpanzé qui a une intelligence étonnamment proche de celle de l’homme.

Plusieurs espèces d’oiseaux et des végétaux introuvables ailleurs au Rwanda sont aussi parmi les richesses de cette forêt naturelle.

Cependant, ce serait un leurre de croire que la diversification des produits touristiques suffit pour renfluer les caisses de l’Etat de dollars américains.

L’amélioration de la qualité des services

Selon Davidson Mugisha, représentant de Wildlife Tours-Rwanda travaillant dans le secteur touristique, le plus grand reproche fait aux hôtels du nord par les visiteurs étrangers est la lenteur dans l’octroi de services.

”Les commandes ne sont pas rapidement honorées surtout pour le manger,” dit Davidson Mugisha rapportant les dires des touristes.

Et les pauvres serveurs qui souvent enregistrent les plaintes des clients répondent sincèrement que les ustensils de cuisine à leur disposition ne permettent pas de faire mieux.

Un autre handicap que connaissent les touristes venant visiter le Rwanda est le problème de communication. Mugisha montre que les gens affectés dans l’octroi de services ne connaissent pas les langues étrangères.

”Cela pose un problème réel de communication entre les touristes et les pourvoyeurs de services,” souligne Mugisha citant les touristes. Il déplore ces manquements qui portent préjudice à la belle image du pays et partant au business car certains peuvent ne pas revenir au Rwanda.

Gishwati-Mukura, un parc en devenir

Ambassadeur Yamina Karitanyi, directrice générale adjointe de RDB en charge du tourisme, fait un clin d’oeil aux investisseurs pour saisir cette opportunité qui s’offre à eux pour la mise en place des infrastructures d’accueil.

Le ministre des ressources naturelles, Dr Vincent Biruta, promet en priorité la réhabilitation des routes menant vers ce nouveau parc.

Mais le Parc de Gishwati-Mukura permet également à l’Etat rwandais de réaliser son pari d’atteindre un taux de 30% de la superficie totale du pays en réserves forestières.

Pour le moment, la protection et la conservation de Gishwati sont assurées par Forest of Hope Association (FHA) créée en 2012 pour poursuivre les actions initiées par Greap Apes Trust en 2008.

Selon Madeleine Nyiratuza, coordinatrice de FHA, la création du Parc Gishwati-Mukura est le résultat de leur plaidoyer en faveur de la conservation de cette forêt naturelle. Elle réintère l’engagement de l’association qu’elle dirige à poursuivre les actions relatives à la conservation de Gishwati.

” Nous n’allons pas arrêter le travail commencé il ya trois ans,” affirme-t-elle. ” Nous céderons la protection du parc à RDB qui aura sous son autorité les garde-forestiers,” précise-t-elle.

”Mais les actions de conservation se font également à travers l’initiation des projets en faveur de la population environnante pour lui donner d’autres alternatives de survie en remplacement de l’exploitation des ressources naturelles du parc,” révèle Nyiratuza.

Le Parc Gishwati-Mukura vient s’ajouter aux trois autres qui existent déjà à savoir le Parc d’Akagera, le Parc des Birunga et le Parc de Nyungwe.

Gérard Rugambwa