[caption id="attachment_1970" align="aligncenter" width="686"] Le Rwanda exploite toutes les sources d’énergie pour alimenter les ménages, ici le biogaz (Photo archives)[/caption]

 

Les objectifs de développement du Rwanda à long terme sont ancrés dans sa stratégie nommée "Vision 2020" qui vise à transformer une économie à faible revenu fondée sur l’activité agricole en une économie de services basée sur le savoir. L’objectif est d’accéder au statut de pays à revenu intermédiaire d’ici 2020. L’énergie demeure le point focal du pays pour alimenter 50% des ménages d’ici 2017.

Le Rwanda est dans la pleine marche de résoudre définitivement le problème de l’énergie qui gâche encore grand-chose pour son développement multisectoriel. Des efforts louables sont à souligner.
En 2008, seulement 6 % des 10 millions de Rwandais avaient l’électricité chez eux, et les coupures de courant étaient fréquentes. En trois ans, les nouveaux raccordements ont quasiment triplé, pour passer de 110 000 en 2009 à 332 000 en décembre 2012. Ces améliorations ont été rendues possibles par les efforts résolus du Gouvernement du Rwanda et de son Programme de Déploiement de l’Electricité (EARP) et grâce aux financements de la Banque Mondiale et d’autres partenaires au développement. En 2015, ce taux a grimpé pour atteindre 23% pour une population croissante de près de 11,5millions.

Le Gouvernement du Rwanda a répertorié toutes ses sources d’énergie dont les microcentrales hydroélectriques ici et là dans le pays afin de les exploiter. En conséquence, le milieu rural rwandais qui était toujours victime du manque accru de l’énergie, a aussitôt eu accès à l’électricité.
"Des villages lointains ont aujourd’hui accès à l’électricité. A présent, il n’y a pas de différence entre une ville et un village rural", remarque Alfred Akimana de la localité de Mushishiro dans le district administratif de Muhanga au centre du pays.

La Banque Mondiale qui est partenaire du Rwanda dans le renforcement du secteur de l’énergie se rend compte des exploits du Rwanda qui venait de traverser ses pages obscures marquées par un génocide perpétré contre les Tutsi en 1994.

D’après cette banque, " Les succès remarquables enregistrés sur le plan du développement au cours de la décennie écoulée au Rwanda, sont caractérisés par une forte croissance et une réduction rapide de la pauvreté… Entre 2001 et 2014, le taux de croissance du PIB réel a atteint environ 8 % en moyenne par an. L’accès à l’énergie en fut un des facteurs moteurs pour ces succès".

Par le bais du Ministère d’Administration Territoriale (MINALOC), le Rwanda réalise qu’aucune transformation économique n’est réelle si l’énergie fait encore défaut. C’est pourquoi, en vue de concrétiser ses objectifs de développement à long terme, le Rwanda a élaboré une stratégie à moyen terme. Il s’agit de la deuxième Stratégie de Développement Economique et de Réduction de la Pauvreté (EDPRS2), dont la principale priorité consiste à accélérer la croissance et à réduire la pauvreté.

La démarche focalise quatre domaines à savoir : la transformation économique, le développement rural, la productivité et l’emploi des jeunes ainsi que la promotion d’une gouvernance responsable. L’accès à l’énergie est au centre de ces secteurs.

Le miracle du gaz méthane et l’importation d’électricité

Sans nul doute, le Rwanda n’importera pas pour longtemps de l’électricité à partir de ses voisins proches comme le Kenya qui a accepté de lui vendre (l’an passé) 30MW pour un contrat renouvelable de cinq ans.

En effet, le Rwanda dispose d’une grande réserve en gaz méthane dans le lac Kivu qu’il partage avec la RDC. Durant cette période de cinq ans, le Rwanda espère distribuer de l’électricité fiable et abordable qui pourra ”attirer les investisseurs et donner un coup d’accélérateur à la croissance économique", note le Ministère des Infrastructures via son cadre Robert Nyamvumba qui précise la fourniture initiale des 30 MW à partir de juillet 2015 par le réseau électrique de l’Ouganda après des travaux d’aménagement dans ce sens.

Entre temps, le Rwanda a tourné son regard, la même année, vers une compagnie américaine, ContourGlobal, pour produire de l’électricité à partir du mélange du méthane et de CO2 que contient le lac Kivu.

La compagnie a signé une concession de 25 ans avec l’Etat rwandais. Ce contrat stipule que ContourGlobal devra exploiter quelque 60 km3 de méthane et environ 300 km3 de dioxyde de carbone contenus dans ce lac de 2370 km2 qui est " le seul au monde où ce gaz peut être exploité commercialement", apprend-on par les experts de la compagnie.

" Il n’y a pas de forage, le gaz est pompé dans les couches inférieures du lac qui sont saturées en méthane ", a indiqué Yann Beutler, chef du projet pilote KivuWatt qui fourni déjà 2MW d’électricité à partir du méthane lacustre.

A la longue, le Rwanda espère avoir toute l’énergie nécessaire pour ses différents secteurs de développement grâce à l’énergie qui viendra du gaz méthane du Lac Kivu. Les experts sont nombreux à souligner que ce gaz est inépuisable grâce à sa faculté de renouvellement à la vitesse de son exploitation.

Le Rwanda a d’autres projets prometteurs de l’énergie. A titre nominatif, il a signé avec la Banque Africaine de Développement (BAD) un prêt de 40 millions USD qui servira à financer la construction d’une centrale électrique de 80 MW, des lignes de transmission et des stations-relais dans le cadre du grand projet du barrages hydroélectriques en cascades sur les chutes de Rusumo, une grande rivière à cheval entre le Rwanda, la Tanzanie et le Burundi.

Ce projet, dont le coût global s’élève à 468,60 millions de dollars a déjà bénéficié d’un financement de 340 millions de dollars de la part de la Banque Mondiale en août 2013. "Ce projet permettra de réduire le prix de l’électricité et limiter les délestages dont souffre le Rwanda", affirment les officiels rwandais qui notent que 50% de la population rwandaise devraient accéder à l’électricité en 2017, contre 23% seulement, actuellement.

Safari Byuma