https://www.traditionrolex.com/25 Agriculture : l’absence d’unités de transformation freine l’exportation

Agriculture : l’absence d’unités de transformation freine l’exportation

Par 2015-12-01 12:32:42

[caption id="attachment_2151" align="aligncenter" width="734"]L’entreprise SHEKINA a réussi à transformer le sombé qu’elle exporte (Photo Safari Byuma) L’entreprise SHEKINA a réussi à transformer le sombé qu’elle exporte (Photo Safari Byuma)[/caption]


 

Le Rwanda affronte le problème d’un nombre insuffisant d’unités de transformation pour assurer l’exportation de ses produits agricoles. Le défi s’annonce plus particulièrement à la filière d’horticulture qui a fortement besoin d’emballage et d’une technologie de pointe pour la conservation. Le gouvernement du Rwanda en est conscient et veut pallier à ce problème à travers sa politique de développement multisectoriel nommé EDPRS II.

Le fait est là, personne n’en discute trop ! La filière d’horticulture au Rwanda est à sa phase embryonnaire, car elle est pratiquée avec moins d’apport technologique. A plus forte raison, les horticulteurs rwandais produisent pour les consommateurs locaux faute d’une technologie de pointe qui assurerait l’emballage et la conservation, afin d’assurer l’exportation.

Ce défi n’est pas singulier à cette filière d’horticulture, mais aussi à tout le secteur agricole moins la théiculture et le caféiculture qui ont tous deux, des unités de transformation à jour, ici et là dans le pays. Les illustrations sont nombreuses pour exprimer ce fait d’absence quasi-totale d’unités de transformation dans le secteur agricole au Rwanda.

La Conférence Internationale sur l’Exhibition internationale d’Horticulture au Rwanda tenue à Kigali du 25 au 27 novembre 2015 a réuni d’importants horticulteurs rwandais et certains éléments de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC) dont les Ougandais, les Kenyans principalement à côté des certains experts venus des Pays-Bas. Tous les interlocuteurs rwandais ont convergé sur l’absence d’unités de transformation dans le secteur agricole rwandais en général et dans le secteur d’horticulture en particulier.

Voici certains témoignages. Verena Mukanyandwi et sa consœur Adidja Niyonteze, sont toutes venues de l’Ouest du Rwanda. Elles cultivent : carotte, betterave, oignon et divers légumes dans la circonscription de Rubavu.

"Je suis obligée de cultiver pour les marchés locaux, faute de conservation des produits périssables (légumes)", atteste Adidja Niyonteze qui produit 40 t d’aubergine et 50 t de betterave. Elle aurait bon à augmenter sa production de légumes pour l’exportation vers la ville de Goma, frontalière avec celle de Gisenyi, mais l’emballage et la conservation de feuilles des légumes posent problème.

M. Hategekimana Ignace de l’Association des Agriculteurs d’Ananas dans la localité de Ngoma (KOABANAMU), évoque le même problème."Nous produisons entre 150 et 180t d’ananas par an. Nos grands marchés se trouvent à Kigali seulement : Inyange, les marchés de Kimirongo et de Kimisagara. En dehors de ces marchés, nous convoitons les établissements scolaires", affirme-t-elle pour montrer que la conservation dans le secteur d’horticulture reste un grand défi à l’exportation.

Cependant, a-t-il ajouté, "Malgré l’absence de marchés internationaux, les 120 membres de KOABAMU gagnent 120 000 FRW (160$) chacun par mois.

Même observation pour Emmanuel Bucyana de Rwanda Organe agriculture Mouvement, une association de 255 paysans qui produit 500t par mois de la banane verte appelée en anglais : "appel banana" ou "kamaramasengi" en kinyarwanda.

"Nous avons une grande production, mais destinée aux marchés locaux. La Belgique a montré sa volonté d’acheter notre banane sous condition d’obtention d’un certificat international d’authenticité", a-t-il montré un des freins à l’exportation de la banane à côté de la non maîtrise de certaines techniques pour sa conservation à longue durée.

Les yeux braqués aux marchés internationaux

Certaines unités de transformation au Rwanda ont réussi à intéresser les marchés internationaux, car elles ont vite découvert le secret d’emballage et de transformation. C’est le cas par exemple de l’entreprise SHEKINA qui opère à Rulindo, nord qui vend le "sombé" (feuilles de manioc pilées et séchées) au nom d’Akeza au Canada aux USA et au Japon.

"Nous exportons cinq conteneurs du sombé : deux au Canada, un à Boston (USA) et les deux restants vont au Japon. Je ne sais pas si vraiment les Blancs savent à présent manger du sombé… Peut-être qu’il est destiné aux Rwandais, aux Congolais et d’autres Africains qui vivent dans ces pays là", a dit Léonce Uwimana, directeur financier de SHEKINA. Celui-ci a noté que les 80% de la production sont destinés à l’exportation alors que 20% restent à l’intérieur du pays.

L’Association Mushumba Mwiza (le bon berger), elle s’occupe de la transformation des champignons. "Nous les séchons et puis nous les emballons dans de petits sacs en plastique. Ils peuvent se conserver jusqu’à deux ans", dit Pascasie Niragire qui informe qu’une partie de la production est vendue dans les pays et dans la sous-région comme le Burundi et la RDC.

"La production de l’exportation n’est pas aussi importante que celle destinée au marché intérieur. Les principaux clients sont des hôtels et de grands restaurants qui font des champignons de divers potages", a-t-elle montré.

L’entreprise de fabrication de vin à partir d’ananas (COVAFGA) sise à Gakenke, nord, produit 3000 l de vin par an. "Une grande partie de notre production était vendue en RDC et au Burundi, mais depuis que la crise politique a pris de l’ampleur au Burundi, notre vin est distribué dans les débits de boissons au Rwanda", témoigne un des agents de COVAFGA. Il a confirmé que l’Ouganda n’importe pas le vin de COVAFGA parce qu’il est bien en avance dans la fabrication des vins.

L’apport de l’Etat rwandais

A travers sa politique de développement à sa deuxième phase (EDPRS II), le Rwanda est déterminé à faciliter le développement rapide de petites et moyennes entreprises de transformation alimentaire inscrites dans le secteur d’agri-élevage. Le Ministre du Commerce et de l’Industrie, M. François Kanimba a montré au cours d’une conférence à Kigali que le Rwanda importe plus qu’il n’exporte. "Devant cette problématique, le pays a adopté une politique nationale d’exportation qui donne place aux unités de transformations et d’emballage", a-t-il dit.

Au mois de mai dernier, le Directeur général de NIRDA (National Industrial Research and Dévelopment Agency), le Dr Joseph Mungaruriye, a souligné au quotidien Imvaho Nshaya que son Agence est chargée de mener des recherches dans le domaine de l’industrie et de transformation afin de permettre aux investisseurs nationaux de créer leurs propres unités de transformation. "Comme ça, le pays sera doté de plusieurs industries et unités de transformation qui redynamiseront les exportation au Rwanda”. Selon lui, "la course est réelle et on y arrivera bientôt", a-t-il souligné.

Safari Byuma


 

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