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Harcèlement sexuel sur le lieu de travail (1ère partie)

Par 2015-12-03 06:58:31

Très peu de victimes  de harcèlement portent plainte à la justice suite au manque de preuves (Photo Archives)


 

Bien qu’aucune étude n’ait été encore réalisée, le harcèlement sexuel est un problème réel dans les différents services. La pudeur de la femme rwandaise ne lui permet pas de s’exprimer sur le calvaire qu’elle vit quotidiennement. Elle souffre silencieusement et persévère pour gagner son pain quotidien. La présentation de ce dossier vise à attirer l’attention des uns et des autres sur ce problème de société.

Les femmes se plaignent moins…

Les femmes rwandaises se plaignent moins de harcèlement sexuel commis contre elles au lieu du travail. Les tabous sur le sexe motivent leur discrétion ainsi que le manque de preuves tangibles en vue de porter plainte à la justice. Pourtant, le harcèlement est très répandu, surtout verbal dans toutes les activités exigeant la participation de la femme. La législation rwandaise s’y prononce avec une peine lourde…

Tout au départ, il est impérieux de comprendre ce qu’est un "harcèlement" pour saisir par après, le strict contexte "de harcèlement sexuel". Le site web : wikipedia.org note que le harcèlement est un enchaînement d’agissements hostiles dont la répétition affaiblit psychologiquement l’individu qui en est la victime. Ce type de comportement peut être habituel et impliquer le statut social et physique.

Le même site s’en va pour dire que le harcèlement sexuel quant à lui, désigne les situations dans lesquelles une ou plusieurs personnes sont soumises à des propos ou pratiques visant à les réduire à leur identité sexuelle sans pour autant que ces propos ou comportements soient par ailleurs considérés isolément comme des délits.

Au Rwanda tout comme dans d’autres pays de la planète, le harcèlement est condamné. A titre illustratif, la loi n° 59/2008 du 10/09/2008 portant prévention et répression de la violence basée sur le genre en son article 23 punit le harcèlement de 10 à 15 ans. "Est punie d’une peine d’emprisonnement de dix (10) à quinze (15) ans et d’une amende de cinq cent mille (500.000 Frw) à un million (1.000.000 Frw) de francs rwandais, toute personne reconnue coupable du harcèlement sexuel".

L’article 24 de la même loi se prononce sur le harcèlement sexuel envers son subalterne. "Est puni d’une peine d’emprisonnement de deux (2) à cinq (5) ans et d’une amende de cent mille (100.000 Frw) à deux cent mille (200.000 Frw) francs rwandais, un employeur ou toute autre personne qui use de ses fonctions pour harceler son subalterne par des instructions, des menaces et de la terreur dans le but du plaisir sexuel".

Devant ce fait, les femmes au travail, certaines évidemment, sont réticentes à dénoncer ou à porter plainte contre les auteurs de harcèlement sexuel. "De fois, ces patrons nous sollicitent amicalement. Quand on refuse, ils nous menacent sous peine de perdre l’emploi", atteste KPT, agente de la Banque de Kigali dont la collègue a été finalement victime des relations sexuelles contraignantes avec son chef direct, il y a trois ans.

"La victime en avait gardé secret durant les deux ans. C’est à l’occasion d’une repentance dans une Eglise de réveil de Nyamirambo, que notre collègue a dévoilé son triste sort", témoigne KPT qui affirme que le harcèlement sexuel au travail est plus courant, mais alors non dénoncé suite aux tabous autour du sexe pour la femme victime et à son refus naturel de créer des ennuis avec leurs collègues en cas de plainte dans les instances judiciaires.

Les hommes ne sont pas sujets de harcèlement sexuel au même titre que les femmes. "Les hommes ont lèvres faciles à prononcer les propos sexuels et usent de leur force ou position sociale pour contraindre les femmes à accepter leurs demandes sexuelles", dit Mushimimana Odette dont la sœur est tombée enceinte à l’issue d’une contrainte sexuelle de son patron d’une ONG de Muhanga, au centre du pays.

"Ce fut un scandale à mon endroit, mais par après, la mère a bénéficié d’appui financier de son patron pour nourrir l’enfant", ajoute Mushimimana qui affirme que sa sœur en garde secret pour des raisons culturelles et par manque de preuves tangibles des relations sexuelles contraignantes qui seraient rangées dans le cas d’un viol.

Le sexe pour une promotion hiérarchique n’est pas un harcèlement sexuel

Si le harcèlement sexuel au travail s’exprime en termes des sollicitations de faveurs sexuelles au travail sous peine de sanction, l’inverse exprime un consentement mutuel et par conséquent sans outrage à la personne sollicitée. C’est le cas des femmes qui cherchent une augmentation de salaire ou une promotion de service.

" Le favoritisme sexuel nommé communément " Promotion canapé" où un individu a des relations sexuelles dans le but d’obtenir une promotion hiérarchique ou une augmentation de salaire n’est pas considérée comme une situation de harcèlement sexuel, puisque dans ce cas, le consentement est mutuel", lit-on sur le site web. Wikipedia.org.

Ces juristes sont unanimes à dire que dans la pratique, l’existence de relations sexuelles est facile à prouver alors que le consentement l’est beaucoup moins (ainsi que les malentendus sur le non-consentement d’un des deux partenaires).

Le fait pour un supérieur hiérarchique d’accorder des gratifications en fonction d’avantages personnels qu’il en tire, que ce soit en argent ou en nature, peut constituer une faute grave de la part de celui-ci, et éventuellement un délit qui peut être rangé parmi les actes de harcèlement sexuel.

"Dans cette situation, il saute aux yeux que tout supérieur qui donne une quelconque faveur à sa subalterne, peut être vu comme un coupable, la prudence est de rigueur", cerne Camile Kalimunda, juriste dans la ville de Kigali.

Selon Claire Mujawamariya, ancien agente de l’Etat, "Plusieurs femmes ont été nommées chefs dans la Fonction publique pour avoir réussi à céder leur corps à leurs chefs hiérarchiques". Argument soutenu par Peace Tuyishime, étudiante à l’Université Libre de Kigali dont la collègue a trouvé un emploi de direction d’une branche d’une Banque à Rubavu pour le même fait.

"Mais malheureusement, dans certaines circonstances on confond souvent le harcèlement sexuel à la corruption…", explique le juriste Camile Kalimunda.

Au Rwanda, il n’y a pas encore une étude sur l’état de harcèlement sexuel notamment au travail. Toutefois, une récente étude faite par Transparency International Rwanda a montré que le secteur privé est plus accusé de la corruption basée sur le sexe au seuil de 58,3%, contre 51,4% dans le secteur public.

Safari Byuma 


 

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