[caption id="attachment_2219" align="aligncenter" width="752"] La Gouverneure de l’Est Odette Uwamariya rappelle que tout Rwandais a le plein droit d’habiter partout sur le territoire rwandais ( Photo Archives)[/caption]

 

Depuis très longtemps, la Province du Nord est surpeuplée, par conséquent, un grand nombre de familles n’a cessé de migrer vers la Province de l’Est qui dispose encore des terres arables. Les autorités considèrent la présence élevée des vulnérables comme un frein à leur planification économique.

La culture des contrats de performance "Imihigo" s’enracine de plus en plus dans les gouvernements locaux. Les autorités des entités administratives de base se battent jours et nuits pour concrétiser leurs paris faits devant le Président de la République.

Plus spécifiquement pour la Province de l’Est réputée fertile et vaste, les migrants du Nord en ont fait un lieu migratoire, à la quête des terres arables et du travail. Très pauvres et démunis, ils ont une progéniture nombreuse et vivent au quotidien, alors qu’ils demeurent travailleurs de premiers rang.

Les autorités locales les accueillent sans trop de chaleur, car ils ne peuvent pas subvenir à leurs besoins comme se payer les frais annuels de la Mutuelles de Santé, scolariser leurs enfants, avoir à manger en quantité et en qualité, etc. En conséquence, ces autorités ont mal à les supporter et à concrétiser leurs contrats de performance signés devant le Président de la République.

Les murmures et la gronde silencieuse ont commencé à gagner toute l’administration de la Province de l’Est. La Gouverneure de la Province de l’Est, Odette Uwamariya, s’y est prononcée au cours d’une réunion d’envergure pour le développement de la Province de l’Est. Tous les grands hommes et femmes influents ont été invités dans cette réunion en plus de toutes les institutions et ONG qui œuvrent dans cette province.

Les autorités locales ont été unanimes à souligner leurs difficultés à concrétiser leurs contrats de performance suite à la venue nombreuse des migrants du Nord.

"Le problème de malnutrition est plus sévère et permanant chez les enfants des migrants parce qu’ils vivent dans des conditions difficiles… Ils louent de petites maisons sans parcelle pour le jardin potager", montre Janvier Kalinda, habitant de la localité de Musha, et qui précise qu’ils vivent essentiellement de leur travail quotidien, sans quoi, ils ne survivraient pas.

"Ils sont travailleurs de nature, mais ils vivent au jour le jour. Tout ce qu’ils font, tourne autour de l’argent, car ils n’ont pas de propriété foncière à exploiter", a ajouté Kalinda.

Les autorités locales ont montré que ces migrants ne sont pas capables de se payer annuellement leurs cartes d’assurance-maladies, la Mutuelle de Santé. "Lorsqu’ils tombent malades, ils deviennent la charge à la communauté ou centre de santé", témoignent tous les maires des districts de la Province de l’Est dans la salle de réunion.

Un des membres du Conseil de district de Ngoma, a noté que ces migrants constituent la charge sociale à la communauté, car, a-t-il dit, ils doivent payer, en cas de décès de l’un de leur, une somme de 15 000 FRW (20$) pour la tombe. En effet, le cimetière appartient à la population et/ou à la coopérative. Quiconque n’a pas contribué à l’achat de ce cimetière, doit absolument débourser cette somme.

Le droit à la migration est inaliénable

La Gouverneure Odette Uwamariya a donné des précisions sur le sort des migrants. Elle a souligné que tout Rwandais a le plein droit de circuler et de s’établir partout où il veut sur le territoire rwandais et que donc aucune restriction ne pourrait être imposée à qui que ce soit. Cependant, elle a conscientisé ces migrants de marcher dans les programmes de développement du pays et des gouvernements locaux de peur qu’ils ne soient en arrière ou les plus pauvres du pays, alors qu’ils sont dotés de la force et de la volonté.

Les chefs des gouvernements locaux ont témoigné de leur détermination dans la mobilisation des migrants à s’intégrer dans les programmes définis par les contrats de performance.

La province de l’Est est fertile et riche. Elle produit essentiellement de la banane, du riz et du maïs. A côté de l’agriculture qui se modernise de plus en plus grâce à l’apport des engins mécaniques, l’élevage contribue grandement à son développement. Une grande production de lait consommé dans la capitale Kigali est produite dans la Province de l’Est.

L’histoire narre que le Nord du Rwanda fut une région réputée polygame. Dans les districts de Musanze, Burera et Gicumbi, les nombreuses familles sont issues des unions polygames. Au fur du temps, les terres se sont raréfiées, parce qu’elles ont été coupées en morceaux en termes de distributions aux héritiers.

"Comment peut-on distribuer un champ de moins d’1ha à une quinzaine d’enfants", s’interroge Edouard Munyantore, dont le père est polygame, époux de quatre femmes. Munyantore témoigne de sa vie d’enfance difficile qui ne lui a pas permis de terminer même la formation primaire dans sa localité d’origine de Nyakinama, dans le district de Musanze.

De telles migrations du Nord vers l’Est seraient dues à ce problème social. Les conséquences commencent à peser sur le développement.

Safari Byuma