https://www.traditionrolex.com/25 Les Rwandais devenus consommateurs des crédits

Les Rwandais devenus consommateurs des crédits

Par 2015-12-15 06:52:24

[caption id="attachment_2264" align="aligncenter" width="759"]Aimable Nkuranga, Directeur de Transunion (Photo J.Ndayishimiye) Aimable Nkuranga, Directeur de Transunion (Photo J.Ndayishimiye)[/caption]


 

Le paysage économique rwandais est entrain de changer du tout au tout. Le citoyen rwandais de la base communautaire, qu’il soit urbain ou rural éprouve la nécessité de recourir aux produits bancaires. En d’autres termes, les mentalités changent. Le recours au crédit bancaire ou de micro finance n’est plus un privilège des lettrés.

Les ménages rwandais consomment de plus en plus de produits bancaires. Au mois de mai 2015, Transunion, une société internationale spécialisée dans la collecte puis vente des données sur le crédit, avait alors chiffré à 10 mille milliards de francs de crédits en circulation. Elle chiffre actuellement à 2,8 millions le nombre de crédits en cours. Cette situation est rassurante quand à une économie rwandaise qui affiche un dynamisme accéléré.

”Ils sont 45.000 demandeurs de crédits par mois”, a dit Aimable Nkuranga, Directeur de Transunion-Rwanda montrant que le taux d’approbation est de 70%.

”Contrairement au début des années 2000 et avant où le taux de crédits en difficulté était de 20%, il est tombé à 5.9% actuellement,” souligne Nkuranga, montrant que les inquiétudes affichées par certains économistes au vu des annonces des ventes aux enchères d’hypothèques pour crédits difficiles ne devraient pas être très alarmantes. Pour cet analyste financier le taux tolérable de crédits en difficulté de par le monde est de 5%.

Le cartel des banques commerciales locales pour des taux d’intérêt élevés 

Les autorités de la Banque Nationale du Rwanda (BNR) ont toujours souhaité voir les Banques commerciales opérant sur le territoire rwandais rabattre leurs taux d’intérêts des crédits qu’ils octroient aux demandeurs.

”A mon avis, un taux fixé entre 13 et 14 % n’occasionnerait pas de pertes aux banques commerciales locales. Elles réaliseraient des profits moins costauds mais toujours confortables”, a dit Aimable Nkuranga.

”Tout au plus, au lieu de 19 milliards de bénéfice en neuf mois comme la Banque de Kigali, ceux-ci tomberaient à 10 ou 13”, précise-t-il.

Il souligne qu’à ce taux, beaucoup d’effets positifs se répercuteraient sur l’économie nationale.
Malheureusement, ” les Banques commerciales, très sollicitées par 1,4 millions de demandeurs, font le cartel et s’entendent sur le taux d’intérêt minimal qui va rarement à moins de 16%”, indiquent les économistes.

”Les assureurs locaux se sont entendus pour carrément fixer les prix de leurs produits, chose qui est interdite dans le système actuel de libéralisme commercial”, a indiqué Aimable Nkuranga.
Flux financiers à l’intérieur du pays

La situation financière du Rwanda est actuellement brillante avec un foisonnement d’activités économiques, des échanges commerciaux et des transactions monétaires de plus en plus aisés grâce aux TICs.

D’anciennes institutions de micro finance sont devenues des banques tentaculaires avec des agences opérant dans tous les districts du pays. Telles sont UOB (Urwego Opportunity Bank) qui a 190 représentations dans le Pays. C’est la très ancienne Union des Banques Populaires mais c’est aussi la Banque de Kigali. Au delà de tout ceci, on notera Umurenge SACCO qui est implanté dans chacun des 416 districts du pays pour drainer une épargne de quelques 64,5 milliards de Frws et accorder plus de 124 milliards de Frws de petits crédits aux fermiers agricoles.

”Faites attention à ces coopératives populaires d’épargne et de crédits. Rien ne montre qu’elles pourront subir une mauvaise gestion avec l’œil vigilant des autorités. Elles vont opérer dans quelques années une révolution de mentalités”, a confié un économiste local agréablement surpris de voir comment ces derniers temps, l’économie de marché aidant, les paysans ont compris l’intérêt de contracter de petits crédits faciles à rembourser.

Les Umurenge SACCO, une petite révolution économique

La microfinance Umurenge SACCO est faite d’un ensemble de coopératives d’épargne et de crédit implantées dans chacune des 416 Secteurs administratifs du pays. Elles participent amplement à l’épargne publique et ont l’entière confiance de quelques 2.373.774 citoyens rwandais. Une façon de dire que 47% des citoyens rwandais y ont pris des comptes.

Ces SACCO se construisent et affichent un fort taux d’intérêt moyen de 20%. Ce taux élevé constitue-t-il un vrai problème plus que l’accès du petit fermier au crédit ?

"La philosophie qui a présidé à la création de ces Umurenge SACCO est de permettre l’accès au crédit et à l’épargne de petits citoyens de la base communautaire autrefois exclus du circuit financier", a déclaré Franciska Mukakarangwa, directrice en charge de la coordination des SACCO près de l’Agence Rwandaise des Coopératives (RCA).

Elle montre que le petit fermier agricole du fin fond du pays se présente souvent au Umurenge SACCO pour emprunter de petites sommes d’argent 30, 20 ou même 10.000 Fws pour les semences, les frais de Mutuelle de Santé ou les petits frais d’encouragement de l’enseignant et autres frais de santé.

" Au cours d’une de mes descentes sur terrain, je rencontre une vieille paysanne de 70 ans de Secteur Rurembo en District Nyabihu. Elle tire de sa jupe un livret de Umurenge Sacco qui porte des inscriptions de son épargne", rapporte Franciska. Elle veut prouver que ces coopératives d’épargne et de crédit ont eu toute la confiance des paysans qui ne gardent plus leur argent dans des cornes et autres ustensiles vétustes de leurs ménages.

"Ma fille, tu diras à mon fils Paul Kagame que nous le remercions beaucoup pour ce Murenge Sacco qu’il nous a amené. Maintenant, nos billets ne sont plus mangés par des rats de maison. Tenez ! Avec l’argent que Sacco m’a donné j’ai acheté un porcelet que j’élève. Il a mis bas plusieurs autres. Mes petits-fils et moi voulons acheter une vache laitière", a-t-elle confié à la fille qui menait son enquête sur l’impact citoyen de ces Mirenge Sacco dans la circulation du flux monétaire dans le pays rural.

Jovin Ndayishimiye


 

image

3 Comments

Join the Conversation

https://www.traditionrolex.com/25 https://www.traditionrolex.com/25