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Le discours de Poutine annonce un tournant géopolitique

Par 2016-01-05 11:09:13

[caption id="attachment_2375" align="aligncenter" width="754"]Poutine à l'ONU (Photo archives) Poutine à l’ONU (Photo archives)[/caption]


 

Le 28 septembre 2015, à New York, le Président de la Fédération de Russie monte à la tribune et prend la parole quelques minutes devant les chefs d’Etat et de gouvernement réunis pour la 70ème session de l’Assemblée générale des Nations-Unies.

Voilà près d’une décennie qu’il n’a pas participé à cet événement rituel de la communauté internationale.

Et plus de deux ans que sa politique en Ukraine est critiquée par les Occidentaux. Saura-t-il sortir son pays du cycle des sanctions et des contre-sanctions aggravé par la réduction drastique des cours du pétrole ?

Un discours de rupture

Loin d’essayer de se concilier avec son public par une homélie consensuelle, Vladimir Poutine reprend les formules provocantes dont il est coutumier : il condamne l’irresponsabilité de l’interventionnisme américain au Moyen-Orient et fustige la mollesse des Européens face à l’islam radical.

Mais il va plus loin et surprend la communauté internationale en annonçant une intervention militaire russe en Syrie. Cette campagne, préparée depuis la fin août 2015, débutera deux jours après, le 30 septembre, par des frappes aériennes.

Le discours prononcé ce jour-là constitue un des pivots de la géopolitique de 2016 : il introduit une césure tout à la fois dans la position internationale de la Russie, dans le statut de la République d’Iran et dans la politique internationale de l’Union européenne.

La Russie : rivale en Ukraine et alliée en Syrie

Ce discours amorce un rapprochement entre Russes et Occidentaux. Depuis le changement de régime à Kiev durant l’hiver 2013-2014 et le rattachement contesté de la Crimée à la Fédération de Russie le 18 mars 2014, la Russie est considérée comme un risque pour la stabilité des frontières et comme une menace pour la souveraineté des Etats limitrophes.

En intervenant en Syrie, la Fédération de Russie (re)devient un acteur de la solution de la crise en Syrie. Alors que les Européens et les Américains refusent d’intervenir au sol, les forces armées russes s’engagent dans la mêlée de la guerre civile.

La Russie se réinvite dans le Grand jeu moyen-oriental en concurrence et aux côtés des Occidentaux. Bien entendu, les tensions sont vives : la Russie vise d’autres cibles que les Occidentaux et soutient le régime al-Assad.

Mais les attentats de novembre 2015, à Beyrouth, à Tunis et à Paris achèvent de rendre la Russie incontournable. En particulier, la France et la Russie, dès le discours du président français du 16 novembre, partagent une priorité géopolitique : lutter contre le terrorisme islamiste sunnite.
La solidité de l’alliance franco-russe trouvera sans doute ses limites en 2016.

Mais du 28 septembre au 13 novembre, la question ukrainienne passe au second plan et la Russie redevient une alliée acceptable.

L’Iran : d’Etat paria à puissance régionale montante

Le discours du 28 septembre reflète et accélère aussi une transformation de l’échiquier régional.
Avant le 14 juillet 2015 et l’accord de Genève sur le programme nucléaire iranien, la République Islamique d’Iran était crainte mais marginalisée. Suspectée de se doter de l’arme atomique en violation du Traité de Non- Prolifération, soupçonnée de relancer la course aux armements dans le Golfe et accusée de préparer la fin d’Israël, elle était rangée parmi les menaces à la sécurité du monde.

Animant un réseau chiite comprenant le Hezbollah au Liban, les houthis au Yémen, des milices en Irak, elle était considérée par les monarchies sunnites du Golfe et de la péninsule arabique comme la menace militaire principale au Moyen-Orient.

Jean Louis Kagahe


 

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