https://www.traditionrolex.com/25 Crise Burundaise : qui sauvera le pays ?

Crise Burundaise : qui sauvera le pays ?

Par 2016-02-08 12:49:28

[caption id="attachment_2540" align="aligncenter" width="757"]Un jeune en menottes arrêté par la police à Bujumbura (Photo SOS médias Burundi) Un jeune en menottes arrêté par la police à Bujumbura (Photo SOS médias Burundi)[/caption]


 

La décente aux enfers du Burundi continue. Des gens sont tués, des femmes violées sans parler d’autres violations flagrantes des droits humains qui sont rapportées quotidiennement, principalement dans la ville de Bujumbura. La plupart des personnes tuées étaient des jeunes qui habitaient dans les quartiers les plus contestataires du 3e mandat illégal et anticonstitutionnel de Pierre Nkurunziza qui sont Musaga, Nyakabiga, Jabe, Ngagara, Cibitoke et Mutakura.

La plupart des habitants du Burundi ne savent plus à quel saint se vouer. Ils se demandent maintenant qui et comment sauver le Burundi et son peuple ? Ce désespoir est dû au fait qu’ il ne se passe plus un jour ou une nuit sans entendre des crépitements d’armes parfois lourdes, sans apprendre de tristes nouvelles. Des personnes assassinées, torturées, emprisonnées, arrêtées puis portées disparues dans le pays et spécialement dans les quartiers ci-haut cités.

Des corps sans vie sont découverts dans des rues, dans des caniveaux ou sont jetés dans des rivières alors que ces personnes avaient été arrêtées par des corps de défense et de sécurité. A vrai dire, la population vit dans la peur, dans l’incertitude et dans la hantise de la mort. Les personnes éprouvées semblent n’avoir plus le droit d’enterrer et de faire le deuil des leurs, lorsqu’ils ont eu bien sûr ”la chance” d’avoir les cadavres.

Un des cas malheureux qui s’est produit l’année dernière est celui des gens qui se sont vu tirés dessus par la police. Ils venaient du cimetière de Mpanda pour inhumer un parent pour les uns et un voisin, un ami et une connaissance pour les autres.

La police a avancé, sans pouvoir le démontrer, qu’il y avait parmi ces gens ceux qui détenaient des armes. Mais d’après les témoignages des rescapés, ils ont été victimes d’habiter Cibitoke, un des quartiers qui se sont farouchement opposés au 3e mandat illégal et anticonstitutionnel de Pierre Nkurunziza.

Ils affirment que le défunt qu’ils venaient d’inhumer, assassiné par la police, était un paisible citoyen. Selon les dires de la police, c’était un Rwandais qui détenait des armes illégalement et qui collaboraient avec les insurgés qui tirent sur la police.

Un autre phénomène qui est devenu fréquent concerne le monnayage des personnes détenues aux cachots de la police ou du SNR (Service national des renseignements). Des agents de ces corps exigent des sommes parfois exorbitantes aux familles des personnes emprisonnées en échange de leur libération. On leur donne des délais à respecter faute de quoi ils ne les verront plus.

Effectivement d’après certains membres des familles victimes, il arrive qu’après avoir donné la somme demandée, les détenus sont relâchés mais souvent après avoir subi des tortures atroces.

Mais il arrive aussi que la grosse somme d’argent exigée soit donnée et que le détenu ne soit pas remis à sa famille.

Un cas triste (parmi beaucoup d’autres) est arrivé dernièrement à une famille résidant en zone Kanyosha (municipalité de Bujumbura) qui a donné 3 millions de Fbu lui exigé par certains agents du SNR, pour apprendre quelques jours après que leur fils était déjà tué et le cadavre jeté dans la rivière Ruvubu.

Il en a été aussi de même pour la famille de la comptable de la ligue burundaise des droits de l’homme ITEKA qui a donné 3 millions de Fbu mais la pauvre dame arrêtée par la police reste toujours introuvable.

Fosses communes découverts

Des personnes sont tuées et enterrées dans des endroits inconnus et à l’insu des leurs. Cela est d’autant plus vrai que le rapport d’Amnesty International rendu public dernièrement, a révélé avec des images satellites édifiantes, des vidéos et des témoignages à l’appui, le massacre de plusieurs dizaines de personnes. Ils étaient principalement des jeunes gens de Musaga, Nyakabiga et Ngagara. Ils ont été tués par les forces de sécurité du Burundi et enterrés dans des fosses communes après l’attaque de certains camps militaires les 11 et 12 décembre 2015.

Ce rapport fait état de 5 charniers dans la région de Buringa, en périphérie de la ville de Bujumbura, où la terre est retournée dans des sites aménagés pour cette fin. Des témoins auraient raconté aux chercheurs d’Amnesty International que ces fosses ont été creusées dans l’après midi du 11 décembre 2015.

Ces mêmes chercheurs, qui se trouvaient sur place à Bujumbura au moment des homicides, lit-on dans le rapport, se sont rendus le lendemain de l’attaque à Nyakabiga, l’un des quartiers les plus touchés, et les habitants leur ont affirmé que des cadavres jonchaient les rues, les maisons et les caniveaux de drainage. Ces chercheurs auraient même vu de grandes mares de sang à l’endroit où certaines victimes avaient été tuées mais des corps avaient été enlevés.

Des témoins auraient déclaré que la police et des agents locaux ont ratissé Nyakabiga et d’autres quartiers pour récupérer les corps des victimes et les emmener dans des lieux tenus secret.

Amnesty International évoque ici le témoignage de la mère, habitant à Musaga, d’un adolescent de 15 ans tué d’une balle dans la tête alors qu’il s’enfuyait en courant pour se mettre à l’abri.

Elle a indiqué que des employés de la mairie étaient venus récupérer la dépouille de son fils en pick-up. Ces hommes, a-t-elle ajouté, ont refusé de me dire où ils emmenaient le corps. ”Je ne sais ni où il se trouve ni s’il a été enterré”, a-t-elle déclaré.

Outre le site de Buringa, le rapport d’Amnesty parle d’autres fosses communes où seraient enterrés les victimes du 11 et 12 décembre derniers et qui se trouveraient en divers endroits notamment dans les cimetières de Mpanda et Kanyosha.

Des sources locales ont déclaré aux chercheurs d’Amnesty International que 25 corps ont été enterrés dans 5 fosses communes sur le site de Mpanda et 28 autres sur le site de Kanyosha. D’autres cadavres pourraient se trouver dans d’autres lieux non encore découverts.

Eu égard à cette situation très précaire, ajoutée à une économie à plat qui ne fait qu’enfoncer la population burundaise dans une misère innommable, les uns espéraient leur survie dans la venue de la MAPROBU (Mission africaine de prévention et de protection au Burundi), et dans le dialogue inclusif qui est toujours problématique.

D’autres placent leur confiance en des mouvements rebelles armés dont RED-TABARA, FOREBU et FNL de Nzabampema qui, croient-ils, pourront s’unir et venir changer les choses de gré ou de force.

Cependant, la meilleure réponse au conflit burundais proviendra du dialogue entre tous les Burundais et de la détermination de tout un chacun à sortir le pays de l’enfer.

Tesire Mudahemuka


 

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