[caption id="attachment_2562" align="aligncenter" width="822"] Le Directeur à la FSP, M. Donatien Mungwarareba (Photo S. Byuma)[/caption]

 

Le Rwanda reste et demeure dans la course économique pour concrétiser son pari de devenir le Singapour de l’Afrique. Une des voies entreprises est de répondre fermement au déficit budgétaire qui est dû au déséquilibre entre l’exportation et l’importation. Le Rwanda a entamé la guerre de la citoyenneté qui consistera à consommer les biens locaux et à minimiser les importations des produits qui seraient fabriqués ou produits au Rwanda. Certes, des affaires et dignité !

La Fédération du Secteur Privé (FSP) organise du 25 février au 02 mars 2016 la toute première exposition des produits locaux nommée "Expo-Made in Rwanda" qui consistera à exhiber les produits locaux agro-alimentaires, ceux qui rentrent dans la fourniture de bureaux et ménages, les produits de construction, ceux de l’industrie textile et d’hygiène et de salubrité.

L’objectif poursuivi est de faire comprendre aux citoyens rwandais que le pays est doté de produits qui seraient consommés localement sans prétendre passer à l’importation des mêmes produits.
Selon le Directeur en charge du Plaidoyer et Communication au sein de FSP, M. Donatien Mungwarareba, l’Expo-Made in Rwanda est à sa première édition. Elle vise à sensibiliser les Rwandais à consommer les produits locaux avec l’objectif de réduire les importations inutiles.

Il donne l’exemple des meubles qui seraient fabriqués au Rwanda au lieu de les importer en Chine et ailleurs. "C’est vrai que le Rwanda est membre de l’Organisation Mondiale du Commerce. Il ne veut pas interdire l’afflux des produits étrangers, mais il veut promouvoir la consommation des produits locaux pour son développement rapide dans tous les secteurs de développement", a expliqué Mungwarareba.
Ce dernier affirme que dans cette Expo-Made in Rwanda, 285 compagnies et individus ont été invités pour prendre place à cette exposition des produits locaux. A deux semaines avant la tenue de cette exposition, 116 compagnies avaient déjà confirmé leur participation.

Plus question d’importation des produits dans certaines filières

Certaines filières économiques au Rwanda seront développées au niveau professionnel et compétitif pour limiter ou supprimer à la rigueur les importations. Le Directeur de Communication, Donatien Mungwarareba, les a énumérés.

Il s’agit des produits qui rentrent dans la fourniture des bureaux et ménages que les Rwandais (menuisiers) peuvent fabriquer facilement. Dans les jours venir, aucune institution ne fera l’importation des bureaux à l’étranger. Les matériaux de construction sont aussi disponibles dans le pays, d’où plus question d’importer du ciment, des fers à béton, des peaux, car le Rwanda est doté des usines qui fabriquent ces matériaux de constructions et des peaux pour la tannerie.

Le secteur agro-alimentaire est aussi développé au Rwanda. Les Rwandais devront consommer les produits de leurs champs avant de penser aux produits étrangers. De même, le Rwanda est engagé à développer le secteur textile qui permettra aux Rwandais de ne porter que des habits fabriqués au Rwanda.

M. Donatien Mungwarareba a donné l’exemple des pays de l’Afrique de l’Ouest comme le Mali, la Côte d’Ivoire et autres qui ont développé la culture des boubous très chics et beaux à porter. Ces boubous sont bel et bien fabriqués dans leurs pays.

En RSA, on y voit des quartiers dont les habitants portent les mêmes habits, car ils les achètent dans leurs propres usines. "N’est-ce pas de la dignité de porter des habits de son pays, différemment de ce que les colons nous ont enseigné ?", s’interroge Mungwarareba qui dit que le plus grand problème pour les Rwandais, c’est le changement des mentalités. "Certaines personnes pensent que les habits de seconde main ont plus de qualité que les habits issus des usines", critique-t-il.

Une autre filière qui ne doit pas connaître l’envahissement des produits importés est celle des produits d’hygiène et de la salubrité. Le directeur Mungwarareba ne comprend pas comment des milliers des papiers hygiéniques doivent venir de la RSA alors que le Rwanda dispose des unités de fabrication de ces mêmes papiers hygiéniques. "Quel paradoxe ?", s’acharne-t-il.

Solutions régionales

Le changement des mentalités n’est pas une exclusivité du Rwanda, mais de tous les Etats de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC). Le Rwanda n’a pas de coton par exemple (matière première pour la fabrication d’habits), mais le Kenya et l’Ouganda en produisent suffisamment. La première solution vient d’abord des Etats de l’EAC qui ont sensibilisé leurs populations à renoncer aux habits de seconde main en développant le secteur industriel textile.

En deuxième lieu, le Rwanda veut aussi monter des unités textiles, car la matière première est permanente dans ces pays d’EAC dont la fiscalité est nulle. "Le coton de l’Ouganda et du Kenya sera vu comme celui qui était produit localement au Rwanda ", montrent les experts techniciens de l’EAC.

La tannerie sera aussi développée dans ces pays qui ont beaucoup d’animaux dont les peaux produisent divers articles. "Je peux vous jurer que la quasi-totalité d’hommes au Rwanda porte une ceinture venue d’un pays étranger, alors qu’au Rwanda nous en avons en quantité", montre Mungwarareba.

Le Ministre du Commerce et de l’Industrie, M. François Kanimba, a dernièrement annoncé la formation des couturiers et des artistes (tanneurs) à un niveau plus élevé en vue de leur permettre de produire en quantité et en qualité des habits et des peaux pour vêtir les Rwandais. "Il n’est pas digne à un Rwandais de porter un habit de seconde ", a martelé Kanimba qui veut que le Rwanda soit un pays émergent dont les citoyens sont dignes de consommer les produits locaux au détriment de leur développement rapide. A travers sa vison 2020, le Rwanda a les ambition d’être le Singapour de l’Afrique.

Safari Byuma