https://www.traditionrolex.com/25 EDPRS II : Gouvernance redevable (2)

EDPRS II : Gouvernance redevable (2)

Par 2016-02-17 09:14:26

[caption id="attachment_2592" align="aligncenter" width="782"]Après l'Umuganda, la population échange avec ses représentants sur les instructions du moment (Photo archives) Après l’Umuganda, la population échange avec ses représentants sur les instructions du moment (Photo archives)[/caption]


 

L’objectif de cette thématique est d’améliorer la qualité de service et de s’assurer que le niveau de satisfaction de la population est supérieur à 80%.
Elle vise également à augmenter la participation citoyenne en vue de s’assurer de l’appropriation de la population de toutes les réalisations en sa faveur pour leur durabilité. La première partie de cette thématique se focalise sur les problèmes démographiques et la gouvernance redevable.

Rwanda : une gouvernance basée sur la redevabilité
La gouvernance du Rwanda post-génocide a progressivement évolué vers la bonne gouvernance donnant une place de choix au citoyen et en le plaçant au centre du processus décisionnel pour mieux réaliser les objectifs inscrits à l’agenda du programme national de lutte contre la pauvreté et de la Vision 2020.

Contrairement aux régimes précédents, ce n‘est plus le guide qui dirige seul mais la communauté qui dirige à travers ses représentants.

Les citoyens, membres de cette communauté, sont les seuls habilités à se choisir leurs représentants, et s’il leur arrivait de mal gérer les affaires publiques, ce sont les mêmes citoyens qui détiennent le pouvoir de les démettre.
La redevabilité (accountability) est, quant à elle, une obligation des institutions qui doivent rendre compte aux citoyens sur la gestion de la chose publique.
Se confiant au journal Jeune Afrique, le Professeur Shyaka Anastase, Directeur Général de l’Office Rwandais de Bonne Gouvernance, RGB, fait l’éloge du système rwandais.
”Il s’agit d’un système qui assure le développement, la lutte contre la corruption et la redevabilité des gouvernants ne peut pas, dans le même temps, être mauvais en termes de gouvernance. Notre système est peut-être unique, différent, mais pas antidémocratique”.
La bonne gouvernance matérialisée par la politique nationale de décentralisation

Même si la bonne gouvernance n‘est pas synonyme de démocratie, les deux concepts sont cependant intimement liés et soulignent l‘importance de la place du citoyen dans l‘élaboration des règles devant régir la société et dans le processus de prise de décision. Ces deux concepts convergent et tendent à mettre le citoyen à l’avant-garde dans l‘exercice du pouvoir et dans le processus décisionnel.

”Les éléments principaux de la bonne gouvernance qui sont notamment l’obligation de rendre compte, la culture de transparence, l‘efficience et l’efficacité ainsi que la primauté du droit, tous contribuent à renforcer la participation du citoyen à la gestion des affaires publiques”, souligne le site www.interpeace.org qui reprend une étude de l’Institut Rwandais pour le Développement et la Paix sur la Bonne Gouvernance au Rwanda (IRDP).

Ainsi donc, la notion de participation citoyenne est intimement liée à celle de la bonne gouvernance.
Avant le génocide de 1994, la culture politique était fortement centralisée et les dirigeants étaient peu redevables envers les citoyens et ceux-ci peu impliqués dans le développement.

Depuis 2000, les décideurs politiques du Gouvernement rwandais ont adopté la décentralisation comme système de gouvernance afin de matérialiser la bonne gouvernance et la participation citoyenne.

Ce mécanisme a été aussi mis en place pour réaliser deux buts principaux dont la réduction de la pauvreté et la bonne gouvernance.

En parallèle et pour compléter la Politique de décentralisation, le gouvernement a adopté une Politique nationale de développement communautaire visant à créer un cadre global et une stratégie pour une base forte du développement durable. Cette stratégie cherche à mobiliser et à responsabiliser les citoyens au niveau local.

Outre la participation des citoyens dans le choix de leurs représentants, bien des programmes et d’initiatives de développement communautaire sont soumis à leur appréciation.
On peut citer à titre d’exemple, la Vision Umurenge Programme et l’Ubudehe, les deux étant une matérialisation du programme national de lutte contre la pauvreté défini dans l’EDPRS II.
L’initiative ”Girinka munyarwanda” lancée par le Président de la République, Paul Kagame, est aussi entre les mains des citoyens car, ce sont eux-mêmes qui choisissent les personnes nécessiteuses en cas d’octroi des vaches.
La redevabilité débute avec la planification et se poursuit jusqu’à l’évaluation

Le processus décisionnel auquel participe les citoyens débute avec la planification et se poursuit dans l’exécution et l’évaluation des activités des institutions.

La population participe effectivement à l’élaboration des priorités de développement à travers les réunions au niveau le plus bas du village (umudugudu) et des cellules. C’est à ce niveau que commence l’élaboration des contrats de performance (imihigo).

Cependant, la poursuite de la participation citoyenne dans l’exécution des activités se complique par endroits, et leur participation à l’évaluation même à mi-parcours s’avère inexistante. La cause à cette situation est soit leur faiblesse, soit la moindre importance qu’ils y accordent et qui les pousse à tout abandonner aux mains de leurs représentants.

Jacques Rutayisire qui est le Coordinateur de l’Umudugudu de Rugazi dans le District de Kamonyi le justifie comme suit ”les citoyens sont réellement consultés pour définir les priorités à exécuter dans leurs localités, mais pendant l’exécution, ils ne se soucient toujours pas de demander des comptes et cela cause problème quand leurs représentants vont rendre compte de l’exécution des contrats de performance et que leur classement n’est pas bon”.

Néanmoins, Jean Claude Munyanziza, lui apprécie les journées ”Porte ouverte” auxquelles participe la population et qui selon lui ”permettent aux institutions de présenter les réalisations pour une période donnée, et offre l’opportunité d’exprimer leur appréciation et d’exposer leurs priorités pour la période suivante”.

Il a été constaté en 2015 que les populations des districts qui ont eu un mauvais classement lors de la restitution des réalisations des contrats de performance 2015 ont demandé des justifications à leurs Maires et se sont décidés de faire mieux en 2016. Tandis que ceux qui ont été bien classés ont fait la fête et ont juré à leur tour de ne jamais connaitre de recul.

Dans le même ordre d‘idées, le niveau de district se trouve coincé dans un conflit de loyauté vis-à-vis de la population d‘une part et du gouvernement central d‘autre part.

Toutefois, la redevabilité vis-à-vis du niveau central semble peser sur la balance par rapport à celle de la population.

Il existe ainsi un effet pervers qui consiste à donner la priorité aux exigences du gouvernement qui ne rencontrent pas toujours celles définies par la population au niveau de la base.

Les initiatives comme ”journée porte ouverte” et ”l‘accountability day” pourraient être renforcées et utilisées comme cadre d’évaluation susceptible d’accroître le niveau de participation du citoyen.

Jean Louis Kagahe


 

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