[caption id="attachment_2686" align="aligncenter" width="770"] La CIMERWA est tenue à étudier son environnement économique pour être compétitive sur le marché (Photo Archives)[/caption]

 

Les Sénateurs issus de la Commission de Développement Economique et des Finances s’attaquent avec fermeté à la faiblesse commerciale des produits de la Cimenterie du Rwanda. Ils évoquent trois grands défis qui freinent cette firme devant la forte concurrence des usines est-africaines qui produisent du ciment aux prix imbattables. Entre autres défis, ils pointent du doigt la faiblesse dans le marketing et la corruption dans la fourniture.

C’est à l’occasion des assises à Kigali de la première édition de l’Expo-vente nommée : "Made in Rwanda" que les Sénateurs de la Commission de Développement Economique et des Finances ont visité plusieurs stands des Rwandais qui produisent rien que des produits typiquement Rwanda. Différentes entreprises et usines ont pris part à cette expo dont la CIMERWA qui fabrique du ciment, du coup, plus cher que celui qui vient des pays de l’EAC comme HIMA de l’Ouganda et SIMBA de la Tanzanie.

Devant le stand de la CIMERWA, les Sénateurs ont questionné le chargé du marketing M. Léonce Ngabo sur son usine qui ne parvient pas à vendre considérablement toute sa production au prix moins cher et en quantité par rapport au ciment venu de l’Ouganda, de la Tanzanie et d’ailleurs sur le marché rwandais.

Le Sénateur Chrysologue Karangwa n’a pas hésité à critiquer l’état de lieu de la CIMERWA actuel malgré les petites réponses spontanées de Léonce Ngabo. Le Sénateur Karangwa a d’abord fait remarquer que le prix du ciment de la CIMERWA est plus haut que celui importé, ce qu’il est inacceptable et incompréhensible, malgré sa meilleure qualité.

Le Sénateur a déclaré qu’il a mené une enquête sur 20 quincailleries dans la ville de Kigali. Tous les vendeurs lui ont signifié que le ciment de la CIMERWA reste introuvable au marché. "L’Etat rwandais a investi dans la CIMERWA, elle doit alors réaliser des profits", a rétorqué le Sénateur Evariste Bizimana qui a montré que le service de marketing de cette usine n’est pas à la hauteur de ses attributions.

"Etudiez comment baisser les prix de la production, même une différence de 100 FRW peut intéresser les clients rwandais", ont dit en credo, les Sénateurs.

Bannir les anciennes pratiques

Les Sénateurs ont affirmé, noir sur blanc, que la CIMERWA a été depuis longtemps l’apanage de certains commerçants qui ont gardé le monopole dans la vente du ciment et par conséquent, la corruption est née dans ce climat commercial inacceptable.

"La corruption a été longtemps identifiée au sein de la CIMERWA, je l’affirme, dans le temps, il n’était pas facile d’acheter du ciment sans passer par une voie informelle", a critiqué Chrysologue Karangwa qui informe le chargé de marketing Léonce Ngabo qu’une délégation sénatoriale devra se rendre à Rusizi, au siège de la CIMERWA pour discuter avec les responsables de l’usine de sa performance commerciale.

Les Sénateurs n’ont pas digéré comment les ciments de la CIMERWA ont différents prix dans différents lieux. Selon le Sénateur Bizimana Evariste, la CIMERWA devrait adopter les stratégies commerciales de la BRALIRWA (usine de bière et limonade) qui consiste à avoir le même prix des produits aux lieux différents et éloignés.

"Il y a deux assertions qui justifieraient la faiblesse commerciale de la CIMERWA. Soit elle veut de gros profits, soit elle a fait une mauvaise étude de vente", ont supposé les Sénateurs les causes de la hausse des prix du ciment.

En termes de répliques aux critiques des Sénateurs, le Chargé de Marketing de la CIMERWA, Léonce Ngabo a expliqué qu’une partie de matière première est importée raison pour laquelle le ciment est plus cher que celui importé. Il s’agit de gypsum qui retarde le séchage du ciment, de heavy fuel (carburant) qui sert à brûler les pierres et de pozzoelana qui est un composant du ciment très essentiel pour la meilleure qualité du ciment. M. Ngabo a en outre, évoqué les contraintes de transport et de l’électricité qui restent les principaux défis au secteur industriel du Rwanda.

La CIMERWA a deux produits au marché : les ciments 42,5 et 32,5. Le premier revient à 8950 FRW (12$) à l’usine et le second coûte 7750 FRW (10,5$). Ces prix sont supérieurs aux ciments importés depuis l’Ouganda et la Tanzanie.

La CIMERWA a la capacité de produire 600 000 tonnes par an, alors que la demande ne dépasse pas 450 000 tonnes par an. Le chargé de Marketing Léonce Ngabo a pris bonne note de toutes les observations faites par la Commission sénatoriale pour le Développement Economique et des Finances. Il a déclaré qu’il en fera un rapport qui sera soumis à ses supérieurs dans le but de relancer la CIMERWA sur le plan économique.

Safari Byuma