https://www.traditionrolex.com/25 Burundi : Darius Ikurakure assassiné, un crime d’Etat

Burundi : Darius Ikurakure assassiné, un crime d’Etat

Par 2016-03-28 08:45:53

Le Président Pierre Nkurunziza serait sur le point de négocier son départ (Photo archives)


 

L’assassinat du Lieutenant colonel Darius Ikurakure, commandant du bataillon de génie de combat en pleine journée dans les enceintes de l’Etat major général de l’armée serait un crime d’Etat. D’aucuns se demandent encore comment cela a pu se produire en ce jour du 22 mars 2016. Grave encore, comment l’assassin a pu s’échapper aisément et disparaitre sans être attrapé alors que la victime avait une garde impressionnante en nombre et en armement.

Pour l’instant, même si les mobiles de l’assassinat de ce bras droit de Pierre Nkurunziza ne sont pas encore bien connus, des analystes indépendants développent une hypothèse du crime d’Etat.
Selon Thierry Ndayishimiye qui cite une source fiable proche des hautes sphères du pouvoir CNDD-FDD, Pierre Nkurunziza serait sur le point de négocier sa sortie du palais présidentiel.

Il serait déjà disposé de livrer certains de ses proches collaborateurs principalement ceux qui ont brillé dans la répression aveugle des adversaires de son troisième mandat illégal et illégitime, à l’image du défunt Lieutenant colonel Darius Ikurakure.

Ce faisant, Nkurunziza espère avoir l’immunité juridico-provisoire qui lui permettrait de quitter la présidence en toute quiétude. Les piliers de la machine répressive dont faisait partie Ikurakure s’opposeraient à l’entrée en négociation de Nkurunziza avec l’opposition et la société civile parce qu’ils estiment que c’est une trahison contre eux compte tenu de tous les exactions qu’ils ont commises contre les innocents pour défendre son troisième mandat illégal et illégitime.

D’autres analystes parlent d’un signal fort

Pour les anti-troisième mandat comme Léonidas Hatungimana, ex porte-parole de Nkurunziza, l’assassinat de Darius Ikurakure est un signal très fort pour ceux qui s’associent encore à Nkurunziza pour la défense de ce maudit mandat car ils peuvent se faire assassiner à tout moment et en un temps record.

Pour M. Vital Nshimirimana de la socitété civile, c’est dommage que Darius Ikurakure soit tué avant qu’il ne réponde à la justice internationale aux crimes ignobles qu’il a endurés au peuple burundais notamment les jeunes des quartiers contestataires du 3e mandat.

Il laisse convaincre que l’assassinat de Darius Ikurakure est une preuve que Pierre Nkurunziza veut se débarrasser de ses collaborateurs qui pourraient le dénoncer le moment venu.

Il est à signaler que Darius Ikurakure était aussi une proie idéale pour les adversaires du 3e mandat. Il a beaucoup endeuillé surtout les quartiers de Mutakura et Cibitoke dont les habitants ont semblé poussé un ouf de soulagement lorsqu’ils ont appris sa mort.

La répression s’en est suivie

Mais, comme on l’a appris dans des nuits qui ont suivi cet assassinat, suite justement aux manifestations de ce soulagement, des habitants des quartiers contestataires du 3e mandat majoritairement des Tutsi comme Musaga, Nyakabiga, Jabe et Mutakura, ont subi des intimidations, des arrestations, des enlèvements et même des menaces de mort de la part de certains agents de la police et de l’armée en collaboration avec des Imbonerakure, milice du parti présidentiel CNDD-FDD.

Il est à déplorer que le même jour de l’assassinat de Darius Ikurakure pendant la soirée, un officier de l’armée, Major Didier Muhimpundu a été tué à bout portant par des personnes non encore identifiées mais qui étaient en uniformes militaire et policière.

L’un d’eux l’aurait appelé sur son téléphone portable quand il prenait un verre avec des amis au bar appelé Hibiscus. Il est sorti en répondant et quelques minutes après ils ont tiré sur lui. On ignore encore les mobiles et les auteurs de cet assassinat.

On apprendra également que des coups de feu ont été entendus, dans la même soirée, dans le quartier de Carama (municipalité de Bujumbura) à la suite desquels une personne a été grièvement blessée aux jambes tandis qu’un policier a été enlevé.

Des sources fiables parlent aussi de certains militaires Tutsi, ex FAB (Forces armées burundaises) qui ont été arrêtés et d’autres portés disparus après l’assassinat de Darius Ikurakure.

Quid de la sécurité

Après l’assassinat du Lieutenant-colonel Darius Ikurakure dans les circonstances ci-haut décrites et celui du major Didier Muhimpundu, des analystes pensent que la question de sécurité se pose avec acuité au Burundi, particulièrement dans la capitale Bujumbura.

La grande question qui reste posée, selon l’analyste Gratien Rukindikiza, est la suivante : si un officier du rang de Darius peut se faire tuer aussi aisément à base de 3 coups d’un pistolet tirés par une personne en tenue de la FDN (Force de défense nationale) sûrement qui était tout prêt de lui dans les enceintes d’une structure comme l’Etat Major Général de l’armée et que l’assassin parvient à s’échapper, qui peut réellement prétendre être protégé au Burundi ?

Où peut-on être en sécurité au pays de Nkurunziza ? Pour lui, l’assassinat de Darius ikurakure détruit en un déclic l’argument actuellement vanté d’une maîtrise de la sécurité par le pouvoir Nkurunziza. En réalité, dit Rukindikiza, tout le monde, pro et anti 3e mandat est en danger au Burundi.

Cependant, tout observateur avisé redoutait la réaction, d’expérience violente, des pro-Nkurunziza après l’assassinat du commandant du camp Muzinda. On se demandait qui allait être la prochaine cible pour venger la mort du Lieutenant- Colonel Darius Ikurakure.

Tesire Mudahemuka


 

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