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RDC-Kivu : une guerre sans nom

Par 2016-04-11 07:43:40

[caption id="attachment_2918" align="aligncenter" width="750"]Certains des miliciens de Raïa Mutomboki connus pour leur zèle contre les FDLR à Shabunda (Photo archives) Certains des miliciens de Raïa Mutomboki connus pour leur zèle contre les FDLR à Shabunda (Photo archives)[/caption]


 

Entre 1996 et 2003, plus de 40 mille femmes ont été violées en RDC de suite de la guerre. Tout de suite, les bourreaux ont commencé à violer les femmes en présence des membres de la famille. Les victimes sont rejetées par leurs familles et meurent dans l’isolement. Certaines victimes ont repris des forces et réintégré la société. Et les groupes armes n’en finissent pas.

Lorsque le fils d’un chef de guerre à la retraite remet une liste à Justine Brabant, une journaliste belge, venue dans l’est de la RDC avec l’objectif d’écrire un livre, sur la feuille griffonnée, on peut lire une dizaine de noms de leaders de groupes armés. ″En arrivant pour la première fois dans le Kivu on ne voit pas la guerre. On la cherche au détour d’un sentier, d’une ruelle, d’un marché. La guerre ne saute pas à la figure : on apprend à voir ses traces″, déclare Justine Brabant.

Selon le rapport du Réseau des femmes pour le développement et la paix (RFDP), plus de 40 mille femmes ont été violées en RDC entre 1996 et 2003. Comme la femme est une force de production dans l’agriculture et le petit commerce, le violeur attaque la société en frappant la femme.

Dans la société congolaise, la femme est une force de production dans l’agriculture et le petit commerce, le violeur attaque la société en frappant la femme.

Aujourd’hui encore, les notables et les sources de la société civile de Kalehe signalent un mouvement des groupes armés dans ce territoire au nord de la province du Sud-Kivu. Ces sources indiquent que dix-neuf miliciens Raïa Mutomboki du groupe Ngandu ont été aperçus lundi 14 mars dernier à Idunga. Ils étaient armés des fusils AK 47. Dans la localité de Kalonge, quinze combattants d’une autre faction des Raïa Mutomboki ont été signalés, rapportent les mêmes sources. Des témoins indiquent que d’autres groupes armés se seraient installés dans trois autres localités de Kalehe : Kanyanja, Ngamba et Muzimu.

Selon le Bureau de coordination des activités humanitaires au Sud-Kivu (Ocha), Kalehe reste le territoire du Sud-Kivu où les déplacements des populations suite à l’insécurité sont plus intenses depuis juillet 2015.

Un pillage perpétré le 15 mars à Ngamba a été attribué à une dizaine d’hommes armés qui auraient volé des chèvres et des biens de valeur aux villageois de cette localité. Les autorités locale d’autres villages de la même contrée demandent à l’armée d’intervenir pour mettre fin à l’activisme des groupes armés dans le Kalehe.

Les habitants ont fui l’insécurité

Née à Shabunda (plus de 300 km à l’Ouest du Sud-Kivu), la milice des Raïa Mutomboki est largement connue pour ses prouesses dans la traque des FDLR. Selon Radio Okapi, ils avaient incendié une centaine de maisons au Sud-Kivu dans leur colère contre les exactions des FDLR et des FARDC à Bunyakiri en territoire de Kalehe.

Plus de trois mille ménages habitant Kalehe ont quitté ce territoire depuis juillet 2015 à cause des affrontements entre des groupes armés et les FARDC, a indiqué dimanche 27 mars le chef du sous-bureau d’Ocha au Sud-Kivu, Silk Emmanuelo Skweng.
 
Une guerre à hauteur d’homme

Partir sur les traces des groupes armés en RDC, c’est ″se placer à hauteur d’homme″, justifie J. Brabant, trois ans après avoir parcouru et arpenté les sentiers de la région de cette insécurité pour tenter de comprendre les ressorts des engagements des protagonistes dans la violence.

Elle a décidé d’écrire un livre de cette guerre. Et c’est souvent à pied que l’auteur part à la rencontre de ceux qui ont pris le maquis. Naturellement, le lecteur lui emboîte le pas, les pieds au sec, loin de la boue avec laquelle il faut souvent composer dans cette épaisse forêt équatoriale humide.

L’ancien président de Médecins sans frontières, M. Rony Brauman qui préface le livre, revient sur les origines de cette guerre qualifiée de plus grand massacre depuis la Seconde guerre mondiale. Ou plutôt de ces guerres, car si le plus grand pays d’Afrique subsaharienne n’a pas connu la paix depuis une vingtaine d’années, il s’agit plutôt d’épisodes conflictuels successifs. Pour ses racines, il faut aller les chercher dans l’après-génocide rwandais, en 1994.

Si cette guerre est si mal connue, c’est peut-être parce qu’elle ne se fait pas à coups d’affrontements rangés et de bombardements. Et que son front, rapporte Justine Brabant, ressemble à cela : ″Au détour d’un village, un carré de terre noire de bois calciné et grise de cendre. Entre les ruines, la vie continue.″ Des massacres, des pillages, des populations déplacées, ... voilà les phénomènes de cette guerre.

Mais qui sont ceux qui combattent ? Quelles sont leurs motivations ? ″La trame vue d’Europe était pourtant simple : une histoire de civils livrés à la brutalité de miliciens de toute sorte. Mais sitôt au Congo, l’histoire se complique : les chefs insurgés affables, courtois, narrent la chronique de leur long combat contre la barbarie″, souligne l’auteur. Car, plus l’on s’enfonce dans la forêt, plus la réalité se fait complexe. Les étiquettes que les médias sont parfois tentés d’accoler pour rendre audible un conflit aux logiques paradoxales résistent mal au terrain.

Claude Durand


 

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