https://www.traditionrolex.com/25 Le négationnisme, une constante française

Le négationnisme, une constante française

Par 2016-04-18 09:46:10

[caption id="attachment_2940" align="aligncenter" width="733"]L'armée française voulait barrer le chemin au FPR mais ce dernier fut vainqueur (Photo archives) L’armée française voulait barrer le chemin au FPR mais ce dernier fut vainqueur (Photo archives)[/caption]


Suite et fin

L’utilisation d’ethnisme comme Alpha et Oméga de toute analyse politico- sociale Africaine
L’une des personnalités les plus officiellement encensées dans l’histoire coloniale, Joseph Gallieni, formulait jadis ce principe :”S’il y a des mœurs et des coutumes à respecter, il y a aussi des haines et des rivalités qu’il faut démêler et utiliser à notre profit, en les opposant les unes aux autres, en nous appuyant sur les unes pour mieux vaincre les autres […]”.

On croyait révolu le temps où ce discours raciste à la Gobineau mettait les peuples colonisés en compétition permanente pour mieux assurer leur domination par des Empires coloniaux Européens. Quitte à donner de ces peuples dominés des définitions à l’emporte-pièce reflétant moins leur réalité historique et culturelle que les stéréotypes racistes véhiculés par l’anthropologie coloniale.

En témoigne notamment le discours néo- colonial censé d’expliquer l’intervention militaire française conduite au Cameroun, tôt en 1955, contre les maquis de l’Union des populations du Cameroun [UPC], tour à tour qualifié de ”parti Bassa”, de ”parti Bamiléké”, mais toujours défini comme une formation mono- ethnique.

C’était évidemment faux, car l’UPC affichait, au contraire, une idéologie nationaliste, unitariste et panafricaniste. Mais sa révolte ainsi que celle des peuples auxquels on prétendait l’identifier fut noyée dans le sang.

Sa lutte pour l’indépendance et l’unité, et même son agonie méritent d’être citées en exemples tant elles annonçaient, déjà, la rhétorique, plus tard, utilisée contre le FPR et les patriotes Rwandais, sauf que ceux- ci furent définitivement vainqueurs dans la lutte acharnée qui leur opposait à la dictature sanglante et à l’oppression néo- coloniale.

Au Cameroun, entre 1955 et 1970, pendant la répression néo- coloniale française, les Bamilékés, qualifiés de ”Soudanais” égarés en pays Bantou, devinrent des non- citoyens cherchant à imposer leur loi à leurs compatriotes, seuls citoyens ”authentiques”, et donc seuls à mériter tous les droits. Une façon de pervertir une véritable démocratie en substituant au concept de majorité politique celui de majorité ethnique qui, entre 1990 et 1994, au Rwanda, fit d’horribles ravages et aboutit au génocide.

Il suffisait cette fois de parler de Tutsi ”Nilotiques”, corps étranger dans un pays où tous les citoyens sont Bantouphones, s’exprimant dans une même langue vernaculaire : [le Kinyarwanda] et partageant une même culture héritée des ancêtres communs.

En fait l’approche ”ethniste” n’était là que pour donner un habillage ”moderne” au vieux discours raciste, colonialiste et néo- colonialiste figeant les identités Africaines en caricatures de faciès, qui s’avèreront particulièrement meurtrières pendant le génocide de 1994. Ce fut-là la honte pour l’Humanité tout entière, la perversion la plus abjecte de la démocratie et de la Déclaration Universelle des droits de l’homme.

Il est intolérable que des gens ou un groupe social puisse s’arroger le droit de discriminer, de maltraiter et de massacrer qui que ce soit, en raison de son faciès ou au nom du critère, d’ailleurs discutable, de la ”démocratie”, fondé exclusivement sur le majoritisme et l’intégrisme ethniques, les passions raciales et confessionnelles. Sinon le monde tournerait à l’envers, livré à la loi de la jungle, et le sang coulerait à flots, à nouveau, comme c’est le cas actuellement au Burundi, où le messianisme ethno- religieux du président Pierre Nkurunziza, conduit tout le pays à l’abîme.

Tout cela attisé, en sous- main, par une puissance Européenne, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies et, de surcroît, qui se prétend être le berceau de la ”Charte Universelle de Droits de l’homme”.

Comme écrivait Feu Frantz Fanon en décembre 1956, pour marquer un point de rupture définitive avec la France, et rejoindre les maquis du FLN, il existe, hier comme aujourd’hui, un processus de déshumanisation systématique des peuples et des groupes sociaux qui rejettent le diktat d’impérialisme français en Afrique.

Le pari est absurde de vouloir décoloniser et démocratiser [sous la tutelle néo- coloniale françaises], lorsque subsistent les contre- valeurs de non- droit, des inégalités congénitales devant la loi, de meurtres multi quotidiens, et même de perpétration de génocides, érigées en système de gouvernement. Les événements actuels extrêmement sanglants au Burundi procèdent, aussi, de l’intention génocidaire du gouvernement néo- colonial français et de ses services secrets.

En dernière analyse, le drame du Burundi constitue un continuum du génocide contre les Tutsi, parce que si tous les opposants à la dictature messianique de Pierre Nkurunziza sont effectivement, impitoyablement massacrés- parfois par familles entières- les Tutsi sont ciblés par prédilection, en raison de leur prétendu faciès, avec la connivence criminelle Franco- FDLR. C’est le cas notamment dans les quartiers de Bujumbura dits ”contestataires” transformés en ghetto, continuellement vidés de leurs habitants, suppliciés par des miliciens Imbonerakure entraînés par les sinistres militaires et miliciens des FDLR, qui ont endeuillé le Rwanda, pendant le printemps sanglant de 1994.

Fin

Jean- Baptiste Rucibigango


 

image

3 Comments

Join the Conversation

https://www.traditionrolex.com/25 https://www.traditionrolex.com/25