[caption id="attachment_2962" align="aligncenter" width="733"] Le Général Bwange Safari Gustave (Photo archives)[/caption]

 

Les gouverneurs des provinces du Nord et du Sud-Kivu sont décidés d’en découdre avec les miliciens Gumino et Sheka dont la présence n’a que trop duré. A l’heure qu’il est, il n’est plus question d’examiner le cahier des charges des groupes armés. C’est l’option du gouvernement congolais de traquer tous ceux qui sont réfractaires au processus d’intégration ou de démobilisation.

Le 4 avril, au cours d’un meeting populaire à Bijombo (territoire d’Uvira au Sud-Kivu), à l’occasion d’une mission d’inspection des troupes, le général Bwange Safari, commandant du secteur opérationnel Sokola II a demandé aux miliciens du groupe Gumino de déposer les armes.

Il a fait cet appel après que ces miliciens se soient affrontés avec d’autres groupes armés Maï-Maï avant de prendre le contrôle de certaines localités, récupérées à ce jour par les FARDC.

Le général Bwange a par ailleurs appelé les déplacés à regagner leurs villages, désormais contrôlés par les FARDC. Il a aussi appelé à la reprise de toutes les activités, notamment dans les marchés, les écoles et travaux des champs suspendus momentanément suite à l’insécurité produite par ces affrontements.

Selon le chef de poste d’encadrement administratif de Minembwe, Gadi Mukiza, les notables venus d’Itombwe, Tulambo, Kamombo, Rugezi et Lulenge, dans les hauts plateaux d’Uvira et de Fizi s’étaient réunis à Minembwe, la semaine du 28 mars au 2 avril, pour réfléchir sur les actions à mener pour décourager le groupe Gumino à recourir à la force contre l’armée régulière.

G.Mukiza révèle que des démarches sont en cours pour rencontrer ce groupe, dont l’activisme à Bijombo a paralysé toutes les activités entre la vallée d’Uvira et les hauts plateaux.

L’armée congolaise reconnait avoir eu des pertes ces derniers jours dans des attaques contre une coalition de groupes armés, dont les rebelles hutu rwandais des FDLR. 4 morts parmi les soldats congolais contre 12 du côté des assaillants.

C’était dans le territoire de Masisi, à Mpati et ses environs où vivent quelque 30 000 déplacés. Les FARDC mettent en cause les déplacés eux-mêmes alors que le gouvernement provincial réclame la fermeture des camps.

Au cours d’un entretien qu’il a eu avec ce chef milicien à Binyampuli, à environ 70 kilomètres au Sud de Walikale-Centre, le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku Kahongya a pour sa part appelé NtaboTaberi Sheka, le chef de la milice Nduma Defense Of Congo (NDC) à déposer les armes et à adhérer au processus de paix.

Julien Paluku était à la tête d’une mission conjointe Monusco-gouvernement provincial dans cette zone. Pour le gouverneur du Nord-Kivu, l’unique option du chef milicien Sheka d’échapper à la puissance de feu des FARDC est de se rendre à eux.

Déposer les armes et adhérer au processus de paix

″A l’heure qu’il est, il n’est plus question d’examiner le cahier des charges des groupes armés. Le gouvernement a pris l’option militaire de traquer tous ceux qui sont réfractaires au processus d’intégration ou de démobilisation″, a souligné Julien Paluku.

Il invite Sheka à désarmer pour ne pas subir le sort des anciens seigneurs de guerre qui opéraient sur le sol congolais, citant notamment Bosco Ntaganda et Laurent Nkunda.

″En 2007, j’ai rencontré Laurent Nkunda à Kitchanga, en 2008 je l’ai rencontré à Bunagana, et en 2009 j’ai rencontré Bosco Ntaganda pour leur dire qu’ils devraient déposer les armes. Aujourd’hui, Laurent Nkunda est aux arrêts au Rwanda et Ntaganda est à La Haye″, a rappelé Julien Paluku. Il dit avoir donné le même message à Sheka ″pour qu’il tire des leçons à l’endroit des autres chefs des autres groupes armés″, a-t-il expliqué.

″Je pense que Sheka doit laisser au gouvernement le soin d’examiner les questions de développement de Walikale. Ce n’est pas lui qui va construire des routes, ni de centrales hydroélectriques. C’est le gouvernement qui va le faire, à la suite d’une paix retrouvée″, a ajouté Julien Paluku.

Le chef rebelle NtaboTaberi Sheka, a établi dernièrement son quartier général à Luvungi, dans le Walikale, à 3 kilomètres de Bunyampuli où se trouve installé une base de la Monusco. Sheka et ses hommes ont été délogés, il y a deux semaines, de la localité de Pinga, où ils ont commis de diverses exactions contre la population civile.

En République démocratique du Congo, c’est un week-end difficile qu’ont connu les soldats de l’armée régulière au Nord-Kivu. Les Forces armées de RDC (FARDC) ont été prises pour cible par des combattants armés des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dans le Masisi, à proximité de deux camps de réfugiés qu’elles protégeaient. Le bilan est de quatre morts dans les rangs des forces gouvernementales.

Première attaque, vendredi, contre une position de l’armée et premiers coups de feu. Les humanitaires évacuent la zone, les déplacés fuient. Il faut dire que ces camps de déplacés sont entourés par des groupes armés au point que la police s’est retirée. Cinq des sous-commissariats ont fermé dans cette portion du territoire du Masisi suite à des attaques.

Claude Durand