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Burundi : de graves violations des droits humains

Par 2016-04-25 12:37:54

Gertrude Kazoviyo de la Ligue ITEKA (Photo archives)

A l’issue d’une mission d’enquête menée au Burundi en mars dernier, la Fédération internationale des droits humains (FIDH) et la ligue burundaise des droits de l’homme (ITEKA) dénoncent les graves violations des droits humains perpétrées au Burundi en particulier par les forces de défense et de sécurité sur fond de l’idéologie ethnique et génocidaire.

Ces deux organisations rapportent que depuis avril 2015, 700 personnes ont été tuées, 4.300 détenues et plusieurs centaines de personnes disparues. Ici certaines sources évoquent un nombre de 800 personnes portées disparues.

La FIDH et ITEKA affirment que des crimes actuellement commis peuvent d’ores et déjà être qualifiés de crimes contre l’humanité et dérivés vers des actes de génocide.

En plus des chiffres ci-haut évoqués, les deux organisations disent que le bilan de la répression depuis l’annonce de la volonté de Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat illégal serait des centaines de personnes torturées, de plusieurs femmes victimes de violences sexuelles et des milliers d’arrestations sans oublier plus de 250.000 personnes qui ont déjà fui le pays.
La FIDH souligne qu’au cours de la mission, elle s’est documentée et a constaté la poursuite des assassinats ciblés et des exécutions extra- judiciaires, des arrestations et détentions arbitraires quotidiennes, de la multiplication des disparitions forcées et des lieux de détention illégaux ainsi que des actes de torture.

Elle affirme aussi avoir constaté le fort niveau de surveillance et de contrôle de la société burundaise par les organes de sécurité notamment le Service national des renseignements (SNR) et les miliciens du parti au pouvoir, les Imbonerakure.

Pour le président de la FIDH Karim Lahidji, ”La situation sur le terrain est particulièrement inquiétante. Le SNR, devenu l’organe moteur de la répression, a infiltré toutes les couches de la société et torture de façon systématique les détenus.

Des chaines de commandement parallèles ont été établies au sein des forces de sécurité pour orchestrer la répression.Une partie des milices Imbonerakure est entraînée, armée, déployée sur l’ensemble du territoire et agit en supplétif des forces de l’ordre. Les tensions au sein de l’armée sont extrêmement vives”.

Karim Lahidji en a profité pour demander à la communauté internationale de tout faire pour protéger les civils et éviter que la situation ne dégénère car, a-t-il estimé, la nature des crimes constatés lors de la mission pouvait relever de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI).

”La procureure de cette cour, Madame Fatou Bensouda, devrait décider l’ouverture d’un examen préliminaire sur la situation au Burundi qui, rappelons-le, est un Etat partie de la CPI”, devait-il alerter.

Les Tutsi particulièrement visés

Par ailleurs, les deux organisations, FIDH et ITEKA, rapportent que les éléments qu’elles ont recueillis permettent entre autres d’établir que les Tutsi apparaissent particulièrement visés par les violences et assimilés à des opposants au régime de fait de leur appartenance ethnique.

Les Tutsi, ajoutent- elles, sont davantage ciblés lors des arrestations, sont l’objet d’insultes à caractère ethnique de la part des forces de sécurité et sont systématiquement torturés au cours de leur détention.

Selon toujours les deux organisations, les membres du parti au pouvoir, CNDD-FDD, et leurs partisans se réfèrent de plus en plus ouvertement aux Tutsi comme des ”ennemis”, des ”terroristes” et à une ”insurrection génocidaire”.

C’est dans ce contexte que des jeunes Tutsi et des militaires issus des ex FAB (Forces armées burundaises dominés par des Tutsi) continuent d’être tués et persécutés surtout depuis l’assassinat le 22 mars 2016 du Lieutenant Colonel Darius Ikurakure, pilier du système répressif burundais, devaient informer les deux organisations.

Pour ces dernières, les responsables de la répression pourraient être directement incriminés pour des crimes commis directement ou sous leur autorité et devraient faire l’objet de poursuites pénales et de sanctions individuelles respectivement par les institutions internationales et les diplomaties influentes.

D’après Anschaires Nikoyagize, président de la ligue ITEKA, ”La FIDH et ITEKA sont très inquiètes du caractère ethnique que prend la répression depuis quelques mois ainsi que la rhétorique autoritaire, complotiste et de répression préventive utilisée par les autorités en place ainsi que leurs partisans, rappelant celle invoquée lors des massacres anti-hutu à caractère génocidaire des 40 dernières années. Nous appelons solennellement les autorités burundaises à sauver la paix issue des accords d’Arusha en stoppant la répression, en libérant les milliers de personnes détenues pour des raisons politiques et en participant à un dialogue honnête avec l’opposition et la société civile”.

En outre, FIDH et ITEKA ont fait constater qu’en réaction aux exactions du régime, les groupes armés tels que Red-Tabara et FOREBU ont vu leurs rangs grossir considérablement.

Ils mènent des attaques ciblés contre des représentants du CNDD-FDD, des membres des forces de l’ordre et des Imbonerakure à Bujumbura et en provinces, faisant parfois des victimes civiles.

Les deux organisations rappellent que les attaques indiscriminées contre les civils peuvent constituer des crimes de guerre dont les auteurs seront appelés à rendre compte devant la justice.

Au regard de cette préoccupante situation sécuritaire et des droits de l’homme qui prévaut dans le pays, la FIDH et la ligue ITEKA avaient exhorté les Nations Unies de s’assurer que la force de police internationale qu’elle veut envoyer au Burundi aura le mandat et les moyens nécessaires pour jouer un rôle de stabilisation, de dissuasion, de surveillance et surtout d’intervention dans le cas où des violations graves des droits humains seraient commises. Si non, cette police est inutile car sans effet.

Tesire Mudahemuka

 

 

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