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Burundi : vers un vide d’Etat

Par 2016-05-02 10:35:43

Sylvestre Ntibantunganya, prédit la faillite de l'Etat burundais (Photo Iwacu)

Tout le monde est étonné du sang froid et de la sauvagerie avec laquelle les tueurs font leur besogne au Burundi, non inquiétés, impunis. De ces 1000 personnes tuées depuis le début des manifestations de contestation contre le troisième mandat illégal de Pierre Nkurunziza, aucune investigation n’a été entreprise pour amener devant la justice l’un ou l’autre criminel. Cette absence de justice a multiplié des actes d’assassinat ciblés au quotidien à Bujumbura et à l’intérieur du Pays. La loi du Talion y règne.

"Au Burundi, quand un membre influent du parti au pouvoir meurt assassiné, un haut gradé militaire issu du CNDD-FDD, immédiatement on réplique en tuant un membre de l’opposition, un haut gradé militaire des anciennes Forces Armées Burundaises. Cela est devenu monnaie courante. 10 hauts gradés militaires viennent ainsi d’être assassinés rien qu’en ces deux derniers mois", a confié ce lundi 25 avril à une radio privée locale Isango Star l’ancien Président burundais Sylvestre Ntibantunganya.

Il a montré que le Burundi glisse lentement mais sûrement vers la faillite totale de l’Etat. Il faisait allusion à l’assassinat du Général de brigade Athanase Kararuza, de sa femme et de sa fille en plein jour à Bujumbura en ce 25 avril 2016.

Le Président Ntibantunganya qui n’apprécie guère cette descente aux enfers du régime actuel de Bujumbura déplore le fait que l’équilibre ethnique dans l’armée est mis à mal par le régime qui a dressé une liste d’officiers tutsi des anciennes Forces Armées Burundaises à éliminer.

“ Quand on observe comment les gens sont assassinés au jour le jour ou comment ils s’entretuent au Burundi, tu ne peux pas qualifier autrement ces crimes contre l’Humanité. C’est pourquoi je ne cesse de dire que l’Armée burundaise composée de Bahutu, Batutsi et Batwa est un gage de tranquillité pour tous les Barundi où personne ne doit pas attenter à la vie d’autrui. Si la situation continue de s’empirer à ce rythme, c’est la faillite totale à la fin", a indiqué le Président Sylvestre Ntibantunganya.

Bensouda vole au secours de l’Etat burundais

Des crimes commis dans la logique de la loi du Talion sont signe d’un Etat de non droit continuel. Ces grosses violations de droits humains interrogent la Communauté internationale dont la Cour Pénale Internationale avec sa procureure Fatou Bensouda.
Celle-ci vient d’annoncer de lundi 25 avril l’ouverture d’un examen préliminaire, étape préalable à une enquête approfondie sur les violences commises au Burundi.

Après avoir examiné des rapports ”faisant état de meurtres, d’emprisonnements, d’actes de torture, de viols et autres formes de violence sexuelle… ”, Fatou Bensouda ”a décidé d’entamer un examen préliminaire en ce qui concerne la situation qui prévaut au Burundi depuis avril 2015" indique la magistrate dans un communiqué rendu public la semaine dernière.

”Depuis avril 2015, j’ai exhorté, à plusieurs reprises, toutes les parties impliquées à ne pas céder à la violence. Je les ai prévenues que les personnes qui commettraient des crimes relevant de la compétence de la Cour pénale internationale pourraient être tenues responsables à titre individuel”, rapporte Jeune Afrique de ce 25 avril citant Fatou Bensouda.

Le régime Nkurunziza n’est pas inquiété

Un grand juriste burundais appréciant la sortie de la Procureure trouve que rien n’est joué, que le régime burundais continuera à commettre les graves violations des droits humains surtout qu’il est soutenu par quelques puissances internationales.
"C’est un petit processus. Ca n’a pas de consistance. La question revient à rassembler les éléments disponibles dans les mains des avocats, identifier les axes d’enquêtes, les témoins qui devront être interrogés le moment venu. C’est un travail de bureau. C’est un petit début. Mais le processus ne démarre pas encore. Ils peuvent geler le dossier. Il y a la dedans des rapports de puissances", a dit le juriste qui a requis l’anonymat.

Ce juriste trouve que le régime burundais de Nkurunziza est plongé dans un cycle de violence qui le dépasse et ne sait pas comment l’arrêter. L’action judiciaire de la CPI ne peut pas se faire sans l’intervention d’une force de Casques Bleus des Nations Unies pour permettre que les langues se délient sans peur d’être à leur tour lynchées.

"Pour l’ouverture de dossier, Ils doivent se déplacer pour les enquêtes au Burundi ou dans le voisinage. La menace des témoins c’est une réalité. Les enquêteurs ne peuvent pas aller enquêter les fosses communes. De deux la CPI doit être financée par les bailleurs de fonds. Or certaines puissances sont derrière le régime de Bujumbura", a-t-il dit montrant la nécessité d’envoi de Casques Bleus.
Depuis le début de la crise au Burundi, près de1000 personnes essentiellement jeunes et 270 000 personnes poussées à l’exil. Une situation humanitaire catastrophique accompagnée de violations des droits humaines récurrentes, selon les Nations Unies : près de 400 cas de torture ont été recensés depuis le début de l’année.

"Ce que Bensouda dit et se promet de faire est un faire-semblant qui ne fait pas peur au régime illégal et génocidaire de Pierre Nkurunziza. Nous nous continuerons à exposer son projet génocidaire. Dans la Communauté internationale, tout est tolérable. La question actuelle ce n’est pas Nkurunziza au palais de Bujumbura. C’est plutôt le génocide des Tutsi du Burundi. Cette question a des enjeux énormes. Il y a une complicité mondiale pour dire qu’il n’y a pas de génocide au Burundi. Je conseillerais aux Tutsi du Burundi de continuer à crier et dénoncer ce silence criminel par média interposés tout en espérant que la situation évoluera", a dit le juriste.

Jovin Ndayishimiye

 

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