https://www.traditionrolex.com/25 Pauvreté, conflits fonciers et enfants illégaux au centre des violences domestiques

Pauvreté, conflits fonciers et enfants illégaux au centre des violences domestiques

Par 2015-03-09 14:16:43

Pascal Niyonsaba & Safari Byuma


 

[caption id="attachment_311" align="alignnone" width="768"]Le viol est source de plusieurs conflits au sein de la famille (Photo Safari Byuma) Le viol est source de plusieurs conflits au sein de la famille (Photo Safari Byuma)[/caption]


 

La pauvreté avec toutes ses conséquences et ramifications sur la vie socio-économique des Rwandais, les multiples conflits fonciers au sein des familles et le nombre de plus en plus croissant d’enfants nés en dehors du mariage, sont les principales sources de violences domestiques au Rwanda en l’occurrence, le viol des femmes et des filles. La loi est rigoureuse et appréhende les violeurs, mais aussi la technologie de pointe permet à la police d’investigation criminelle d’identifier aisément les coupables ou les pères légitimes.

Sous la terminologie de Violence Basée sur le Genre (GBV), on comprend directement la politique nationale en vigueur visant la lutte contre toute forme de violence basée sur le genre, femme et homme à la fois, sans oublier les enfants. Des organisations ayant pour mission la défense des droits de la femme et de l’enfant comme Haguruka, ont pu, au cours de leur passé, dresser les principales sources des violences commises contre la femme et l’enfant.

Du premier coup, la pauvreté vient en premier lieu. Elle conditionne les relations entre les époux et leur progéniture. Les foyers moins solides ou fragilisés par la pauvreté et toutes ses conséquences fâcheuses sur leur vie socio-économique, sont toujours, pour la plupart des cas, plaignants devant l’ONG : Haguruka. Ce dernier trouve la pauvreté comme source des violences.

"Les conflits fonciers ont dégénéré en violence extrême. La raison n’est rien d’autre que la considération des terres par les Rwandais comme leur principale richesse… Et la femme qui ose réclamer un lopin de terre est sujette de violence", informe Mme Ninette Umurerwa, Secrétaire Exécutive de Haguruka.

Certes, un mal peut appeler un autre, tant dans le pire que dans le meilleur. C’est l’illustration de Jean Luc Mushimwe qui a une plainte de divorce au tribunal de base de Gasabo. Dans sa vie de pauvreté suite à un accident grave, sa femme l’a abandonné pour se prostituer.

"Je lui avais fait des reproches qui m’ont valu des coups et blessures sur mon grabat, raison pour laquelle j’ai demandé assistance juridique à Haguruka" a clamé Mushimwe qui a montré que sa femme avait tout ruiné dans son foyer.

Scène contraire à cette femme qui passe plusieurs nuits dans sa voiture Mercedes dans la cour de Haguruka. "Elle est une femme apparemment bien pourvue avec un grand charisme dans la haute hiérarchie politique du pays. Elle n’a pas de paix chez elle, elle préfère se réfugier dans la cour de Haguruka dans les heures tardives de la nuit", témoigne Mme Ninette Umurerwa, Secrétaire Exécutive de Haguruka qui en a été informée par les sentinelles. Ninette explique que ce fait illustre un genre de violence domestique pour les foyers pourvus de moyens financiers.

Dans tous les cas, les violences peuvent se convertir en viols à tout âge. Mme Ninette Umurerwa a indiqué que la plupart de clients de Haguruka sont les femmes et les enfants qui attestent avoir été violés. "Haguruka intervient pour les droits des victimes et pour la réparation. Il y a aussi des enfants dont la paternité est douteuse qui ont droit de connaître leurs pères respectifs ", a-t-elle montré.

Les enfants nés en dehors du mariage ou ceux dont la paternité est douteuse, ont toujours dernière eux, une histoire des viols de leurs mères ou le refus d’assistance par leurs amants après la naissance de ces enfants devenus un gros fardeau à leurs mères.STOP VIOLENCE AGAINST

"Nous avons plusieurs cas de femmes domestiques qui accusent leurs maîtres le refus du pension alimentaire à leurs enfants génétiques. Nous convoquons les présumés pour les écouter. Lorsqu’ils refusent la paternité, Haguruka recourt au tribunal ", a dit Ninette qui souligne que ces femmes domestiques peuvent ou pas avoir été sujettes des viols.

"Mais à vrai dire, il y a toujours un décalage d’âge et d’intellect entre le maître et la domestique qui constitue une matière juridique", ajoute Mme Ninette Umurerwa qui revient sur le rôle de Haguruka de réhabiliter psychologiquement les victimes des viols.

Test de paternité pour confirmer les pères violeurs

Les présumés auteurs des viols ou pères des enfants nés en dehors du mariage réclament le test de paternité. Haguruka comme une ONG qui milite pour les droits des femmes et des enfants, collabore avec le Ministère public pour permettre le test d’ADN (Acide Désoxyribonucléique qui est constitué par la molécule support de l’information génétique héréditaire).

"Ce sont les hommes qui réclament toujours le test d’ADN", note Ninette qui affirme que de fois, après tests, les enfants sont légitimes, ayant les mêmes caractères génétiques que leurs pères présumés, tout comme ces tests innocentent les présumés, c’est-à-dire ils prouvent aussi qu’il n’y a aucun lien génétique entre l’enfant et le père présumé.

La Police Nationale a quant à elle, érigé un centre moderne dans les aires de l’Hôpital même de la Police à Kacyiru (Kigali) qui renfermera un laboratoire de pointe qui aura à passer le test d’ADN.

"Il y aura toujours des instructions et des conditions pour passer un test d’ADN dans le but de protéger la famille rwandaise", a éclairci Wilson Rubanzana , Assistant Commissaire de la Police et Coordinateur National des centres d’Isange qui s’occupent des victimes des viols en leur offrant des soins médicaux et des expertises médicales à la demande de la police d’investigation criminelle.

Selon les scientifiques, les pères légaux ne sont pas les pères génétiques dans certains cas. Le www.futura-sciences.com montre qu’une enquête faite en Grande Bretagne en 2012 a révélé qu’un enfant sur 25 foyers, né d’un tiers père.

Pour Mme Ninette Umurerwa de Haguruka, le test d’ADN est exécuté par un laboratoire privé (Saint Peter) qui envoie les échantillons de l’enfant et du père présumé génétique en Allemagne. "Le demandeur du test d’ADN est celui qui paie le coût. Les résultats sont fiables au seuil de 99,99% ", a-t-elle précisé.

En vue de permettre à toutes les victimes des viols de bénéficier des soins médicaux et de réhabilitation psychologique, Isange One Stop Center est décentralisé. Il a des branches dans les 12 hôpitaux des districts et à l’horizon de 2017, tous les hôpitaux du pays et centres médicaux auront un service d’assistance aux personnes victimes des viols dans tout le pays.

"Les victimes des viols sont assistées gratuitement par Isange One Stop Centrer. Ils sont nourries et logées dans la mesure du possible lorsqu’elles doivent être observées durant une période relativement longue", a précisé Wilson Rubanzana.

Les femmes musulmanes coincées entre la loi et la religion

La violence sous toutes ses formes est le principal maux dont souffrent certaines femmes musulmanes. Elles sont d’abord mariées à bas âges et elles doivent être dociles envers leurs maris dans toutes les circonstances ! Celles qui en ont marre, consultent Haguruka pour la réclamation de leurs droits.

"Elles sont de plus en plus nombreuses à dénoncer leur calvaire domestique. Elles ne parviennent pas à cohabiter avec leurs rivales… Nous leur demandons de contracter un mariage légal pour être protégé par la loi", a expliqué Mme Ninette de Haguruka.

Le fait que l’Islam accepte la polygame, les femmes rwandaises musulmanes y adhèrent sans toutefois connaître ce que dispose la loi. Entre la loi et la religion, on comprend bien que la loi est supérieure à toutes les règles musulmanes et coutumières.

[caption id="attachment_305" align="alignright" width="259"]Mme Ninette Umurerwa, Secrétaire Exécutif de Haguruka (Photo Safari Byuma) Mme Ninette Umurerwa, Secrétaire Exécutif de Haguruka (Photo Safari Byuma)[/caption]

Les femmes qui ont subi des calvaires en terme de violence et qui veulent par conséquent divorcer, nombreuses sont celles qui ne sont pas protégées par la loi, parce qu’elles sont illégales. "La constitution rwandaise est claire, elle n’accepte qu’un mariage monogame !", rappelle la Patronne de Haguruka.

"Si elles viennent pour réclamer le partage des biens dans la procédure de divorce, nous leur demandons l’attestation de mariage. Seule la femme légale est éligible à bénéficier du partage des biens en cas de discorde familiale", a ajouté Ninette.

Aisha Muhimpundu de la localité de Biryogo dans la ville de Kigali, est victime des coups et blessures de son mari Muhammad Byishimo. Ce dernier, s’était confié à une plus jeune femme qui fut maligne ! Cette nouvelle femme a obligé Muhammad Byishimo de légaliser leur union à l’insu d’Aisha Muhimpundu. Celle-ci a plaidé contre cet acte, mais en vain, car elle cohabitait avec son mari illégalement.

"Mes deux enfants bénéficient de la pension alimentaire de leur père suivant la disposition du tribunal. Si je l’avais su, je n’accepterais pas de cohabiter illégalement avec mon mari", regrette Aisha Muhimpundu qui affirme qu’elle fut mariée à 16 ans obligée par sa mère Fatuma Nyirahabimana. "Je n’ai pas eu une heureuse vie dans mon foyer. J’ai vécu une vie de soumission et de violences quotidiennes", a ajouté Aisha qui est rentrée dans sa famille parentale à Nyanza, Sud.

Mme Ninette Umurerwa trouve que les violences familiales ainsi que les viols sont de fois tributaires de la culture rwandaise. Cette juriste a donné l’exemple qui montre que dans le temps, la législation rwandaise était relativement souple devant un cas d’adultère chez les hommes contrairement chez les femmes.

La femme coupable d’adultère devrait purger deux ans d’emprisonnement ferme alors qu’un homme devrait faire six mois seulement. Heureusement, aujourd’hui, tous les deux sont coupables de la même peine de deux ans, sans distinction de sexe. "J’imagine que la femme rwandaise a des valeurs à protéger. Elle est toujours protectrice de sa famille et elle supporte tout pour le bien-être de sa famille, voilà pourquoi les femmes rwandaises peuvent être discrètes de plusieurs vices et viols contre elles ", a ainsi expliqué Mme Ninette Umurerwa, la discrétion, l’humilité et la responsabilité de la femme rwandaise à sauver son foyer.

Le Coordinateur des centres d’Isange au niveau national, l’Assistant Commissaire de la Police Wilson Rubanzana a espoir que tous les stéréotypes qui freinent encore l’épanouissement de la femme seront battus en brèche, coûte que coûte parce que les organisations engagées dans la sensibilisation de la femme à jouir de ses droits sont de plus en plus nombreux. A plus forte raison, a-t-il dit, le nombre de victimes des viols est toujours croissant aux centres d’Isange de la Police Nationale.

[caption id="attachment_304" align="alignnone" width="768"]La police nationale joue un rôle de premier plan dans la lutte contre la GBV (Photo La police nationale joue un rôle de premier plan dans la lutte contre la GBV (Photo[/caption]


 

" Depuis 2009, date à laquelle Isange One Stop Center a vu le jour, plus de 9 000 victimes des viols ont été assistées. Les chiffres vont croissants entre 2013 et 2014, ce qui montre que les femmes rwandaises sortent petit à petit de leur silence pour dénoncer leurs violeurs respectifs ", s’enchante Wilson Rubanzana.

A suivre…

 

 


 

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