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Burundi : la crise touche des secteurs clés

Par 2016-05-18 06:46:42

Le secteur hotelier connait un probleme de clients (Photo archives)


 

Un peu plus d’une année après le début d’une crise profonde ponctuée de violences laquelle a été provoquée par le désir de Pierre Nkurunziza de se donner illégalement un mandat de trop, les conséquences de cette crise, ajoutées à celles des sanctions prises par les principaux bailleurs et donateurs du Burundi, se manifestent déjà aux secteurs économiques tels que les hôtels et les banques.

Les banques commerciales et les hôtels surtout de Bujunmbura, la capitale, travailleraient à perte comme le laisse comprendre certains économistes et opérateurs économiques qui se sont exprimés sous couvert d’anonymat dans un article publié le 26 avril 2016 sur le site http//www.rtbf.be/info.

Cette crise qui ne fait que trop durer au Burundi met à mal l’économie du pays. La coupure des aides de l’Union Européenne et des autres partenaires bilatéraux et multilatéraux n’a pas manqué d’occasionner des conséquences très négatives sur cette fragile économie, faisant du Burundi le plus pauvre pays du monde pour cette année.

Selon le Fonds monétaire international (FMI), le Burundi classé 3e pays le plus pauvre au monde en 2014 est devenu le dernier en 2015 avec un PIB de 315,2 dollars par habitant.

L’économie burundaise, indique toujours le FMI, a connu une croissance négative de 7,4% en 2015 parce que la crise a eu un impact direct sur des secteurs clés. C’est notamment le secteur hôtelier.

Le secteur hotelier fortement touché

D’après le propriétaire d’un grand hôtel de Bujumbura, ”Le secteur de l’hôtellerie est totalement sinistré. Je n’ai gardé qu’un dixième de mon personnel parce c’est impossible de mettre tout simplement la clé sous la porte, à cause de mon investissement et des crédits bancaires contractés”.

Il ajoute que déjà durant les 4 premiers mois de la crise, pour plus de 50 chambres, l’hôtel n’a eu que 2 clients. Cela est valable pour la majorité des hôtels de Bujumbura qui ont été obligés de fermer ou de réduire sensiblement leurs personnels.

Des conséquences négatives sur les banques

Selon un professeur d’économie de l’Université du Burundi, ”Cela a eu fortement d’impact sur toutes les banques qui ont financé la construction d’une dizaine d’hôtels car le secteur était porteur depuis plusieurs années et aujourd’hui, plus personne ne rembourse les banques”.

Un cadre d’une banque en place s’inquiète que ”les banques commerciales se trouvent dans une situation très inconfortable. Elles éprouvent d’énormes difficultés à se faire rembourser. Elles hésitent aussi à octroyer des crédits du moins à certaines catégories de gens sans garantie forte”.

La situation économique s’amenuise au moment où les Burundais avaient espéré pouvoir sortir d’une longue guerre civile (1993-2006) qui a emporté des milliers de personnes et ruiné l’économie du pays.

La crise a fait chuter l’économie

Pour le professeur d’économie ci haut évoqué, ”L’économie commençait à se stabiliser, l’inflation était maîtrisée et avec une croissance moyenne de quelques 4,5% depuis plusieurs années, le Burundi semblait sur la bonne voie. Mais la crise actuelle a eu des effets catastrophiques, notamment sur les finances publiques et le secteur formel”.

Les sanctions prises par les pays donateurs du Burundi dont la Belgique et les bailleurs dont le principal, l’UE, pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il accepte d’entamer un véritable dialogue inclusif, ont rajouté un coup dur à cette économie.

D’après un diplomate européen en poste à Bujumbura, ”Le coup a été très rude pour le pouvoir, même s’il a cherché à minimiser son impact”, expliquant que ” le budget a été réduit de 25%, les recettes publiques sont en baisse”.

Les faits démontrant les effets de la crise

D’autres faits visibles qui montrent que le gouvernement est à court des moyens financiers sont relatifs à la non réparation des infrastructures qui se dégradent.

C’est notamment le cas des routes qui se sont effondrées même au cœur de la capitale pendant la saison des pluies qui restent sans être réparées.

C’est aussi le cas des étudiants de l’Université du Burundi qui, pour la première fois depuis la création de l’institution en 1964, se sont vus privés du petit déjeuner depuis février dernier sans oublier qu’il n’ont plus désormais droit à la viande dans tous les repas.

Il convient de mentionner aussi que, exceptés les militaires et les policiers, les autres fonctionnaires de l’Etat n’ont plus droit d’être rémunérés pour les annales liées aux cotations annuelles et ce pendant 4 ans.

Sans oublier que la plupart de ces fonctionnaires et travailleurs des ONG dont les salaires passaient obligatoirement par les structures étatiques, ne savent plus le jour de paie. Certains affirment qu’ils viennent de passer 3 à 6 mois sans recevoir aucun sou.

Pour essayer de se tirer d’affaires, le gouvernement exige des ONG internationales et organisations burundaises de domicilier leurs comptes en devises auprès de la banque centrale.

Un haut fonctionnaire de l’ONU en poste à Bujumbura laisse croire que ”jusqu’ici, le gouvernement burundais s’en est sorti en ayant recours à des coupes dans des budgets sociaux, la main tendue vers certains pays amis ou le recours à la planche à billets, mais la situation est entrain de devenir critique”.

Le milieu rural moins touché

Cependant, Thierry Vircoulon de l’International crisis group laisse penser qu’il existe 2 économies parallèles au Burundi : L’économie formelle très concentrée à Bujumbura et l’économie rurale, peu monétisée, à la limite de la survie, qui concerne la majorité de la population (environ 90% de la population).

”Ce clivage signifie qu’en ce moment, l’économie rurale de subsistance ne souffre pas autant que l’économie formelle de la capitale”, devait-il souligner.

Toutefois, a nuancé le haut fonctionnaire de l’ONU, bien que moins affecté, le monde rural, déjà en proie à une extrême pauvreté, est aussi touché en raison des coupes dans les programmes publics de santé, d’éducation et d’infrastructures.

Sommes toutes, d’aucuns se posent la question de savoir jusqu’à quand le pouvoir Nkurunziza va-t-il tenir ?

Tesire Mudahemuka


 

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