https://www.traditionrolex.com/25 Burundi : la chasse à l’homme se poursuit

Burundi : la chasse à l’homme se poursuit

Par 2016-06-06 11:45:20

Des arrestations ciblées et des disparitions des jeunes  tutsi se poursuivent. (Photo archives)

Les violences se poursuivent particulièrement dans les quartiers et communes du pays à forte concentration des Tutsi. Les arrestations des élèves et professeurs sont organisées, des disparitions des jeunes tutsi sont toujours rapportées. La situation politico-sécuritaire du Burundi ne cesse de se dégrader du jour au lendemain, contrairement au discours officiel qui fait état de l’accalmie dans tout le pays.

Au cours du mois de mai 2016 qui vient de s’écouler, des arrestations abusives d’élèves et des professeurs dans la commune Mugamba de la province Bururi et Ndava de la province Mwaro, des regroupements et arrestations de centaines de personnes sans parler des jeunes Tutsi portés disparus ont été rapportés dans les quartiers contestataires du 3e mandat de Pierre Nkurunziza comme Musaga et Cibitoke. Des assassinats et enlèvements des militaires Ex-FAB font aussi toujours parler d’eux.

En effet, certains médias tels que les radios Isanganiro, Voix d’Amérique et les émissions en ligne Inzamba et Humura Burundi, ont rapporté que dans les communes Mugamba, Ndava (province Mwaro) et dans les camps de déplacés des Tutsi de Ruhororo (Ngozi), Mutaho et Bukirasazi (province de Gitega), les populations vivent dans la peur et dans la hantise de la mort.

Sous prétexte des crépitements d’armes dans les environs, la police procède aux arrestations d’élèves et professeurs tutsi en plein cours dont certains ne reviendront jamais.

Il est aussi rapporté que des adolescents et élèves du secondaire sont enrôlés pour servir de délateurs et pour être utilisés dans les services de police et de renseignement.

Dans la commune de Burambi (province Bururi), des habitants ont témoigné dans les médias que des administratifs font une distribution tous azimuts d’armes de guerre tels que des fusils et machettes. Cela a eu comme conséquences, ont-ils fait savoir, de nombreux assassinats par balles et machettes incluant des ex-militaires tutsi à la retraite.

Des jeunes tutsi ciblés

Dans le quartier de Musaga, la population vit quotidiennement le calvaire des fouilles-perquisitions, des arrestations massives et abusives, des enlèvements et emprisonnements ainsi que des disparitions et assassinats ciblés.

Ici les victimes se comptent surtout parmi les jeunes gens Tutsi. Un autre fait gênant qui se fait très souvent et seulement dans les quartiers de Musaga, Cibitoke, Mutakura, Ngagara, Buterere et Kinama, est la vérification intempestive des cahiers de ménages dans lesquels sont inscrits les membres de la famille.

Certains croient que ces cahiers ” servent des instruments de marquage comme à l’époque nazie et de l’apartheid ”, lit-on dans un communiqué de l’Association des Burundais du Canada (ABC).

Lors de ces pseudo-vérifications, signale- t- on, tout jeune tutsi est arrêté sans autre forme de procès. Pour l’ABC, ces cahiers leur servent d’outil infaillible pour savoir qui et quand arrêter pour pouvoir planifier le génocide à compte-goutte dit ”kamwe kamwe” (un à un).

Il est également rapporté une astuce utilisée par le pouvoir de Bujumbura pour pouvoir arrêter, enlever ou tuer des personnes ciblées. Il s’agit d’une simulation de vols ou d’attaque fait par la police et la milice Imbonerakure surtout la nuit, dans des endroits où vivent des Tutsi. Ce faisant, ils arrivent à réaliser leur sale besogne sur des personnes figurant sur des listes préétablies.

Par ailleurs, certaines sources indiquent que les déplacés de guerre de 1993 dont la grande majorité sont des Tutsi sont quotidiennement menacés par les milices Imbonerakure qui, nuit au jour font à leur vue des exercices militaires et s’entrainent publiquement au maniement des armes que leur aurait fournies la police présidentielle.

Ethnisation du conflit

Ces démonstrations intimident et terrorisent ces déplacés, ce qui fait que beaucoup d’entre eux se sont réfugiés dans les pays voisins du Burundi. L’ABC pense que tous ces faits qui se passent dans les villes et campagnes de grande concentration des tutsi sont très inquiétants surtout que cette montée de violence s’accompagne de l’établissement et la publication sur des médias sociaux des listes d’officiers tutsi ex-FAB qui seraient les prochaines cibles.
Pour cette association, il s’agit d’une volonté du pouvoir de s’en prendre aux Tutsis dans le but manifeste d’ethniser le conflit actuel alors qu’il n’en est absolument rien.

En outre, des observateurs de la situation du Burundi trouvent que les discours des autorités sont un autre élément qui montre qu’il ya une volonté délibérée du pouvoir d’ethniser le conflit burundais et d’exécuter le génocide des Tutsi.

Ces observateurs évoquent le discours du président Nkurunziza du 1 mai 2016 dans lequel il a évoqué une étrange priorité de mobiliser la population pour creuser des latrines sur toutes les collines du pays, aux lieux de rassemblement des populations et aux intersections des routes.
Discours de la haine

Beaucoup de personnes se sont interrogées sur cette priorité pendant que le pays continue sa descente aux enfers et que la faim et la misère frappent durement le peuple burundais.

D’aucuns se sont rappelés qu’au cours du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, des Tutsi massacrés ont été jetés dans des latrines par les bourreaux. C’est précisément le souvenir de cette mobilisation au Rwanda en 1994 qui a glacé le sang de certains Burundais.

De plus, certains témoignages indiquent que depuis ce discours, des policiers et des miliciens du pouvoir désignent les arrestations surtout des Tutsi comme ”gukura umucafu” qui signifie une banale opération de salubrité, d’enlèvement de saletés.

Cette mobilisation du président pour le creusement des latrines est considérée par des observateurs comme faisant partie d’un continuum génocidaire à l’instar d’autres nombreux discours de la haine des ténors du pouvoir dont le président du parti CNDD-FDD, Pascal Nyabenda, son porte- parole Gélase Ndabirabe et le président du sénat Révérien Ndikuriyo.

Signalons que des cris d’alarme ne cessent d’être lancés notamment à la communauté internationale pour qu’elle sorte de son attentisme incompréhensible et prenne des actions concrètes pour arrêter cette descente aux enfers d’un peuple faisant partie de la communauté des humains.

Tesire Mudahemuka

 

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