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Burundi-trafic des humains : les hautes sphères impliquées

Par 2016-06-20 09:17:15

Les centres de recrutement sont disséminés dans les permanences provinciales du CNDD-FDD. Ici permanence nationale  (Photo archives)

Plus de 2500 jeunes filles et femmes burundaises dont l’âge est compris entre 14 et 25 ans seraient déjà parties dans les pays arabes dont Oman et Arabie Saoudite depuis l’année 2015 où elles sont utilisées dans la prostitution et dans d’autres corvées. Des dirigeants du pays à différents niveaux y compris les plus hautes autorités seraient impliqués dans cette activité ignoble.

Des médias burundais, des associations ayant dans ses attributions la défense des droits de l’homme, des enfants et des femmes ainsi que des Burundais épris de paix et de liberté ne cessent de lancer des cris d’alarme pour déplorer et dénoncer le commerce honteux et prohibé des personnes entre autres des jeunes filles et femmes qui sont envoyées dans certains pays arabes.

Ce trafic enverrait ces enfants vers l’esclavage sexuel et l’exploitation et même, lit-on dans une déclaration de l’ABC (Alliance des Burundais du Canada) du 13 juin 2016, pour que leurs organes soient prélevés au bénéfice des riches pétroliers du Moyen Orient et du Golfe Persique.

Cette alliance indique que cet accord aurait été négocié par les plus hautes autorités du pays, incluant le président lui-même, comme accord étatique, pour fournir une main d’œuvre, avec certains pays arabes.

Par ailleurs, le Mouvement Citoyen pour l’avenir du Burundi (MCA), dans une correspondance adressée le 12 juin dernier au Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, affirme que depuis 2015, 2500 jeunes filles burundaises originaires des provinces Muyinga, Rumonge, Cibitoke, Kayanza, Gitega, Ngozi, Bujumbura-Mairie et Cankuzo, et dont l’âge varie entre 14 ans et 25 ans, sont utilisées à la prostitution et à des corvées diverses dans des pays arabes comme Oman et Arabie Saoudite où elles ont été acheminées puis vendues par des trafiquants nationaux et étrangers à des fins lucratives.

Prostitution et corvées

Le MCA révèle que plus de 5 sociétés dont ROYAL SERVICES et SALAH ALDERFEER seraient impliquées dans ce trafic. Ces dernières disent aux victimes au moment du recrutement qu’elles recherchent des filles domestiques. Mais arrivées à destination, elles sont utilisées autrement comme l’atteste les témoignages de quelques rares d’entre elles qui ont pu retourner au Burundi.

”Ils me battaient chaque fois en m’accusant d’être une voleuse. Je mangeais des restes des repas alors que je travaillais 24 h sur 24 sans repos pour un salaire mensuel légèrement supérieur à 100 dollars américains. Quand j’ai voulu renter à la maison, ils ont refusé en me disant que mon contrat était de 2 ans”, a confié J. N, jeune fille de 17 ans avant d’ajouter qu’à l’arrivée à Oman où elle a été conduite, tous les documents de voyage lui ont été retirés et confisqués par une association impliquée dans ce circuit.

Une autre jeune fille, selon le MCA, a affirmé que la plupart des filles burundaises sont utilisées comme des objets sexuels par leurs patrons ou par des gens qui les ont amenées dans ces pays.

Trafic sur fond de corruption

Pour sa part, l’OLUCOME (Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques), dans sa lettre au Secrétaire général des Nations Unies du 14 juin 2016, s’est dit très préoccupé par le trafic, qui se fait sur fond de corruption, des milliers de jeunes filles mineures et femmes burundaises dans les pays d’Oman, Arabie Saoudite, Liban et Koweit.

L’observatoire avance un chiffre de 3000 filles et femmes et quelques garçons et hommes tous ressortissants du Burundi, qui ont été vendus aux riches des pays ci-haut cités et qui sont exploités comme des sauvages.

L’OLUCOME dit que certains travaillent durement à longueur de journée sans repos et restent enfermés dans des enclos, tandis que d’autres surtout les filles et femmes, sont utilisées dans des actes de prostitution.

L’observatoire déplore que l’Agence de promotion des investissements (API) ait enregistré les sociétés impliquées dans cet ignoble trafic dont ROYAL SERVICES et SALAH ALDERFEER.

Selon OLUCOME, ces sociétés donnent des pots-de-vin aux administratifs à la base en vue d’octroyer des documents administratifs attestant l’âge des victimes (dont la plupart sont des mineurs) non conformes à la réalité pour leur permettre d’obtenir facilement les documents de voyage.
L’observatoire trouve que la corruption, devenue un mode de gouvernement au Burundi ainsi que la faiblesse des institutions étatiques constituent des freins à l’éradication de ce commerce inacceptable des êtres humains.

Le CNDD-FDD impliqué dans le trafic humain

En outre, le MCA semble affirmer que certains administratifs, de la base au sommet, sont impliqués dans ce trafic des personnes humaines. Il indique aussi que des informations qu’il aurait reçues des sources concordantes affirment que les filles recrutées qui refusent de partir sont menacées par le SNR (Service national des renseignements).

Le MCA confirme que ce trafic des êtres humains est devenu monnaie courante au Burundi et que le gouvernement semble être complice par l’inaction des instances habilitées alors que tous les instruments nationaux et internationaux sont là pour combattre ce mal.

L’ ABC quant à elle fait savoir que les centres de recrutement de ce trafic humain, de gré ou de force, semblent être les permanences provinciales du parti au pouvoir CNDD-FDD, disséminées dans tout le pays et particulièrement celle de la province de Cankuzo.

Cette alliance décrie le silence complice du président de la République sur cette question épineuse qui, sous d’autres cieux, aurait adressé un message urgent et sans équivoque contre cette barbarie sans nom.

Une enquête internationale d’experts indépendants s’avère indispensable et urgente pour mettre la lumière sur ce trafic interdit des êtres humains et ainsi pouvoir l’arrêter sans oublier de traduire en justice les auteurs, co-auteurs et leurs complices de cet acte ignoble.

Tesire Mudahemuka

 

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