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Budget 2016-2017 : habits et chaussures surtaxés

Par 2016-07-11 08:44:15

Le secteur de la friperie au Rwanda fait vivre plusieurs familles (Photo Archives)

Le Gouvernement du Rwanda a prévu la hausse des taxes sur l’importation des habits de seconde main et des chaussures usagées. Le budget annuel 2016-2017 prévoit de multiplier plus de 10 et 20 fois les taxes portées sur ces produits qui devraient être produits à l’intérieur même du pays. Le ton est divergeant dans la communauté rwandaise !

Le Ministère des Finances et de la Planification Economique (MINECOFIN) prévoit que le budget national en exercice : 2016-2017 à partir de ce 1er juillet 2016, aura à enregistrer des taxes d’ordre de plus de 10 fois les taxes portées sur les habits de seconde main et plus de 20 fois sur les chaussures usagées.
Selon le patron de MINECOFIN, l’Ambassadeur Claver Gatete, cette décision émane des Etats de la Communauté de l’Afrique de l’Est qui prévoient que d’ici trois ans, tous les habits de seconde main et chaussures usagées, auront disparu sur le marché.

Le ton est divergent aussi bien du camp des citoyens rwandais que celui des hommes et femmes politiques dont les parlementaires. Nombreux sont ceux qui trouvent qu’il a beaucoup à faire pour pouvoir mettre en exécution ce pari du gouvernement du Rwanda.

"Au Rwanda, il n’y a pas d’usine textile, on ne voit pas pourquoi le gouvernement se presse à décourager le port d’habits de seconde main. Pourtant, ils constituent la préférence de plusieurs personnes par rapport à leurs revenus", clame Peter Hakizimana, fripier dans la circonscription de Biryogo à Kigali.
Pour le député Edouard Bamporiki, il craint que cette hausse des taxes conduise à la disparition d’habits de seconde main, alors qu’il n’y a pas d’alternative pour le moment, vu que le pays n’a pas d’importantes usines textiles.

Un groupe de femmes fripières : Aisha Kamikazi, Clémence Umutoni et Charlotte Irankunda s’opposent farouchement à cette décision du Rwanda.
"La friperie est ma carrière, il y a 12 ans. Que ferai-je si je reste sans travail ? Comment pourrai-je nourrir et scolariser mes quatre gamins ? En tout cas, il faut que le gouvernement du Rwanda sache que la décision a été prise à la hâte. Il faut d’autres paramètres à considérer, comme installer de prime à bord des usines textiles ici et là dans le pays et veiller à la qualité des produits", tempête Aisha Kamikazi.

Ses collègues Clémence Umutoni et Charlotte Irankunda notent que les habits de seconde main ne sont pas forcement nuisibles à la santé comme beaucoup le pensent. "Pourquoi en parler aujourd’hui ? Il y a plusieurs centaines d’années que les Rwandais ont porté de tels habits et ils ne sont ni tombés malades ni frappés par la mort. Quel est l’importance de nous rendre la vie difficile ?", rétorquent-elles.

Le Ministre du Commerce et de l’Industrie, M. François Kanimba, en avait parlé maintes fois à différentes occasions des assises des expoventes tenues au Rwanda. Kanimba a noté que le port d’habits et chaussures usagées ne donne aucune dignité aux Rwandais. En plus, a-t-il expliqué, ces habits et chaussures sont susceptibles de véhiculer des maladies contagieuses, alors que le pays est capable de les produire en chaîne dans ses usines, d’où alors la mesure de réduire progressivement leur importation.

Valoriser les produits locaux

Le Ministre Kanimba a commencé à préparer les Rwandais dès la mi-2016 sur la suppression des habits de seconde main à travers sa campagne , "Made in Rwanda". En effet, cette campagne veut que le Rwanda reste et demeure dans la course économique pour concrétiser son pari de devenir le Singapour de l’Afrique.

Pour y arriver, il a entrepris toutes les mesures possibles qui consistent à répondre au déficit budgétaire qui est dû au déséquilibre entre l’exportation et l’importation. "Le Rwanda a entamé la guerre de citoyenneté qui consistera à consommer les produits locaux et à minimiser les importations des produits qui seront fabriqués ou produits au Rwanda", a souligné François Kanimba.

Pour être pratique, l’Ambassadeur Gatete a adressé aux parlementaires, le schéma des taxes sur les habits de seconde main importés ainsi que les chaussures usagées. " Dans le cadre de valoriser la vente et l’usage des produits nationaux en parallèle avec la réduction d’importation, les taxes sur les habits de seconde main vont être majorées de 0,2$ (156 FRW) à 2,5$ (1948 FRW) par kg. Tandis que pour les chaussures usagées, les taxes grimpent de 0,2$ (156FRW) à 5$ (3895 FRW) par kg", a bel et bien montré Gatete l’itinéraire à poursuivre à travers la budgétisation 2016-2017.

Les défis

Outre l’absence quasi-totale d’usine textile, le Rwanda affronte un sérieux problème de manque de matière première. Le coton qui reste l’élément capital pour la fabrication d’habits, n’est pas cultivé. Selon le Ministre du Commerce François Kanimba, les pays de l’EAC en produisent, ce qui ne sera pas dur pour Rwanda quand il voudra mettre en marche son secteur textile.

Du côté de la filière de la tannerie, les animaux qui produisent des peaux pour la fabrication des chaussures restent aussi minimes par rapport au besoin national. Force est de montrer en outre qu’il n’y a pas au Rwanda suffisamment d’experts ni d’usines pour la fabrication des chaussures pour espérer maintenant à la satisfaction de tous les marchés par les chaussures "Made in Rwanda".

L’Ouganda, le Kenya et le Rwanda sont déterminés à supprimer sur leurs marchés les habits et chaussures usagés. En Ouganda, certaines usines textiles sont opérationnelles, de même qu’au Kenya. Ces deux pays produisent du coton.

L’expérience au Rwanda nous montre que tout ce que l’Exécutif rwandais pense faire, l’exécute à l’immédiat sans entrave. Certes, ce délai de trois ans pour avoir éliminé les habits de seconde main et les chaussures usagées sur le territoire rwandais pourrait être possible !

Safari Byuma

 

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