https://www.traditionrolex.com/25 Burundi : risque de privilégier l’option militaire

Burundi : risque de privilégier l’option militaire

Par 2016-07-25 10:49:59

 Pierre Buyoya, ancien président de la République du Burundi (Photo RFI) .JPG

La situation politico-sécuritaire et socio-économique continue à se dégrader du jour au lendemain. Certains observateurs disent que le pays s’achemine vers une période pré-génocidaire et une guerre qui pourra durer longtemps. Il s’agit d’une équation à plusieurs inconnus qui semble inquiéter des politiciens burundais.

D’après l’analyse de l’ancien président du Burundi Pierre Buyoya publiée le 11 juillet dernier dans Burundi News, face à la crise burundaise qui perdure, la communauté internationale ne fait qu’observer aujourd’hui le rapport des forces et se demande s’il faut se ranger du côté de celui qui a la force pour le moment ou soutenir ceux qui ont le verbe mais qui ne disposent pas de force pour faire la violence.

En réalité, beaucoup de Burundais se demandent pourquoi cette crise ne se termine pas et pourquoi l’opposition n’arrive pas à changer le cours des événements.

D’une part, des observateurs font constater que le président Nkurunziza a adopté une stratégie qui dérange et déroute. Il refuse le dialogue avec des contradicteurs et n’accepte que ceux qui lui disent qu’il a raison.
Génocide à petit feu

Entretemps, le pouvoir de Nkurunziza poursuit son génocide à petit feu consistant à tuer ”un à un” parmi ses opposants et toute personne soupçonnée de contester son troisième mandat.

Le cas le plus récent est le triste assassinat de la députée de l’EALA (Assemblée législative de la Communauté de l’Afrique de l’Est) l’honorable Hafsa Mossi dans la matinée du 13 juillet 2016 près de son domicile à Mutanga Nord.

D’après des proches de cette figure modérée du parti au pouvoir CNDD-FDD, elle faisait l’objet de menaces des hauts gradés de la police, de son parti et du gouvernement depuis la visite qu’elle a rendue aux réfugiés burundais du camp de Mahama (Rwanda) et envers lesquels elle avait manifesté une grande compassion.

Le pouvoir Nkurunziza estimait que Hafsa Mossi coopérait avec ses ennemis, c’est-à-dire ses opposants y compris les réfugiés de Mahama et le Rwanda. En effet, dans son portable que la police lui aurait retiré, on aurait trouvé des numéros de téléphone des journalistes en exil comme Innocent Muhozi et Bob Rugurika ainsi que , dit-on, le numéro de la ministre rwandaise des affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.

Gagner du temps pour régner longtemps

Cela dit, l’analyse de Buyoya souligne que Nkurunziza veut gagner du temps pour régner longtemps. C’est ce qu’il veut en refusant le dialogue inclusif avec tous ses opposants. Il attend l’arme fatale contre eux qu’est la faim.

Ladite analyse indique que Pierre Nkurunziza espère que certains de ses opposants pourront être contraints de déposer les armes et se rendre pour lui demander pardon.

”Quelques politiciens du CNARED sont en cours de préparation pour faire allégeance à Nkurunziza. Un gibier attrapé permettra à Nkurunziza de reprendre du souffle comme la capture du gibier Rwasa”, lit-on dans cette analyse de Pierre Buyoya.

Celui-ci estime que Pierre Nkurunziza a quelques années au pouvoir si aucun politicien ne se révèle pas comme grand stratège. Ce président déroute la communauté internationale car il n’écoute personne et se moque de leurs sanctions.
Manque de vision commune des partis d’opposition

D’autre part, beaucoup d’analystes de la situation burundaise laissent croire que l’opposition burundaise ne s’est pas donné de moyens nécessaires pour contraindre Nkurunziza aux négociations.

Celui-ci profite de cette faiblesse et du manque de vision commune du pouvoir entre les partis politiques qui composent la coalition CNARED. Il ya en a d’entre ceux-ci qui, au lieu d’œuvrer pour le bien du peuple, se battent visiblement contre Nkurunziza ne fut-ce que pour accéder à sa place et manger. Le plus important pour eux étant d’arriver à la table de la ”mangeaille” pour se servir.

Et pour l’analyse de Buyoya, la gestion du CNARED sera beaucoup plus compliquée pendant les négociations et surtout après car chaque parti garde sa ligne et il présentera son candidat en cas d’élections.

Le tort du CNARED, souligne l’analyse, est entre autres de ne pas définir l’engagement de diriger ensemble en cas de victoire aux élections issues des accords après les négociations.

Montrer chacun sa force avant de fusionner

Quant aux mouvements rebelles tels que FOREBU et RED-TABARA, d’aucuns se demandent où sont-ils passés depuis l’attaque des camps militaires et des positions policières. Ces deux mouvements ne sont plus présents dans la capitale, tout au moins au niveau de ses actions.
Néanmoins, le RED-TABARA qui dispose de quelques forces armées, fait encore parler de lui en province de Bururi précisément dans le Mugamba et les hauteurs de Burambi mais ne peut pas faire des attaques de grande envergure, comme l’estime le président Buyoya dans son analyse.

Cependant, des observateurs font penser que le FNL de Nzabampema est plus actifs sur le terrain dans la forêt de la Rukoko. Sa base arrière qui se trouverait en RDC, est souvent attaquée mais il résiste toujours.

D’autres analystes font croire que ce mouvement a une durée dans le temps et dispose d’une discipline et d’une organisation surprenantes.
Par ailleurs, beaucoup de Burundais qui veulent le changement dans le pays, souhaitent l’union entre les trois mouvements rebelles. Mais, selon certains différents analystes, ces mouvements ont montré leurs limites. Ils estiment que, comme la fusion n’a pas eu lieu à la création, chacun devra d’abord exister et montrer sa force avant de fusionner. Ces analystes pensent qu’il ne sert à rien d’apporter les faiblesses dans l’union.

Regarder les réalités en face

Pour que la paix revienne dans le pays, il appartient aux Burundais de sortir des rêves pour regarder les réalités en face. Certains pensent, à juste titre, que la voie des négociations est la meilleure pour arriver à une paix durable.

Mais visiblement, Pierre Nkurunziza ne cesse de démontrer que les négociations n’ont aucune force pour lui. C’est pour cela que, face à son entêtement, plus d’uns commencent à croire que malheureusement la solution extrême d’option militaire risque d’être la seule pour régler la question burundaise. Attendons voir.

Tesire Mudahemuka

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