C’est devenu une habitude dans le pays des Mille collines. Les jeunes rwandais terminant l’école secondaire doivent passer par une formation civique, ”Ingando”. Neuf promotions ont bénéficié de ce moment unique dans son genre, pour ces jeunes, encore des adolescents pour la plupart.

Cette année 2016, précisément la semaine passée, le Chef de l’Etat, Paul Kagame, a procédé à la clôture de la session de juillet organisée à l’intention des jeunes étudiants dans les universités de l’outre-mer et les meilleurs de ceux qui viennent de terminer l’école secondaire au Rwanda, tous les sexes confondus.

Pour Paul Kagame, les jeunes rwandais devraient être caractérisés par la bravoure, le courage et éviter la lâcheté. Ils doivent toujours être prêts à intervenir en cas de besoin pour l’intérêt national.

Le thème développé ici par le Chef de l’Etat, qui a fait le maquis avant de changer le cours des événements dans le pays des Mille collines à la tête du FPR, est le patriotisme.

Dans cette formation politico-militaire, dite ”itorero”, organisée à l’intention des jeunes à l’instar de l’école traditionnelle ”itorero”, les jeunes finalistes de l’école secondaire, voire même d’autres catégories sociales, connaissent un apprentissage théorique sur certaines politiques nationales, sur le patriotisme, et d’autres valeurs caractérisant le Rwandais …et font de l’exercice physique, y compris l’initiation au maniement des armes.

Ce qui est nouveau, le Président de la République, Paul Kagame, a demandé l’organisation d’une autre formation à l’intention de toutes les neuf promotions des “Intore”.

Et apparemment l’intention serait de renforcer les aptitudes à l’auto défense. N’a-t-il pas relaté, en passant, l’insécurité qui prévaut de plus en plus dans certains pays de l’Occident où les jeunes rwandais fréquentent leurs études ?

Au moment où le terrorisme bat son plein sur le continent africain et ailleurs, tandis que le racisme resurgit dans le nouveau monde, il serait important d’apprendre certaines notions d’auto défense.

Faire le service militaire, pourquoi pas ?

Le Rwanda, en imposant le service militaire aux jeunes, ne serait pas le premier à le faire. Dans les pays européens, le service militaire est obligatoire pour tout citoyen valide. Le Royaume de Belgique, la République française, la confédération helvétique (Suisse), la Russie,…
En Afrique, comme en Algérie, le service militaire y est organisé. Tandis qu’en Asie, le cas illustrant bien cette activité est l’Israël où , il faut 3 ans pour les hommes et 2 ans pour le sexe féminin de service militaire obligatoire.
En tout, 104 pays dans le monde organisent le service militaire obligatoire.

Les jeunes rwandais pourraient être exploités dans le renforcement de la sécurité intérieure. Ils travailleraient ainsi avec les unités de la police nationale dans le maintien de la sécurité.

Ils en sortiraient plus disciplinés et animés d’un esprit de patriotisme. Les effectifs seraient renforcés contre des éventuelles menaces extérieures telles que le terrorisme.

La tradition, une source d’inspiration

Dans l’éducation traditionnelle dite ”Itorero”, les jeunes rwandais bénéficiaient d’une formation sur la culture, le patriotisme et le maniement des armes.

La formation organisée actuellement en faveur des jeunes issus des écoles secondaires, est inspirée de l’école traditionnelle ”Itorero”.
Des similitudes se retrouvent entre ce type d’éducation et l’éducation spartiate des premiers siècles avant Jésus Christ (VII ème siècle av JC).
Les jeunes spartiates ne devaient pas rechercher ”leur gloire personnelle mais la gloire collective”. Cette éducation accordait une importance à la formation physique et au maniement des armes. La culture y trouvait également sa place.

Le Rwanda d’aujourd’hui, a choisi comme voie de solution de ses problèmes, ”le retour aux sources”, avec peut-être des adaptations au contexte moderne. Les juridictions Gacaca constituent un bon exemple pour avoir servi dans la réconciliation et le jugement des présumés génocidaires en quelques temps années seulement.

C’est le cas également des comités des conciliateurs ”Abunzi”, qui ont sensiblement réduit les cas des jugements dans les tribunaux classiques.
Les formations dans l’”Itorero” sont là pour rappeler aux jeunes évoluant dans un monde multiculturel, dans la symbiose des cultures, diront certains, leurs valeurs en tant que peuple rwandais.

Avec l’égalité des genres, les Rwandais, tout sexe confondu, doivent bénéficier de la même éducation contrairement au passé, et adopter les mêmes valeurs comme la recherche de la dignité personnelle, de la famille et du pays, le courage, la bravoure, la solidarité sociale, le culte de la vérité, la tolérance, le patriotisme,…

Et comme dans le passé, tout citoyen devrait être capable de lutter pour l’intégrité du pays et défendre l’intérêt national, au besoin verser son sang pour la patrie.

Dans ce sens, le service militaire trouverait sa place et favoriserait le développement de la ”Rwandité” ou tout simplement ”Ndi umunyarwanda.”

Gérard Rugambwa