https://www.traditionrolex.com/25 Burundi : l’arbitraire et l’impunité sont légion

Burundi : l’arbitraire et l’impunité sont légion

Par 2016-08-01 11:05:54

Le journaliste Jean Bigirimana enlevé par le SNR (Photo Iwacu)


La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a publié le 21 juillet dernier un communiqué alertant sur la répression de masse au Burundi contre tous ceux qui sont suspectés d’être opposés au régime en place à Bujumbura. Et pour Marguerite Barankitse, le Burundi est devenu un " Etat voyou" et son président devrait être jugé d’urgence.

La FIDH a dénoncé les violations graves et massives des droits humains qui se commettent quotidiennement contre des citoyens soupçonnés d’être opposés au régime issu du 3 ème mandat de Pierre Nkurunziza. 

En effet, il est devenu monnaie courante qu’il y ait des fouilles-perquisition dans des ménages bien ciblés, des assassinats, des disparitions et des arrestations abusives, dirigés contre les habitants des quartiers et communes ayant manifesté contre le troisième mandat de Nkurunziza.
Ainsi, la FIDH a déjà recensé 1000 personnes tuées, 5.000 détenues dont la plupart le sont abusivement, 800 disparues et une centaine d’arrestations arbitraires par semaine sur le territoire du Burundi.

Même à ce moment, des personnes sont portées disparues dont un journaliste du journal Iwacu, Jean Bigirimana enlevé par des agents du service national des renseignements. La seule faute dont il serait accusé est de s’être rendu souvent au Rwanda.

Face à ces graves violations des droits humains, les défenseurs des droits de l’homme estiment que le pays sombre dans l’arbitraire et l’impunité.

En guise d’illustration de ces violations, la FIDH cite les témoignages des personnes dont un ancien militaire élu local du parti d’opposition FNL, arrêtées par des policiers sans mandat et détenues dans des conditions déplorables.

"J’ai été arrêté par la police quand j’étais au travail. On m’a conduit dans le cachot communal destiné à accueillir 5 personnes, et on était au nombre de 20", a indiqué à la FIDH cet ancien militaire avant d’ajouter qu’il a passé plus de 20 jours, d’un cachot à un autre, dans des conditions très difficiles et sans contact avec sa famille.

Abus de pouvoir

La FIDH considère que prendre de force quelqu’un et ensuite l’incarcérer est un abus de pouvoir surtout que la population n’a aucun moyen de résister face à la décision des autorités locales. Les détenus trouvent qu’ils font objet de grande injustice dans leur détention.
Cependant, des cas de détention dans des conteneurs et de tortures ont été dernièrement révélés par l’ONG SOS Medias Burundi. Dans une commune du nord-est du pays, l’administrateur aurait reconnu que des gens sont emprisonnés dans un conteneur en attendant que la porte du cachot, qui était en panne, soit réparée.

L’ONG a aussi révélé l’existence de plusieurs lieux de détention non officiels au Burundi dans lesquels les personnes soupçonnées de collaborer avec les groupes armés seraient torturées.

Pour tous ces abus commis par le pouvoir CNDD-FDD contre sa propre population, une grande figure de la société civile burundaise en exil du nom de Marguerite Barankitse dit "Maggy", pense que son pays est devenu un "Etat voyou".

Il suggère à la cour internationale de la Haye de juger sans délais le président Pierre Nkurunziza pour tout le calvaire qu’il endure au peuple burundais. "Il ne faut pas que, demain, ça soit comme le génocide rwandais et qu’on nous envoie des ONG d’urgence, alors qu’on pouvait prévenir toutes ces tueries", a prévenu Barankitse dans un entretien accordé à l’AFP le 24 juin 2016. Elle fait constater que cette situation précaire dans laquelle est plongée le Burundi est le fait de la cupidité d’une seule personne qui s’appelle Pierre Nkurunziza.

Crimes contre l’humanité
Maggy Barankitse revient sur un triste bilan de plus de 6.000 personnes emprisonnées dans de très mauvaises conditions, 9 fosses communes déjà retrouvées, plus de 270.000 Burundais en exil ainsi que des centaines de personnes mortes qu’on n’est plus en mesure de dénombrer.

Elle évoque aussi d’autres graves manquements du régime de Nkurunziza tels que l’inculpation et l’incarcération des enfants accusés d’outrage au chef de l’Etat pour avoir dessiner des gribouillages sur des photos du président burundais dans des manuels scolaires.

"Il (Pierre Nkurunziza) a commencé à s’attaquer à ses collègues qui voulaient un Etat de droit au Burundi, et maintenant il s’attaque aux enfants. Il commet un crime contre l’humanité", accuse Barankitse.

Elle n’a pas manqué d’évoquer l’ignoble assassinat par la police du jeune de 15 ans, Komezamahoro Jean Damascène, lors des premières manifestations d’avril 2015 contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza.
"Alors qu’il était à genoux, les bras en l’air, le policier s’est avancé et lui a fracassé le crane", se souvient-elle avec émotion, ajoutant que c’est depuis lors qu’elle a décidé de s’opposer publiquement au président Nkurunziza et son régime. Elle est devenue infréquentable pour ce président alors qu’il l’avait pourtant gratifiée de surnom de "Maman nationale du Burundi".

Que justice soit faite

Il est à signaler qu’aujourd’hui, tous les projets de l’association "Maison Shaloom " de Marguerite Barankitse sont gelés et son hôpital "Rema" de Ruyigi fermé.

Mais cette fervente défenseuse des droits de l’homme et surtout des enfants, continue son combat à partir du camp des réfugiés burundais de Mahama, au Rwanda voisin où elle est exilée. "J’ai été menacée de mort, j’ai eu un mandat d’arrêt international. Alors j’ai décidé de quitter le Burundi… ", a-t-elle raconté à l’AFP.

En espérant être entendue jusqu’au conseil de sécurité de l’ONU, Maggy demande et insiste pour que la communauté internationale vienne en aide aux Burundais et que Nkurunziza soit jugé car "Les crimes de Nkurunziza sont suffisamment connus, le monde entier ne dira pas qu’il n’était pas au courant", devait-elle estimer.

Tesire Mudahemuka


 

 

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