Lutter contre la pénurie alimentaire, permettre à l’agriculteur rwandais de disposer des vivres à tout temps, lui assurer des réserves pendant les périodes de crise et lui chercher des marchés pour la vente de sa production , voilà les principales initiatives du gouvernement du Rwanda au cours de ce septennat : 2010-2017. Une des voies pour y arriver, fut le recours aux coopératives des agri-éleveurs qui ont des structures administratives bien organisées. Elles sont compétentes à contracter des crédits bancaires.

Les coopératives des agri-éleveurs pullulent dans toutes les instances administratives de base du Rwanda, plus essentiellement dans les zones rurales. Tantôt elles renferment des riziculteurs, tantôt des caféiculteurs, tantôt des théïculteurs, tantôt des femmes vendeuses des produits vivriers dans telle ou telle autre entité administrative, tantôt des agri-éleveurs qui ont créé des centres de collecte de lait et pourquoi pas des fromageries ?

Depuis près des deux décennies, leur nombre n’a cessé de croître, car le gouvernement du Rwanda est passé par ces coopératives pour financer les agri-éleveurs dorénavant en difficultés financières.

"Les agri-éleveurs bénéficient des crédits bancaires lorsqu’ils sont membres des coopératives. Ils n’ont pas besoin d’hypothèques, car leurs coopératives sont des structures administratives qui garantissent aux banques du payement de leurs membres", note Etienne Muhire, riziculteur dans le marais de Gatimbazi dans le district de Kamonyi.

Pour Jean Damascène Niyonzima, aussi riziculteur de la même circonscription, les coopératives bénéficient des subsides de l’Etat pour pouvoir développer le secteur agricole.

"Notre coopérative nous donne des engrais, des matériels pour l’irrigation, des insecticides et autres outils pour pouvoir augmenter la production. C’est pendant la récolte que nous remboursons au coût promotionnel tout ce que la coopérative nous a donné ", confie-t-il.

Selon Gaspard Cyubahiro, ancien agronome dans la localité de Kirehe, "Le subside de l’Etat est fondamental : il baisse le coût de production et motive les agri-éleveurs. En conséquence, les denrées alimentaires sont accessibles aux marchés aux prix abordables ", a analysé Cyubahiro

Celui-ci parle de la politique du Rwanda de faciliter les agri-éleveurs à produire suffisamment pour lutter contre les pénuries alimentaires dont le Rwanda a souffert au cours de son histoire.

"Les agri-éleveurs sont des acteurs économiques primordiaux. En effet, ils nourrissent l’humanité toute entière, raison pour laquelle ils doivent bénéficier des subsides et des facilités comme l’accès aux engrais, aux insecticides, aux matériels d’irrigation, et autres outillages qui rentrent dans le secteur agricole", a-t-ajouté.

Consolidation des terres arables pour une agriculture extensive

Si le Rwanda reste un petit pays sur la planète, il n’en restera pas en termes de production. C’est pourquoi il a initié la politique de consolidation des terres arable qui consiste à regrouper les petites terres des paysans pour en faire de grandes étendues pour l’agriculture extensive.

Partout dans le pays, les agriculteurs ont été nombreux à céder leurs champs et marais pour la culture d’une même plante. C’est le cas par exemple des riziculteurs de Kirehe, Est, ceux de Bugarama, Ouest et d’autres qui produisent le riz en termes de plusieurs milliers de tonnes. "Le riz est devenu une denrée accessible à tout le monde. Un kilogramme varie entre 500 à 800 FRW, ce qui est une bonne affaire pour les riziculteurs", a estimé Edouard Karamaga, riziculteur de la vallée de Gatimbazi dans la localité de Kamonyi.

Il atteste avoir produit 6 tonnes de riz paddy au cours de la dernière saison culturale de février à août 2016. "Les agronomes m’ont aidé à bien aménager mes bloques dans le marais, et quotidiennement, ils ont veillé de la présence de l’eau dans toutes les aires arables. Ils sont des envoyés de l’Etat et payé par lui. Pour nous les agriculteurs, nous en sommes satisfaits", a assuré Karamaga.

La consolidation des terres arables a fait appel aux ONG qui forment et initient les agriculteurs à certaines pratiques agricoles spécifiques. Selon Karamaga, des experts sont venus de la Corée du Nord pour aider les Rwandais à aménager les marais.

" Le gouvernement a investi dans de nombreux programmes pour irriguer des marais, terrasses et collines afin d’agrandir la surface de production. Il a fait appel à certains techniciens. Les terrains récupérés sont habituellement donnés à de petits fermiers via des coopératives pour être cultivés", a rappelé Karamaga.

Les coopératives jouent un rôle de plus en plus important dans le développement socioéconomique local. De nombreuses administrations locales et régionales trouvent d’ailleurs dans le modèle coopératif une façon de promouvoir le développement économique local qui garantit des emplois durables, assure la prospérité collective et contribue à un avenir plus viable et équitable pour leurs collectivités.

Le modèle coopératif nourrit le développement local durable de nombreuses localités et régions dans le monde. Le Rwanda a épousé la politique de coopérative afin de réduire, voire éliminer la pauvreté et toutes ses ramification au sein de la population.

Ce dernier septennat a été pour ce pays, une période déterminante, car le Président de la République Paul Kagame avait juré de multiplier par sept les réalisations faites au cours du premier mandat. Parmi elles, il faut sous-entendre les efforts conjugués pour l’éradication de la pauvreté. Les coopératives sont restées la voie sûre dans le secteur agricole.

Force est de souligner que les coopératives agissent comme des catalyseurs, non seulement pour la croissance économique d’un pays, mais aussi pour la croissance sociale.

Safari Byuma