Le manque de devises dû surtout à la suspension des aides de l’Union Européenne et des autres grands donateurs du Burundi fait que les taux de change des devises notamment le dollar américain et l’Euro par rapport à la monnaie locale atteignent des proportions jamais connues au Burundi.

Depuis quelques semaines, les devises se font de plus en plus rares et donc chères au Burundi. Les taux de change des principales devises dont le dollar et l’Euro ont augmenté de manière inquiétante dans les bureaux de change de Bujumbura.

Le dollar américain (monnaie de référence) qui s’échangeait, même au plus fort de la crise, à 1.980 francs burundais, a vu son prix de vente grimper jusqu’à atteindre 3000 BIF.

Pour tenter de remédier à la situation, le gouverneur de la Banque de la République du Burundi (BRB), Jean Ciza, a tenu une réunion avec les propriétaires des bureaux de change œuvrant à Bujumbura et leur a donné l’ordre d’appliquer les taux de change officiels qui varient depuis le 10 août dernier, entre 1650 Fbu et 1680 Fbu pour la vente d’un dollar et 1701 Fbu pour son achat.

Le pays est à court de devises

Cependant, force est de constater que cette injonction de la BRB n’a jamais été suivie par les échangeurs parce que le taux du dollar américain n’a cessé de dépasser les 2.500 BIF tant pour l’achat que pour la vente.

Pour les échangeurs, ”il n’est pas facile de s’adapter aux instructions de la banque centrale tant que les devises sont devenues rares dans le pays et que la BRB et les banques commerciales ne peuvent pas nous en donner”.

Mais pour Jean Ciza, ” les bureaux de change ne doivent pas réguler le commerce. Leur rôle est de convertir de petits montants”. Il précise que les propriétaires de ces bureaux de change utilisent les devises qu’ils collectent auprès des touristes et des fonctionnaires étrangers qui viennent en mission au Burundi.

De leur côté, les échangeurs accusent la BRB de ne pas mettre suffisamment de devises à la disposition des bureaux de change, ils expliquent qu’il n’est pratiquement pas facile de se conformer aux taux officiels.

En réalité, selon une source digne de foi de la BRB, le pays est à court de devises depuis que l’UE et les autres grands bailleurs ont suspendu la coopération avec le Burundi pour pousser les autorités au dialogue avec l’opposition afin de trouver une issue à la crise que traverse le pays depuis le troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Il est à rappeler que l’UE finançait, sous forme de don, plus de la moitié du budget de l’Etat.

L’économie burundaise mal en point

Pour n’avoir pas respecté les instructions de la banque centrale, 15 bureaux de change ont été fermés et 12 échangeurs arrêtés. Des spécialistes affirment que l’économie burundaise est mal en point du fait du manque criant de devises.

” Seuls les importateurs des produits stratégiques à l’étranger peuvent disposer d’une enveloppe consistante de devises pour importation. Mais les autres importateurs moyens ne peuvent pas disposer de plus de 50.000 dollars américains par an”, a indiqué notre source de la BRB.

Signalons que, même si le prix officiel de l’essence a été revu à la hausse (2000 Fbu le litre), ce produit pétrolier n’est pas suffisamment disponible dans tout le pays. C’est notamment les provinces de Gitega, Ruyigi et Rumonge qui en accuse un manque criant. Les propriétaires des véhicules dans ces provinces disent que pour avoir de l’essence, ils en achètent à un prix non officiel de 4000 fbu le litre.

Des sources concordantes disent que les importateurs des produits pétroliers ont des difficultés à trouver des devises suffisantes pour importer ces produits.

Face à cette situation économique intenable, les spécialistes font savoir que seuls la Banque mondiale et le Fonds monétaire international sont qualifiés pour donner des avances nécessaires à l’Etat du Burundi en vue de financer la balance de paiement du pays.

Tesire Mudahemuka