https://www.traditionrolex.com/25 BURUNDI : l’inanité et la mauvaise foi du CNDD-FDD

BURUNDI : l’inanité et la mauvaise foi du CNDD-FDD

Par 2016-08-26 12:25:07

[caption id="attachment_3611" align="aligncenter" width="824"]Pascal Nyabenda Pascal Nyabenda[/caption]


Qui n’a pas vu ou lu les inepties grossières qui émaillent le communiqué de presse no 016/2016 du 16 août 2016 du parti au pouvoir au Burundi- CNDD- FDD  ? Citant les informations du site Canadien http//www.rcinet.ca du 8 août 2016, qui font état d’accompagnement du ministre Canadien de la défense, Harjit Sajjan, par le sénateur Canadien Roméo Dallaire et Louise Arbour, ancien procureur du TPIR à Arusha en Tanzanie, pour soutenir l’envoi de 228 policiers par le Conseil de Sécurité de l’ONU, afin d’enquêter sur les violations des droits de l’homme au Burundi, le député Pascal Nyabenda, alors président du CNDD-FDD s’en prend violemment, pêle- mêle, à Roméo Dallaire, à Louise Arbour et au président du Rwanda, Paul Kagame.

Synthétiser les propos de ce député Burundais nous paraît quasi- impossible tant celui-ci est passé maître dans l’art des amalgames, d’intox et d’usage des mots qui n’ont pas de sens.

Complexe et délirante, l’intrigue de Nyabenda se déploie d’abord contre le général Roméo Dallaire, aujourd’hui sénateur dans son propre pays, le Canada. De quoi Nyabenda reproche-t-il à Dallaire qui, au cours de l’été sanglant de 1994, au péril de sa vie, à la tête de la MINUAR I au Rwanda, a tout fait pour éviter que notre pays ne sombre pas dans le génocide au finishing, en s’interposant personnellement entre les belligérants  ? Des peccadilles  !

Selon Nyabenda, en effet, Dallaire n’aurait été qu’un fourrier de la cinquième colonne du FPR, pendant la même époque. Nyabenda en déduit qu’aujourd’hui, Dallaire en intervenant au Conseil de Sécurité de l’ONU, se préoccupe d’assumer le même rôle, "pour faire les lobbyings préparant la venue d’une force d’invasion au Burundi en particulier et dans un des pays de la Région"- que cependant Nyabenda prend la précaution de ne pas citer.

De quel pays " de la Région" s’agit-il  ? Ici, comme sur bien d’autres de ces affirmations, le député Nyabenda a surtout prouvé son ignorance abyssale, son cynisme et son manque de professionnalisme.

Tout cela est révoltant, bien sûr, mais l’honnêteté, la simple objectivité obligent à dire qu’on ne trouve nulle part, dans la littérature sur la mission du général Roméo Dallaire au Rwanda, où les Casques Bleus placés sous son commandement auraient pris un parti pris pour le FPR ou le régime d’ex- président Juvénal Habyarimana, même lorsque il fut avéré que la partie gouvernementale planifiait l’horrible génocide anti- tutsi.

Aucun rapport des Nations Unies, de l’Union Européenne, de l’OUA, des Médecins sans Frontières [MSF], des Reporters sans Frontières [RSF] ou de toute autre ONG, ou de principales agences de presse internationales, réellement indépendantes, ne font mention de cette ingérence. Aucun témoignage écrit ou audio- visuel n’y fait allusion.

Mais comment Nyabenda ne sait-il pas cela  ? Jusqu’à affirmer, au contraire, tout de go, que " […] c’est aussi ce Roméo Dallaire qui a installé toute l’artillerie des Inkotanyi dans la Capitale Kigali  ; et partout où il a mis le pied, il y a installé des canons en faveur du FPR- Inkotanyi" [sic]. N’est- ce pas gros  ? Nous pensons que Nyabenda est de mauvaise foi, ou bien il pèche, comme nous l’avons déjà vu, par piètre ignorance, et ses convictions paraissent farcies de croyances délirantes.

En réalité, ami lecteur, au centre le plus intime de tout combat du FPR- Inkotanyi pour la libération nationale du peuple rwandais, il existe quelque chose qui, probablement, dépasse un homme superficiel comme Nyabenda, et qu’un essai de sociologie ne pourra jamais formuler  : une émotion profonde qui bouleverse- au sens littéral du terme- tous les sentiments ordinaires de ceux qui ont pris part à d’autres mouvements de libération.

Ce n’est pas seulement l’espérance partagée d’une vie meilleure qui unissait les combattants "Inkotanyi". Un autre sentiment plus fort encore les réunissait  : c’est la décision de chacun d’accepter lucidement le martyre, la volonté de mettre en jeu librement, sans contrainte autre que celle que leur imposait leur conscience, leur propre vie.

La guerre civile rwando- rwandaise, entre le 1 er octobre 1990 et le 4 juillet 1994, était d’une indicible cruauté  : quiconque, parmi les combattants du FPR, tombait entre les mains de la soldatesque ennemie, des mercenaires Français et, plus tard, des sinistres miliciens "Interahamwe" [même affiliation idéologique que les miliciens Imbonerakure du CNDD-FDD], subissait les tortures effroyables.

Seuls un combattant ou une combattante qui avait renoncé, intérieurement, à toute exigence de survie personnelle pouvait vaincre nerveusement, quotidiennement la certitude d’une agonie sous la torture. C’est à ce prix seulement que l’on doit la victoire éclatante "Intsinzi" du FPR contre l’oppression, le 4 juillet 1994, et non aux porteurs de valise et aux alliances extérieures, y compris la MINUAR.

Même genre de considérations emphatiques lorsque le communiqué no 016/2016 du CNDD- FDD évoque Louise Arbour et le président du Rwanda, Paul Kagame. Pourtant, comme on le sait universellement, la première, en tant que procureur du TPIR, a posé les jalons d’une justice équitable, pédagogique et réconciliatrice pour le peuple rwandais, après les affres du génocide anti- tutsi de 1994.

Quant au second, il a relevé son pays du gouffre où l’avaient enfoncé les maîtres à penser [Grégoire Kayibanda et Juvénal Habyarimana] du député Pascal Nyabenda et de la faction dirigeante du CNDD- FDD, au Burundi. En hommage au président Kagame, son homologue, le président Alpha Condé de Guinée dit ceci  :"Je respecte beaucoup le président Kagame, je l’admire pour ce qu’il fait pour le peuple rwandais, j’espère pouvoir ainsi servir la Guinée".

Effectivement, d’après une publication "Africa comes to Kigali" [2016], p.36, parmi les chefs d’Etat de sa génération, c’est Paul Kagame qui a réalisé le record de développement humain, pour son pays, suivi par la R.P. de Chine. Mais cela Nyabenda ne le dit pas.

Au total, son analyse manque de rigueur. Le contexte n’est d’ailleurs jamais donné, par exemple, celui des tiraillements internes entre les modérés et les faucons au sein de son propre parti CNDD- FDD. Si Nyabenda, avait voulu faire une œuvre utile pour son pays, il aurait critiqué ces derniers, avec raison, qui s’appuient sur les mêmes amalgames pour rejeter la présence de 228 policiers des Nations Unies au Burundi. Au lieu de les encourager dans leur fuite inexorable en avant.

En final, Pascal Nyabenda écrit ostensiblement que " tous les montages génocidaires contre le gouvernement dit Hutu de Kigali avaient été mis au point et la projection de la responsabilité du génocide sur le gouvernement en place avait été bien affinée par les envahisseurs" [resic].

Ce qu’il profère ainsi est gravissime, sanctionné par la justice internationale déjà alarmée par les exécutions extrajudiciaires [345], des cas de tortures raffinées [651], de viols massifs et d’innombrables disparitions inexpliquées au Burundi, depuis avril 2015.

Pendant ce temps, 2 personnes environ sur 3 ont un revenu inférieur au seuil d’extrême pauvreté [moins de 1,25 dollar par jour]. Presque toute la population du pays est punie pour des actes dont elle ne porte aucune responsabilité. Cependant, cette population martyrisée n’a pas encore dit son dernier mot.

Quant à nous et l’opinion publique internationale, en général, ce qu’on sait de l’horrible génocide anti- tutsi de 1994 au Rwanda, de ses effets irrémédiables sur le tissu social de notre pays, nous interpelle, et nous crée une obligation éthique.

Nous ne pouvons pas nous faire le complice, par l’omission, des faits criminels avérés en cours au Burundi, perpétrés par le régime du CNDD-FDD, que d’aucuns nomment, avec des preuves irréfutables à l’appui, "un génocide politico- ethnique au compte- gouttes". Au nom de je ne sais quel principe, aujourd’hui périmé, de démocratie des quotas favorisant la médiocratie et la terreur érigées en méthode exclusive de gouvernement.

Jean- Baptiste Rucibigango


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