https://www.traditionrolex.com/25 Gaspard Mujyambere : le dialogue pour mieux éduquer l’enfant

Gaspard Mujyambere : le dialogue pour mieux éduquer l’enfant

Par Admin 2016-10-18 14:54:28

Coordinateur de Right to Play dans les districts administratifs de Nyarugenge (Kigali) et Ruhango (sud), M. Gaspard Mujyambere s’oppose à tout genre de punition corporelle dans l’éducation de l’enfant comme la pédagogie moderne en recommande. Il préconise avant tout, le dialogue entre maître et élève pour la correction de l’enfant. Les parents doivent aussi immerger dans cette logique qui s’oppose à l’éducation traditionnelle recourant au châtiment corporel. Interview !

La Nouvelle Relève (LNR) : Qu’est-ce que Right to Play ?

Gaspard Mujyambere (GM) : C’est une ONG internationale dont la mission s’inscrit dans l’éducation de l’enfant à travers les jeux. Ceux-ci favorisent le développement harmonieux de l’enfant avec pour conséquence un impact positif sur son éducation. Right to Play est effectif au Rwanda depuis 2003. Son siège international est au Canada et œuvre dans plusieurs pays de la planète. Au Rwanda, deux branches sont situées à Kayonza-Bugesera et Nyarugenge-Ruhango.

LNR : Faut-il regarder toujours la punition corporelle comme un mal à éviter par un enseignant ?

GM : La punition corporelle est à éviter dans toutes les circonstances de la faute d’un élève ou d’un enfant. Elle peut nuire à son épanouissement. En infligeant un châtiment corporel à un enfant, il y a plusieurs risques qui en découleraient. D’abord, sous le poids de la colère, l’enfant risque d’être blessé, frustré, humilié, insécurisé, …, ce qui le conduit à avoir de la haine dans son profond intérieur avec l’option d’abandon de l’école. Right to Play joue le rôle intermédiaire entre enseignant et enfant en leur assurant des formations sur les droits de l’enfant et les méthodes pédagogiques qui conviennent pour la bonne éducation de l’élève. C’est pourquoi, à travers les jeux, l’enfant retrouve la chaleur sociale et l’esprit d’appartenance qui font que l’école soit pour lui, un véritable ami, un lieu spécifique pour son éducation.

LNR : Les punitions corporelles sont-elles disparues dans les établissements scolaires au Rwanda ?

GM : Elles existent encore, mais pas alors au seuil alarmant comme il en était le cas dans les années antérieures. La bonne éducation de l’enfant sous-entend le non usage du bâton. Il faut toujours privilégier le dialogue qui permet à l’enfant de comprendre sa faute, et ainsi l’aider à changer son comportement. Dans ce contexte, nous avons formé des élèves issus de l’Ecole Primaire Intwari et ceux du Groupe Scolaire d’Akamunigo (Kigali) sur leurs droits en parallèle avec la formation de leurs enseignants sur les sanctions positives à adopter dans leur carrière enseignante. Ces élèves formés ont la mission d’être pionniers de la promotion de leurs droits avec l’espoir de sensibiliser leurs collègues au changement d’attitudes à l’école, à la maison et dans tout leur environnement éducatif.

LNR : Le pas franchi dans l’abolition du châtiment corporel au Rwanda mérite-t-il sa place ?

GM : La route est encore longue ; la presse fait état des enfants victimes des coups et blessures ainsi que des accidents graves lorsqu’ils sont châtiés. Il arrive que les parents infligent à leurs enfants des terribles punitions comme brûler les mains d’un enfant qui a volé. Et pour les enseignants, ils blessent leurs élèves sans pour autant avoir l’intention de blesser. On comprend bien qu’il faut abandonner la culture du bâton, car personne ne peut mesurer le degré de sa colère lorsqu’il doit punir un enfant… en gros, les risques sont nombreux !

LNR : Y a-t-il une collaboration avec les instances de l’Etat pour pourvoir atteindre aisément vos objectifs ?

GM : Nous avons plusieurs partenaires. Nous travaillons avec les écoles qui sont dans la même entité administrative que nous. Nous avons pour partenaires les instances administratives de base, les institutions publiques qui ont l’éducation dans leurs attributions comme MINEDUC, REB, la Commission Nationale pour l’enfant (NCC) et autres.

LNR : Quel est votre message particulier adressé à la communauté rwandaise ?

GM : Il faut noter que la punition corporelle détourne l’enfant de son développement harmonieux aussi bien à l’école qu’à la maison. Nous militons pour l’approche de l’écoute de l’enfant et puis le dialogue. Toutefois, il faut comprendre que toute sanction positive est la bienvenue pour l’éducation parfaite de l’enfant. Dans la culture rwandaise, il y a plusieurs proverbes qui parlent sur les sanctions positives à privilégier. Nous les prenons en considération.

Propos recueillis par Safari Byuma

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