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Les déclarations de Trump inquiètent les Européens

Par Admin 2017-01-16 16:00:51

Le succès que constitue le Brexit, l’"erreur catastrophique" d’Angela Merkel au sujet de l’accueil des réfugiés, l’Otan qualifié d’organisation obsolète… Le président élu américain, Donald Trump, n’a pas mâché ses mots lors de son interview, publiée dans les quotidiens "Times" et "Bild", dans laquelle il livre sa vision de l’Europe.

Des saillies qui n’ont pas manqué de faire réagir les responsables politiques européens.

L’Otan, qualifiée d’obsolète par le milliardaire, est préoccupée par les remarques de Donald Trump, a fait savoir ce lundi le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier.

Le président élu américain, qui sera investi vendredi prochain, a déclaré aux journaux britannique Times et allemand Bild que les États membres de l’organisation militaire ne payaient pas leur part de la défense commune et se reposaient sur les États-Unis.

« Les déclarations du président élu Trump, qui considère l’Otan comme obsolète, ont été reçues avec inquiétude », a déclaré Frank-Walter Steinmeier à la sortie d’un rendez-vous avec le secrétaire-général de l’Otan Jens Stoltenberg, et avant de retrouver ses homologues de l’UE pour une réunion à Bruxelles.

Cette remarque est « en contradiction avec ce que le (futur, N.D.L.R.) ministre de la défense américain a dit lors de son audition à Washington il y a seulement quelques jours », a souligné Franck-Walter Steinmeier.

La chancelière allemande Angela Merkel a affirmé lundi que les Européens avaient leur destin « en main » après les vives critiques du président élu Donald Trump à l’égard de l’Union européenne et ses louanges pour le Brexit.

« Je pense que nous les Européens avons notre destin dans nos propres mains. Je vais continuer de m’engager pour que les 27 États membres travaillent ensemble vers l’avenir(...) face aux défis du 21e siècle », a-t-elle déclaré, interrogée lors d’une conférence de presse sur le soutien de M. Trump à la sortie du Royaume-Uni de l’UE et sa prédiction de voir d’autres pays faire le même choix.

Une Otan forte est « bonne pour les États-Unis »

La réunion des 28 ministres des Affaires étrangères ce lundi à Bruxelles « sera vraisemblablement influencée, sinon déterminée, par les déclarations du président élu américain, qui a provoqué étonnement et agitation à Bruxelles, et je suppose, j’en suis sûr, pas seulement à Bruxelles », a encore admis le chef de la diplomatie allemande. « Nous verrons quelles seront les conséquences pour la politique américaine », a poursuivi le ministre.

L’Otan a néanmoins réaffirmé lundi sa « confiance absolue » dans le maintien d’un « engagement fort » des États-Unis auprès de l’Alliance atlantique sous la présidence Trump. Le secrétaire général de l’Alliance « est absolument confiant dans le fait que la nouvelle administration américaine va rester engagée avec l’Otan », a déclaré une porte-parole de l’organisation Oana Lungescu.

La porte-parole a rappelé que MM. Stoltenberg et Trump s’étaient entretenus au téléphone peu après la victoire électorale du second en novembre.

La discussion a notamment porté, a-t-elle dit, sur la manière dont l’Otan « doit continuer à s’adapter à un nouvel environnement sécuritaire, qui inclut la lutte contre la menace terroriste, ainsi que le besoin de dépenses plus élevées en matière de défense au sein de l’Alliance ». « Une Otan forte est bonne pour les États-Unis, tout comme elle l’est pour l’Europe », a-t-elle conclu.

Appel à l’unité des Européens

De son côté, le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault, a estimé que « la meilleure réponse » à donner par les Européens aux dernières déclarations de Donald Trump sur l’Union européenne (UE) ou le Brexit était d’afficher leur « unité ».

« La meilleure réponse à l’interview du président américain, c’est l’unité des Européens », c’est de « faire bloc », a déclaré Jean-Marc Ayrault à son arrivée à une réunion de l’UE à Bruxelles, en réponse aux formules choc employées par le président élu des États-Unis qui a notamment jugé que le Royaume-Uni « a eu bien raison » de sortir de l’UE.

« Les déclarations de M. Trump interpellent c’est pourquoi j’attends avec impatience que le secrétaire d’État américain qui va succéder à John Kerry, Rex Tillerson, puisse prendre rapidement ses fonctions pour que je le rencontre, pour qu’on puisse discuter de tous les points importants », a déclaré Jean-Marc Ayrault, citant l’avenir des relations avec la Russie, la question ukrainienne, ou encore l’accord sur le nucléaire iranien.

Selon lui, la gestion des « affaires du monde », demande « de plus en plus de régulation », « de concertation », et de « multilatéralisme » et « non pas le retour au nationalisme et au chacun pour soi ».

« Ne pas tomber dans une dépression »

Le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, a fait écho au chef de la diplomatie française en affirmant que l’Europe devait faire preuve « d’assurance » après les vives critiques du magnat de l’immobilier concernant l’Union européenne, l’Otan et la politique migratoire d’Angela Merkel.

« Je pense que nous, Européens, ne devons pas tomber dans une profonde dépression, je ne sous-estime pas ce que dit Trump sur l’Otan, sur l’UE, mais faire preuve d’un peu d’assurance nous ferait du bien dans une telle situation », a dit Sigmar Gabriel, également ministre de l’Économie, au quotidien Bild.

« L’Europe, dans la phase actuelle où nous sommes affaiblis, doit se ressaisir, elle doit agir avec assurance et défendre ses propres intérêts », a jugé Sigmar Gabriel.
Le vice-chancelier a aussi répondu aux critiques de Donald Trump sur l’accueil par l’Allemagne de plus d’un million de demandeurs d’asile, fuyant notamment les guerres en Syrie en Irak, en soulignant que ces flux étaient la conséquence de la politique américaine au Moyen-Orient, en particulier l’invasion de l’Irak de 2003.
Les conséquences de la guerre en Irak.

« Ce que nous avons aujourd’hui, ce sont les conséquences de cette guerre (d’Irak), de la politique interventionniste des États-Unis depuis 1953 en Méditerranée, au Proche-Orient, en Iran aussi, si bien qu’une guerre a suivi l’autre, aboutissant à des flux de réfugiés auxquels l’Europe a été confrontée et pas les États-Unis », a-t-il relevé.

Sigmar Gabriel a à ce titre dit être d’accord avec M. Trump qui dans son interview estimait que l’invasion américaine de l’Irak sous l’administration de George W. Bush avait sans doute été la pire décision jamais prise par les États-Unis.

Le ministre allemand a cependant dit craindre que « la Russie remplisse le vide » si les États-Unis devaient se retirer du Moyen-Orient : « ça ne peut être dans l’intérêt des Européens ».

Enfin, le vice-chancelier a jugé qu’il fallait attendre de voir ce que le rapprochement éventuel entre Washington et Moscou allait donner. « Nous voyons tous avec un peu d’inquiétude que Trump et (le président russe Vladimir) Poutine s’entendent sur toutes les mauvaises questions. Mais d’un autre côté, il faut dire qu’une confrontation moins forte entre les États-Unis et la Russie serait quelque chose de judicieux », a déclaré le numéro deux du gouvernement allemand.
Être pragmatique selon Pierre Moscovici

« Je ne crois pas que des commentaires qui en quelque sorte valorisent la division de l’Union, y compris en prévoyant de futurs départs, soient le meilleur départ dans les relations euro-atlantiques avec le nouveau président », dit le commissaire européen Pierre Moscovici. A l’approche de l’entrée en fonction du président élu aux Etats-Unis, il affiche également sa volonté d’adopter une attitude circonspecte et « pragmatique » dans l’évolution des relations transatlantiques.

« Je ne confonds pas bien sûr le candidat et le président Donald Trump » mais « avec ce président ce sera certainement rock and roll et la seule sagesse possible, à quelques jours de sa prise de fonction, je pense que pour nous c’est le ’wait and see’ ».

Tout en se refusant à faire « des procès d’intention ou des polémiques » en attendant l’entrée en fonctions effective de l’administration Trump, Pierre Moscovici a souligné qu’il n’y avait que peu de raison d’être optimiste.

"J’espère qu’une fois passée cette phase de l’installation, le climat sera comme toujours un climat coopératif avec les Américains" mais « si un certain état d’esprit se confirme, alors l’Europe ne doit pas être naïve et l’Europe doit être capable de réagir et d’agir ».

Jean Louis KAGAHE
Source : Ouest-france

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