Josiane Nabakujije, ancienne travailleuse domestique est devenue vendeuse des fruits au marché "Chez Mutangana" (photo-ADBEF)

Sous le financement du Programme des Nations Unis pour le Développement, PNUD, l’Association de Défense de Droits, de Développement et du Bien-être Familial s’est fixé, de 2014 à 2017, d’encadrer les travailleurs domestiques issus des secteurs administratifs de Kimisagara, Gitega,Nyarugenge et Rwezamenyo dans le district de Nyarugenge, en renforçant leurs capacités en matière d’épargne et de crédit, et dans la lutte contre les violences domestiques.

Selon Ndagijimana Lyhotely, Président de l’ADBEF, « bien que la formation se fasse à Kigali, les travailleurs domestiques ainsi formés à l’épargne et au crédit vont appliquer leurs acquis au village, auprès de leurs familles où ils se construisent des maisons d’habitation pour certains, d’autres élèvent des vaches et des porcs, tandis que d’autres développent des activités commerciales ».

Joséphine Niyonsaba originaire du secteur administratif de Save, District de Gisagara, Province du sud a opté pour l’épargne d’une partie de son salaire et au bout d’un certain temps s’est achetée une vache, s’ouvrant ainsi la voie au succès, a fait remarquer Lihotely.

A part la vache, Joséphine élève aussi des porcs et envisage plus grand car, dit-elle, « je compte ouvrir une boutique, me construire une maison pour ensuite développer d’autres projets ».

Nyirantezimana Ange du district de Gakenke quant à elle avait choisi de faire garder son épargne par sa mère restée au village, et comme cette dernière le raconte, de retour à la maison, elle a opté pour l’achat d’une vache.

Josiane Nabakujije du district de Gicumbi qui ne touchait que 12 mille francs a changé de vie grâce à l’épargne d’une partie de son salaire l’ayant conduit au commerce des fruits. Elle a aujourd’hui un stand au marché de Nyabugogo appelé « Chez Mutangana ».

Les travailleurs domestiques sont aussi formés et informés sur leurs droits

L’ADBEF ne s’est pas contenté de dispenser aux travailleurs domestiques une formation sur l’épargne uniquement, mais aussi sur leurs droits car, nombreux sont ceux d’entre eux qui sont maltraités par leurs patrons, d’autres ne bénéficient pas de leurs salaires comme il se doit etc. Dès lors, ils ont besoin d’être protégés comme les autres citoyens.

Après avoir reçu la formation, Joseph Mugabukwari a confié, « la formation m’a permis de connaitre mes droits en m’ouvrant par exemple l’esprit pour recourir à la police ou aux autorités de base en cas de besoin ».

Uwiduhaye Marie Claire, quant à elle, a promis de partager les acquis de la formation en informant ceux qui ignorent encore leurs droits.

Les acquis de la formation n’ont pas fait la satisfaction des seuls travailleurs domestiques ni des officiels de l’ADBEF seulement, mais aussi de leurs patrons qui ont vu le rendement de leur travail s’améliorer.

Saad Munyenkumburwa affirme que les travailleurs domestiques sont actuellement bien outillés pour organiser leur travail journalier, tandis que Aisha Mukabugarura qui s’est résolue de respecter les droits des travailleurs a déclaré : « mon travailleur ne pratique pas le même culte que moi, il est chrétien, mais il va à la messe après avoir réalisé son travail de la matinée.

L’ADBEF est décidé à poursuivre son plaidoyer en faveur des travailleurs domestiques pour qu’ils jouissent un jour de tous les droits au même titre que les autres travailleurs publics.

Jean Louis KAGAHE