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Rwanda-services médicaux : les hôpitaux publics mieux appréciés que les privés

Par 2015-03-22 14:12:52

[caption id="attachment_489" align="alignnone" width="768"]L'hôpital de Kinazi, Sud, en pleine construction  (Photo James R) L’hôpital de Kinazi, Sud, en pleine construction (Photo James R)[/caption]


 

Les services médicaux des hôpitaux publics sont de loin supérieurs et appréciés par plusieurs Rwandais que ceux des cliniques et hôpitaux privés. La raison en est que l’Etat contraint toutes les institutions publiques dont les centres de santé et les hôpitaux à livrer de bons services à l’endroit des clients ou malades. Les cliniques privées transfèrent naturellement leurs malades dans les hôpitaux publics, mais l’inverse ne se fait pas au Rwanda…

Quand on évoque les services médicaux dans le secteur public et privé, il y a toujours matière à discussion. Les Rwandais s’y expriment aisément et ont toujours des illustrations pour renforcer leurs positions. Les uns sont d’accord que le Rwanda a grandement renforcé le secteur de santé notamment dans les services publics et d’autres sont indifférents pour en parler. Ils préfèrent plutôt, évoquer des cas isolés pour critiquer telle institution à la place de l’autre, suivant leur expérience ou circonstance vécue dans un service médical donné.

"Si vous voulez un service médical rapide et efficace, il faut aller au privé ", argue Mme Jeannette Umubyeyi, une mère de trois enfants de la localité de Kimihurura à Kigali.

C’est le cas également de Jean Pierre Bigirimana qui reste admiratif du service reçu quand il a eu à se faire suturer dans un cabinet médical privé de Kigali pour un cas de vaisseau sanguin coupé et qui laissait couler trop de sang.

« Je sais trop quand je me suis rendu au cabinet privé pour le traitement pendant la nuit, on m’a bien accueilli, on m’a suturé et je suis rentré dans un bref délai. Ils sont dans le business et vendent un service rapide. »

Avis contraire pour cette trentagénaire, Anne-Marie Uwitonze qui évoque le coût des services médicaux privés très chers et de fois, assurés dans un climat de grande compétitivité et de stress tant chez les malades que chez le personnel médical.

"Les pauvres et les moyens financièrement côtoient les centres de santé et hôpitaux publics. Il y a, le plus souvent, beaucoup de malades, mais les services ne sont pas forcément mauvais comme on a toujours entendu parler des mauvais services dans les hôpitaux publics ", clame Anne-Marie Uwitonze qui a passé quatre jours dans une clinique privée de Kigali pour une cause de pneumonie de son bébé sans avoir eu d’amélioration. Son bébé, quand il a été transféré au Centre Hospitalier Universitaire de Kigali (CHUK), les médecins ont très vite détecté cette maladie…

"C’est le rendre compte à l’Etat des médecins et de tout le personnel médical qui fait que les services des hôpitaux publics soient améliorés", dévoile KMP, infirmière du CHUK qui revient sur des rapports incessants des médecins qui expliquent dans quels contextes les morts sont enfin décédés… "C’est frustrant et stressant, chaque mort d’un patient est accompagné d’un rapport…", ajoute l’infirmière.

Cette dernière a en outre montré que le Ministère de la Santé veille toujours à la qualité des services que les services publics médicaux livrent à leurs patients."Vous connaissez le slogan : " des bons services" qui est répété par n’importe qui dans la rue et dans les fonds coins du pays, car les médias y reviennent souvent. Les malades ont été aussi informés de leurs droits. Lorsqu’ils ne sont pas satisfaits des services reçus, ils vont tout droit à la hiérarchie supérieure pour dénoncer le responsable", raconte la même infirmière du CHUK.

Dans le secteur médical privé, les pauvres sont contraints de payer un montant de loin supérieur à leur capacité financière et généralement évitent d’y aller pour des consultations ou examens médicaux.

Puisque ceux qui fréquentent les institutions médicales privées sont ceux qui disposent de moyens financiers. Des fois, il ya des abus que certains dénoncent notamment la multiplication des soins pour plus de gain, les résultats de laboratoire qui sont donnés sans devoir préalablement passer aux examens de confirmation, les certificats médicaux délivrés sans aucun examen, les expertises médicaux faits dans la complicité avec les compagnies d’assurances quand il s’agit de déterminer le taux d’incapacité corporelle lorsqu’il faut dédommager des cas d’accident…

Des témoignages anonymes concernant les institutions sanitaires privées dénoncent le manque d’éthique qui se caractériserait par la recherche effrénée du gain et la vérité biaisée volontairement.

Ce sont les citadins qui ont accès aux services des privés, car les propriétaires ne peuvent pas implanter leurs cliniques dans les milieux où ils peineraient à avoir des clients, autrement dit dans les milieux ruraux.

"Les hommes d’affaires savent où placer leurs cliniques. Ils procèdent d’abord à l’étude du marché pour alors décider ", a montré Patrick Ndayizeye dont la localité natale de Nyakinama dans le district administratif de Musanze n’a aucune clinique privée.

"A Kigali, ces cliniques donnent des services rapides et efficaces. Mais pour les cas complexes, ils transfèrent les malades aussitôt dans les hôpitaux publics", note BT, médecin à la clinique Baho à Kigali qui précise que les cliniques n’ont pas de morgue.

Jean Pierre Maisha, Congolais résidant au Rwanda depuis dix ans, a évoqué la réticence des cliniques privées vis-à-vis des patients gravement malades. Il a évoqué la culture des cliniques kinoises qui accueillent des malades relativement bien portants. Pour les moribonds, elles ne les acceptent pas.

"La logique est celle-ci : si dans une clinique il y a un mort, les patients en restent effrayés. Ils en parlent aux autres et en conséquence, la clinique perd de sa crédibilité et tombe dans la défaillance dans les prochains jours. Telle serait la tendance aussi des cliniques et hôpitaux privés au Rwanda", a expliqué Maisha qui salue la grandeur d’esprit des Rwandais devant toute circonstance de la mort humaine.

[caption id="attachment_490" align="alignnone" width="768"]Dans une des salles d'opération au CHUK Dans une des salles d’opération au CHUK[/caption]


 

Les hôpitaux publics plus équipés

Sans nul doute, les services hospitaliers publics sont véritablement équipés suivant leurs compétences. Le CHUK qui est un hôpital universitaire de référence, reçoit entre 500 et 1000 transferts de malades par jour.

Le service des Relations Publiques du CHUK montre que tous les hôpitaux des districts transfèrent au CHUK pour son savoir-faire. "Je vous informe que le CHUK a des appareils sophistiqués, à jour au même titre que l’Hôpital Roi Fayçal", déclare Pascal Mbuguje, chargé des Relations Publiques.

Il démontre que tous les hôpitaux publics sont dotés d’équipement de pointe, car ils sont financés par l’Etat."A côté des équipements, le CHUK compte 87 médecins dont 51 spécialistes. Ceux-ci traitent des patients suivant les complications qu’ils présentent ", a ainsi montré la capacité du CHUK de livrer des services adéquats.

"Même si des statistiques ne montrent pas combien de Rwandais ont fréquenté les services médicaux au Rwanda au cours d’une année, on reste cependant convaincus que les services médicaux publics sont les plus consultés par beaucoup de Rwandais", remarque Peter Karamira dont l’assurance maladie (Mutuelle de santé) aide à soigner son diabète.

"Qui a vu les services privés accepter l’assurance-maladie populaire nommée : Mutuelle de Santé ? Seuls les services médicaux publics la reçoivent suivant la politique de l’Etat ", ajoute Peter Karamira.

Dans la ville de Kigali, des hôpitaux privés sont aussi nombreux, mais ils n’ont pas encore tous les équipements nécessaires pour atteindre un haut niveau de qualité des services. "Le CHUK n’est pas encore accrédité à l’échelle internationale comme un hôpital qui remplit toutes les normes et/ ou standards requis. Il a été côté de 83%, mais il affiche une faiblesse dans 15 domaines", a dévoilé Pascal Mbuguje, le Relationniste du CHUK, la grande difficulté des hôpitaux au Rwanda qu’ailleurs en Afrique surtout.

"Si le CHUK affiche de telles difficultés, combien un hôpital privé en serait en déroute ?", s’interroge Clarisse Nyinawinkindi, une patiente rencontrée dans la clinique de CHUK.

Pour illustrer ce défi de manque d’équipement dans les services privés, un papa témoigne de son amertume ressenti dans une clinique privée tout proche du CHUK. En effet, ce patient qui avait deux gamins en convalescence après une circoncision, met en cause cette clinique qui accuse d’un dysfonctionnement sur certains aspects clés.

[caption id="attachment_491" align="alignnone" width="768"]Les plus démunis ont droit de se faire soigner dans les services médicaux de l'Etat, tel est la règle (Photo Archives) Les plus démunis ont droit de se faire soigner dans les services médicaux de l’Etat, tel est la règle (Photo Archives)[/caption]


 

Ses petits avaient passé plusieurs heures d’attente au service du pansement parce qu’il n’y avait pas de bistouri pour enlever les files ayant servi à la circoncision. "L’infirmière qui était là, nous avait dit qu’il y avait un et un seul bistouri pour la maternité qui ne servirait pas à la fois pour la césarienne et pour le pansement…. C’est parce que c’était samedi, a-t-elle noté. Comme l’amertume m’envahissait de plus en plus, je suis parti aux boutiques qui longent la route du CHUK pour me procurer une lame de rasoir à la place du bistouri. Enfin, le médecin est venu au secours de mes gamins… ", a ainsi déploré, ledit papa, la mauvaise administration de la clinique.

Les soins de santé conditionnés par l’assurance-maladie

Avec l’introduction du système d’assurance-maladie au Rwanda, il ya eu la prise de conscience sur la responsabilité du citoyen dans le coût des soins qui lui sont donnés par les services sanitaires. Ce changement a mis fin à l’existence de l’Etat providentiel et le début de l’Etat qui fait des politiques durables car il ya la responsabilité de la population.

C’est dans ce cadre qu’il ya eu la Rwandaise d’Assurance-maladie (RAMA) en 2001 pour salariés du public d’abord et ensuite pour ceux du parastatal et du privé qui remplissent les conditionnalités.

Encore, les assureurs privés ont mis sur le marché des produits d’assurance-vie dont ceux d’assurance-maladie. C’est une petite tranche de la population qui bénéficiait de cette embellie car il fallait des moyens pour accéder à cette nouvelle assurance.

Pour effacer ces inégalités devant les soins, il ya eu introduction de la mutuelle de santé incluant tout citoyen Rwandais. Depuis lors, chaque Rwandais est supposé être détenteur d’une assurance-maladie comme cela existe dans tout pays moderne qui a mis en place des mécanismes responsables de protection social.

Encore, l’Etat rwandais n’a pas lésiné sur les moyens pour mettre en place les infrastructures nécessaires pour de bons services de santé ainsi que la formation du personnel médical et paramédical afin d’être à la hauteur des attentes de leurs clients.

Il faut ajouter que la culture d’un bon service à la clientèle est depuis un bon bout du temps enseigné chez les Rwandais. Ceux qui fréquentent les institutions sanitaires se prononcent différemment sur les services reçus, et d’énoncer un traitement inéquitable à cause du type d’assurance-maladie du patient.

A suivre…

Safari Byuma & Pascal Niyonsaba


 

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