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Afrique : développer le capital intellectuel, une nécessité

Par 2015-04-20 08:09:33

[caption id="attachment_724" align="alignnone" width="768"]L'adoption de la technologie moderne est l'une des voies pour l'Afrique d'entrer dans la modialisation (Photo Pascal Niyonsaba) L’adoption de la technologie moderne est l’une des voies pour l’Afrique d’entrer dans la modialisation (Photo Pascal Niyonsaba)[/caption]


 

Plus d’un croiraient que le capital était un autre dénominatif pour l’argent, la richesse accumulée d’un pays ou ses habitants. D’autres penseraient que la richesse est déterminée par l’argent ou les biens accumulés. Or, selon une publicité de la Deutsche Bank dans le Wall Street Journal qui disait : « Le capital ce sont les idées. Le reste ce n’est que de l’argent ». L’on s’étonnerait de la simplicité d’une idée aussi éloquente que puissante.

Alors, il faut s’imaginer ce que ce pouvoir pouvait signifier pour l’Afrique. Le potentiel de progrès et de lutte contre la pauvreté repose sur le capital généré par le pouvoir dans nos esprits, pas sur notre capacité à extraire des minéraux du sol ou demander un allègement de la dette et de l’aide étrangère.

Si les idées sont du capital, pourquoi l’Afrique investit plus dans des choses que dans l’information, et plus dans les armes que dans l’éducation ? Soudain, j’ai réalisé ce que cette idée pourrait signifier pour l’Afrique. Si la plume est plus puissante que l’épée, pourquoi un Général gagne plus qu’une centaine d’écrivains réunis ? Si les idées sont en effet du capital, l’Afrique devrait alors stopper la fuite de ses cerveaux et promouvoir la renaissance africaine. Après tout, une renaissance est avant tout celle des idées. Et le savoir et les idées sont les moteurs qui stimulent la croissance économique.

Tant que les hommes et les femmes d’idées, ceux qui donneront naissance à de nouvelles idées africaines, fuient vers l’Europe et les Etats-Unis, la renaissance africaine ne se produira pas en Afrique mais à Paris, Londres et New York. Il y a plus de musiciens Soukous à Paris qu’à Kinshasa ; plus de joueurs professionnels africains de football en Europe qu’en Afrique, pour ne citer que ceux-ci.

Encore, il y a un autre paradoxe dans l’éducation en Afrique, là où on a commencé à investir dans le capital humain par la création d’universités et collèges pour former les cadres supérieurs, force est de constater que les lauréats sont des diplômés et pas des intellectuels, ils brillent par des diplômes mais ne le sont pas au travail.

L’on pourrait donner raison au chef de l’Etat rwandais qui, devant la communauté du campus universitaire du Rwanda sis à Huye, dans le Sud du Rwanda, a affirmé que « les diplômes qui ne changent pas le modus vivendi de la population sont insignifiants. »

Le président Paul Kagame a passé un message fort aux universitaires africains de se former pour changer la vie des populations, de trouver la solution à la pauvreté. La littérature africaine est plus épanouie à l’étranger qu’elle ne l’est en Afrique. Les Africains en Europe sont en train de lutter contre la pauvreté en Europe, pas en Afrique. Tant que les hommes et les femmes d’idées, les véritables guérisseurs de l’Afrique, ne rentreront pas à la maison, la renaissance africaine et la lutte contre la pauvreté resteront des slogans creux. Après tout, les idées les plus brillantes sont générées et exploitées par les hommes d’idées.

« La puissance du capital intellectuel est la capacité à reproduire les idées créatrices de haute valeur ». Cette citation est un vibrant appel aux dirigeants africains à déplacer volontairement et délibérément leur focus des choses vers l’information ; de l’exportation de ressources naturelles vers l’exportation des connaissances et des idées ; de la consommation de technologie vers sa production.

Il faut une révolution « africaine »

Les médias occidentaux décrivent l’Afrique comme un grand malade en attente d’ une perfusion , tandis que l’intellectuel africain est un imbécile heureux qui ne vit que du carpe diem. Un constat amère,

En Afrique, la pauvreté sera réduite lorsque le capital intellectuel sera développé et fructifié pour exporter des connaissances et des idées. Pour l’instant, la principale stratégie du continent pour lutter contre la pauvreté est d’alléger la dette, demander de l’aide étrangère, et drainer les investissements des pays occidentaux.

La réduction de la pauvreté exige la lutte contre 100 % d’analphabétisme pour atteindre 100% d’alphabétisme, condition préalable pour augmenter le capital intellectuel technologique. Pourtant, dans cette ère de l’information et de la mondialisation où la réduction de la pauvreté devrait se traduire par la production de produits de valeur pour le marché mondial et la rivalité avec l’Asie, les Etats-Unis et l’Europe ; honteusement, les diamants extraits en Afrique sont polis en Europe et revendus à des Africains.

Le capital intellectuel nécessaire pour créer des produits et services mènera à la réduction de la pauvreté. Ce capital, défini comme la connaissance collective du peuple, augmente la productivité. Celle-ci, en générant de la croissance économique, finit toujours et partout par réduire la pauvreté, même en Afrique. La productivité est le moteur de la croissance économique mondiale. Ceux qui créent de nouvelles connaissances produisent de la richesse, tandis que ceux qui la consomment produisent la pauvreté.

Aujourd’hui, il y a plus de dix milliards de pages d’informations postées sur Internet, ce qui est plus que suffisant pour nous tenir occupés le reste de nos vies, sans oublier que de nouvelles informations sont créées quotidiennement. Plus d’informations ont été créées dans les 100 dernières années que dans toutes les 100 000 années précédentes. On a besoin de sagesse pour passer au crible et convertir ces milliards de pages d’information en richesse.

Tant que l’Afrique n’augmentera pas de manière significative son capital intellectuel, le continent restera sous-développé au 21ème siècle et même au-delà. L’Afrique a besoin d’innovateurs, de producteurs de connaissances, et des hommes et des femmes sages qui peuvent découvrir, proposer, puis mettre en œuvre des idées progressistes. Le sort de l’Afrique est entre les mains des Africains et la solution à la pauvreté doit venir de ses habitants.

Références :

Gravio Africa Consulting &African Executive Publications

René Dumont, L’Afrique est mal partie, 1962

René Dumont, L’Afrique n’est pas encore partie, 1986

Pascal Niyonsaba

 

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