https://www.traditionrolex.com/25 L’intégration économique : pilier de l’intégration régionale

L’intégration économique : pilier de l’intégration régionale

Par 2015-04-24 14:33:35

[caption id="attachment_796" align="alignnone" width="768"]Sur la frontière entre le Rwanda et l'uganda , l'intégration permet le libre mouvement (Photo archives) Sur la frontière entre le Rwanda et l’uganda , l’intégration permet le libre mouvement (Photo archives)[/caption]


 

Depuis plus d’une décennie, plusieurs pays africains réalisent des taux de croissance en nette progression avec des taux moyens de 5 pour cent. Mais ces performances encourageantes sont essentiellement le fait des pays exportateurs de matières premières : pétrole, bauxite, cuivre, fer, manganèse, platine, etc. qui ont vu leurs prix presque tripler en cinq ans grâce à l’explosion des besoins des pays émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil.

On a pensé que les revenus procurés par ces ressources pouvaient contribuer au développement du continent. Ce n’est pas encore le cas pour nombreux d’entre eux. Alors même qu’ils sont dotés d’un potentiel minier et hydrologique incomparable, ils ne disposent en général pas de structures productives de qualité. Deux facteurs explicatifs sont généralement cités pour justifier ce retard dans la course vers le progrès.

A l’origine de cet état de chose, il y a premièrement l’étroitesse du marché et la faiblesse de la population. Ces deux éléments placent plusieurs pays africains dans une sorte de dilemme asymptomatique. Tantôt ils manquent de matières premières alors qu’ils sont dotés d’une population relativement nombreuse au regard de leur étendue. Tantôt les matières premières sont abondantes mais le marché demeure étroit.

Face à ce qui peut apparaitre comme un dilemme, quelle solution pour un développement harmonieux et intégré en Afrique ?

S’unir dans un vaste marché régional pour tirer profit des matières premières et des dividendes démographiques

De nombreux spécialistes qui se sont penchés sur la question estiment à ce jour que l’intégration régionale et surtout son aspect économique reste la meilleure réponse à ce problème. Car estiment-ils, l’intégration économique peut favoriser un flux commercial important dans la constitution d’un grand marché débarrassé des contraintes de circulation internes.

Les échanges commerciaux constituent un grand stimulant pour l’économie d’un pays. Mais les échanges intra-africains demeurent encore insignifiants. Cela s’explique à la fois par la faiblesse du tissu industriel que par la mauvaise organisation du marché. Aussi la construction d’un vaste marché dans le cadre de l’intégration régionale représente-t-elle une vraie opportunité pour ces pays.

Elle permettra aux pays qui ne disposent pas de ressources naturelles suffisantes de tirer profit du potentiel de leurs partenaires. Certains pays sans corridors maritimes pourront s’ouvrir au monde via des ports de pays voisins. C’est le cas du Rwanda et du Burundi et de l’Uganda en Afrique de l’Est qui, grâce à l’East African Community, ils ont accès aux ports de Dar-es- Salam et Mombasa sur l’océan Indien alors qu’ils étaient avant pays de l’hinterland.

En Afrique centrale, la CEMAC ou la communauté économique des Etats d’Afrique Centrale, a été une chance pour les pays enclavés comme le Tchad et la République Centrafricaine d’accéder au port de Douala sur l’océan Atlantique.

L’EAC (Kenya, Uganda, Tanzanie, Rwanda et Burundi) est un grand marché d’une population de 143.5 de personnes avec une étendue de 1.83 million de km2 tandis que la CEMAC dispose d’une population de 44.1 millions de personnes et un espace géographique énorme ( Tchad, RCA, Cameroun, Gabon, Congo Brazza, Guinée équatoriale et Sao Tome et Principe), l’intégration signifie rentabiliser le grand marché de producteurs et de consommateurs sur un espace géographique renfermant des ressources naturelles prodigieuses.

L’appartenance à un marché commun réduit les coûts de production grâce à l’élimination des tarifs et à la mise en place des politiques communes qui permettent de réduire ou éliminer les taux multiples. Les pays les plus performants peuvent servir de locomotive et de modèle pour tirer les plus faibles.

L’intégration économique et commerciale, tremplin du développement

Si la disposition de ressources naturelles importantes et les revenus que leur vente procure ne se traduisent pas sur le terrain par une amélioration substantielle de l’économie et de la qualité de la vie des citoyens, c’est parce que ces pays ne disposent pas encore d’une capacité productive suffisante.

Cette capacité productive ne peut à elle seule suffire. Pour être efficace, elle doit être accompagnée par une capacité de consommation suffisante. Or les pays africains sont en général sous-peuplés. L’étroitesse du marché national couplé à une faible capacité productive entraine une économie faible et maintient le pays dans la pauvreté.

La diversification de l’économie africaine et le développement de sa capacité productive dans le cadre d’un vaste marché régional apparait comme une nécessité urgente pour créer les bases de son développement. C’est dans ce cadre que les dirigeants africains ont depuis présenté l’intégration régionale comme une opportunité de mutualisation de leurs efforts afin d’arriver à surmonter d’une manière ou d’une autre les obstacles à la croissance sur des marchés de taille trop restreinte.

L’intégration est un processus qui prend en compte plusieurs aspects de la vie des Etats. Elle concerne ainsi les aspects politiques, juridiques, économiques, monétaires, et commerciaux. Selon l’économiste, Vrigman cité dans le rapport de la CNUCED 2009 ; il y a trois variables clefs qui déterminent l’implantation d’une entreprise. Ce sont la taille du marché, les coûts de production et la disponibilité des facteurs de production pertinents, l’accès au marché.

Le marché africain est très segmenté. Avant d’entrer en EAC, il était facile à un habitant de Kigali d’acheter à Dubaï (UAE) que de faire venir des produits du Kenya voisin ou de Kampala en face. Cela à cause des tracasseries diverses et aussi du manque des voies de communications fiables. Ce qui entraîne des coûts commerciaux importants. Car des bassins de production (produits alimentaires) aux marchés (lieu final de vente), les ruptures de charges sont nombreuses, constituant autant d’obstacles qui peuvent influencer l’offre de produit (coût de transport, levage, conservation, etc.) qui agissent négativement sur l’offre en quantité et en qualité et donc de prix. Ce qui peut décourager l’investisseur.

Les avantages de l’intégration régionale sont nombreux. Elle permet de réaliser des effets de variété et d’accumulation qui constituent des stimulants pour les investisseurs et les consommateurs. La constitution d’un grand marché régional grâce à l’intégration économique peut contribuer à l’élimination des barrières physiques et administratives et favorise la libre circulation des capitaux, de la main d’œuvre et des biens.

Si le East African Community est en avance dans le processus d’un marché commun, une union douanière et bientôt une union monétaire, la CEMAC ou la CEDEAO disposent d’une monnaie unique (Franc CFA) depuis longtemps, des banques centrales régionales (BEAC ET BECEAO) mais les infrastructures routières restent un handicap. Que dire de l’Union du Magreb Arabe et de la SADC ? L’intégration régionale apparait comme une voie obligée pour permettre à l’Afrique de redémarrer sur de nouvelles bases. Il faut accélérer là où on a commencé et pousser là où on traine.

Pascal Niyonsaba


 

 

 

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