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Université du Rwanda : réduire les dépenses budgétaires

Par 2015-05-18 15:50:31

[caption id="attachment_963" align="aligncenter" width="769"]Les étudiants de l'Université du Rwanda nouvelle version, le savoir et le savoir-faire pour répondre aux besoins du marche du travail (Photo Pascal Niyonsaba) Les étudiants de l’Université du Rwanda nouvelle version, le savoir et le savoir-faire pour répondre aux besoins du marche du travail (Photo Pascal Niyonsaba)[/caption]


 

La réforme de l’université du 23 septembre 2013 a changé la physionomie de l’enseignement public supérieur au Rwanda. L’ex-université nationale du Rwanda, les écoles supérieures et instituts supérieurs ont été fusionnés pour former une seule université qui porte désormais le nom de ”University of Rwanda” qui n’est rien d’autre que l’Université du Rwanda, la seule université publique. Il y a eu un nouvel organigramme et les méthodes de travail ont été modifiées. Objectif : réduction des dépenses budgétaires.

Selon le Professeur Nelson Ijumba, vice-chancelier chargé des affaires académiques, la réforme de la nouvelle université du Rwanda amène une occasion de redresser les finances car le budget est revu à la baisse.

”Chaque école, chaque institut, l’ex-université nationale du Rwanda avait son autonomie de gestion budgétaire et avait ses propres projets nécessitant un financement. Or, avec la nouvelle université composée de 6 collèges, il ya un seul budget que le service financier se charge de gérer et de distribuer efficacement”

Il ajoute que pour éviter la centralisation à Kigali alors que les collèges se retrouvent dans les différents campus, chaque collège dispose d’un petit budget pour les affaires courantes qu’elle dépense sans devoir consulter les autorités du siège social ( actuellement la chancellerie de l’Université du Rwanda est abritée temporellement au Campus de Gikondo -Mburabuturo)

Le professeur Nelson Ijumba a fait savoir également que l’Université du Rwanda actuellement, dans le cadre de la mobilisation des fonds, peut négocier avec les partenaires comme un seul bloc.

”Nous avons des bailleurs comme l’Agence Suédoise pour le Développement International-SIDA, l’agence Coréenne pour le développement international (KOICA), la coopération belge, le Royaume des Pays Bas, l’agence étatsunienne de développement international (USAID), la coopération allemande (DED) et l’Agence britannique pour le Développement International (DFID). Pour négocier avec eux, on y va comme un bloc, on présente des projets uniformes sans duplication.”

[caption id="attachment_966" align="alignright" width="303"]Le professeur Nelson Ijumba (Photo Pascal Niyonsaba) Le professeur Nelson Ijumba (Photo Pascal Niyonsaba)[/caption]

Le SIDA a promis pour les 5 ans à venir une somme de 50 millions de dollars US pour le renforcement des capacités notamment les bourses de doctorat pour enseignant, l’amélioration des infrastructures TIC, la bibliothèque universitaire.

La KOICA, la coopération coréenne finance la formation à distance, les futurs bureaux du siège de l’Université du Rwanda au Campus de Nyarugenge et le démarrage de la faculté (School) des mines et géologie qui va accueillir les premiers étudiants en septembre 2015.

Ces projets ainsi que les petits projets financés par l’USAID, le DFID, le DED sont bien coordonnés car dépendant d’une seule université alors qu’avant il y avait plusieurs projets semblables présentés souvent au même bailleur.

Autre avantage de la réforme évoqué est celui de la professionnalisation de la formation académique, avec les centres d’entreprenariat et d’innovation qui aideront aux lauréats d’être compétitifs sur le marché du travail. Dans ce sens des institutions financières comme les banques et les sociétés d’Assurance ont un partenariat avec le collège d’économie et du business pour que les meilleurs lauréats soient vite embauchés après les études.

Les considérations sur la réforme universitaire ne font pas l’unanimité

La réforme universitaire entreprise il ya deux ans et qui a aboutit à la symbiose de toutes les institutions académiques publiques du Rwanda, donnant ainsi naissance à l’unique Université du Rwanda, fait aujourd’hui l’objet des critiques tant positives que négatives.

Pour certains, la réforme aurait été mal conçue, ce qui les ramène à la nostalgie de l’ancien système où chaque institution, c’est-à-dire, l’ex Université Nationale, les Instituts supérieurs et Collèges étaient autonomes, tandis que d’autres préfèrent laisser jouer le facteur temps.

Dans un entretien avec le Professeur Christopher Kayumba de l’Ecole de Journalisme et Communication, il fait remarquer que ”la réforme permet aujourd’hui aux différentes institutions de bénéficier des services des différents enseignants.”

Parlant de sa propre expérience, le Professeur Kayumba dit dispenser ses cours à la fois à l’Ecole de Journalisme sise à Kigali, l’Ecole Supérieure militaire de Nyakinama et l’Ecole Supérieure de la Police Nationale, toutes deux sises dans le District de Musanze en Province du Nord.

Concernant la prise en charge du Professeur, les deux écoles, policière et militaire ont des conventions avec l’Université du Rwanda.

Pour quiconque croirait que ce « visiting » des enseignants du supérieur dans différentes institutions académiques affecterait le budget de l’Université du Rwanda, Prof. Kayumba déclare que cela n’a rien à voir, et exhorte à plus de recherche en la matière.

Par contre, le Professeur Kayumba fait remarquer de passage que la réforme universitaire a permis d’épargner les fonds naguère utilisés pour payer un personnel pléthorique dans l’administration surtout que, à titre d’exemple, chaque institution académique avait un Recteur secondé de deux Vice-recteurs, ce qui n’existe plus aujourd’hui.

La concertation entre acteurs de la réforme mise en cause 

Le processus de la réforme échappe à certains membres de l’administration et ceux du staff académique, tant ils n’y sont pas pleinement associٞés, mais plutôt le subissent.

Pour le Professeur Paul Mbaraga de l’Ecole de Journalisme et Communication, ”peu sont ceux qui comprennent comment a été conçu la réforme universitaire et comment se poursuit le processus de sa mise en application.”

Prof Mbaraga ajoute que ”les principaux acteurs de cette réforme ne se sont réellement jamais assis autour d’une même table pour discuter du développement durable de l’Université du Rwanda.”

Selon lui, la plupart de Chefs de Départements tâtonnent encore sur l’orientation de leur action, sans ignorer les problèmes qui rongent encore l’appareil administratif.

En tant que Professeur de Journalisme, il a exprimé l’indignation qu’il a ressentie lors de l’arrêt des activités de la « Radio Salus » servant d’application aux étudiants de ce département, et surtout du retard mis dans la construction des studios radio et télévision adaptés au nombre d’étudiants utilisateurs.

Il est revenu sur le mauvais fonctionnement du web site de l’Université du Rwanda et du manque de connexion à l’internet qui est déploré à l’Ecole de Journalisme sis à Kigali dans l’ex camp militaire dénommé ”Camp Kigali.”

Néanmoins, Prof Mbaraga privilégie le bénéfice du doute quant à l’avenir radieux de l’Université du Rwanda, et à cette occasion, il propose une décentralisation au niveau des Départements de façon à leur accorder un budget correspondant à leurs besoins.

Une autre voie de sortie qu’il trouve salutaire est l’intégration du pays dans l’EAC qui admet l’harmonisation des programmes universitaires.

Incertitude au poste occupé, salaires irréguliers

Quelques agents du « College of Business and Economy » sis à Gikondo dans la Ville de Kigali qui ont choisi l’anonymat se sont dits exacerbés par l’impasse qu’ils vivent depuis deux années en attendant d’être définitivement confirmés à leurs postes ou remerciés.

Deux agents du campus de Huye joints au téléphone, qui eux aussi ont choisi l’anonymat, se sont indignés sur l’irrégularité du paiement des salaires des agents de l’Université du Rwanda.

Selon celui-ci ”ça aura été une première dernièrement de voir les agents payer à la veille de la Fête du travail célébrée le 1er Mai 2015.”

Autrement dit, la date de paie varie d’un mois à l’autre avec tout ce que cela comporte comme perturbation du budget familial.

Il y aurait la résistance aux changements

Au Campus de l’université du Rwanda de Huye à Ruhande, les réformes ont causé de grands changements car il a fallu revoir des habitudes de 50 ans en un temps record.

Le siège a quitté la localité de Ruhande dans le district de Huye vers celle de Mburabuturo dans la ville de Kigali. Ce changement brusque a bousculé les mentalités comme quoi la ville de Huye, ex-Butare, ex-Astrida n’est plus le centre intellectuel du pays.

Dans la pratique, il ya eu des pertes immédiates d’emplois selon certains employés qui ont perdu l’emploi mais qui par souci de ne pas se froisser avec l’ancien employeur, l’affirment sous couvert d’anonymat. Au siège de l’Université du Rwanda à Mburabuturo, l’on murmurait déjà la nouvelle réforme dans le personnel.

”Quand il ya une réforme il ya ceux qui perdent du travail, il ya ceux qui montent en grade mais toujours il ya des victimes, moi je ne suis pas content d’un courant qui fait des victimes,” a expliqué un employé qui attend son sort avant le 15 mai 2015.

Ces inquiétudes au sein du staff cadrent bien avec les défis majeurs auxquels fait face le processus de réforme de l’Université publique en matière de gestion des ressources humaines comme l’a exprimé le Professeur Nelson Ijumba. ” Il ya des personnes qui étaient habituées à travailler dans l’ancien système et ils ont des difficultés à s’adapter, d’où la résistance.”

Toutefois, le Porfesseur Nelson Ijumba ne manque pas de souligner quelques éléments qui ont un peu perturbé la parfaite réussite, notamment le brusque changement des programmes d’enseignement, le déplacement des staffs qui doivent enseigner dans des campus et collèges qui sont éloignés les uns des autres…

Dans tous les cas, l’obstacle majeur, dit-il, a été l’inadaptation et la résistance de certains acteurs au changement.

Le mouvement permanent du staff académique

En général, les professeurs de l’Université du Rwanda, sont attachés à un campus mais les collèges qui composent l’Université sont représentés dans différents campus. On peut trouver les étudiants relevant du collège des sciences et technologies dans le campus de Nyarugenge, celui de Huye et de Rusizi, et il se pourrait qu’un seul professeur soit obligé de voyager de Huye à Rusizi ou Nyarugenge pour dispenser un même cours car il ya eu harmonisation des programmes dans la réforme.

Si un professeur se déplace comme cela, il est en mission régie par le règlement du personnel de la fonction publique au Rwanda. Il perçoit les frais de mission. Certains professeurs affirment que cela est fatiguant et que ça peut occasionner une perte financière pour l’Université. Cependant, Professeur Christopher Kayumba de l’Ecole de Journalisme et Communication donne un avis contraire.

”Avant la réforme, à chaque fois qu’un enseignant se déplaçait pour aller donner son cours dans une autre institution, il se faisait payer un salaire spécial,” contredit-il ses collègues.

Même son de cloche dans les instances financières de l’Université qui comparent les avantages dans la compression du personnel, la coordination des projets financés et les dépenses actuelles pour permettre au staff académique de bien s’acquitter de sa tâche. Sans donner des chiffres concluants, elles affirment que les dépenses sont moindres par rapport à l’ancien système.

La réforme a permis une harmonisation des programmes

Pendant que des problèmes administratifs issus de la réforme pourraient être encore d’actualité, du côté des programmes des cours et de l’évaluation des Etudiants, le staff académique semble satisfait.

Le Vice-Chancelier chargé des Affaires académiques et de la Recherche, Prof Nelson M. Ijumba a exprimé sa satisfaction quant à la réforme dans le cadre de l’harmonisation des programmes des cours.

Mme Odette Uwizeye, Chargée des Affaires Académiques au Collège de Business et d’Economie (CBE) de Gikondo, confirme ces propos en soulignant que l’innovation des programmes ne pose pas de problèmes car le changement s’est opéré pour ceux qui entraient en première année.

Actuellement, les nouveaux programmes s’appliquent à ceux qui sont en deuxième année, et l’an prochain ceux de 3ème année.

Selon Uwizeye, la façon d’apprendre la même leçon était différente dans les différents campus, aujourd’hui il ya les mêmes cours et les mêmes examens dans tous les campus de la même filière.

D’ailleurs, les examens se passent le même jour et à la même heure pour éviter d’éventuelles fuites.

Faut-il ajouter que les étudiants qui suivent les cours pendant la journée se joignent à ceux du soir pour passer l’examen à la même heure

Du côté des Etudiants interrogés, la réforme ne semble pas les avoir beaucoup secoués sauf pour quelques uns qui ont quitté le Collège de formation des enseignants (TTC) de Muhanga dans la Province du Sud et qui ont rejoint le Campus de Rukara dans la Province de l’Est.

Parlant de la recherche, Prof Ijumba déclare qu’” avant la réforme, il y avait 7 campus, et chaque branche menant des recherches à part, cela ne profitait pas au pays, raison pour laquelle la fusion des branches permet de rationnaliser les ressources du pays, réduire le budget et de remonter le niveau des résultats de la recherche.”

Prof Ijumba précise avec confiance que la fusion des campus et collèges a apporté une réussite remarquable sur le plan académique et financier.

Pascal Niyonsaba & Jean Louis Kagahe

 

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