https://www.traditionrolex.com/25 RDC :l’Etat laisse pourrir la situation au Kivu

RDC :l’Etat laisse pourrir la situation au Kivu

Par 2015-06-07 09:55:15

 

[caption id="attachment_1224" align="aligncenter" width="947"]Les évêques dénoncent l'inaction des autorités face à 'insécurité au Kivu (Photo Radio Okapi) Les évêques dénoncent l’inaction des autorités face à ’insécurité au Kivu (Photo Radio Okapi)[/caption]


 

Archevêque et évêques du Kivu se font l’écho de la détresse de leurs fidèles, en proie à de terribles violences, notamment en territoire et ville de Béni. ″Mon âme est rassasiée de malheur et ma vie est au bord de l’abîme″ est l’extrait de psaume qui est la toile de fond du message des membres de l’Assemblée épiscopale de Bukavu.

″Nous sommes indignés par le silence autour des trois pères assomptionnistes enlevés le 19 décembre 2012″, rappellent les évêques de l’Assemblée épiscopale du Kivu, réunis autour de Monseigneur François-Xavier Maroy, archevêque de Bukavu du 16 au 23 mai 2015.

En une vingtaine d’années, guerres et insécurité ont coûté la vie à 6 millions de personnes en RDC, et ″la série continue, spécialement dans les territoires de l’Est″. Les évêques évoquent les coupeurs de routes qui étranglent la population sur le plan économique, les enlèvements contre rançons et le fait que ces crimes deviennent de plus en plus cruels : enfants mutilés, gorges tranchées, femmes enceintes éventrées, familles décimées à la machette ou à la hache. ″Les innombrables groupes armés sont autant de prédateurs qui continuent à se comporter en redoutables ennemis d’un peuple de laissé-pour-compte.″

Les évêques dénoncent des crimes de guerre et contre l’humanité

Plus de 837 personnes ont ainsi été capturées sur le territoire de Béni, depuis 2010. Sur place, des nombreux massacres ont été perpétrés. La société civile a compté 419 victimes entre octobre 2014 et mai 2015. Les évêques déclarent que les objectifs de ces bourreaux sont clairs.

Dans un ″contexte d’une mafia économique et d’un affairisme politico-militaire alimenté par les pillages à grandes échelles d’abondantes ressources naturelles″, ils sèment une terreur d’épuration systématiques de personnes, mettent en place une stratégie de déplacements forcés des populations en vue d’occuper progressivement leurs terres et d’y installer des foyers d’intégrisme religieux et des bases d’entrainement terroriste.

Remerciant les soldats et officiers qui ont versé leur sang pour mettre fin au désordre, ou les efforts de la communauté internationale pour mettre en place des initiatives telles que la Conférence de Goma, les évêques restent critiques vis-à-vis du pouvoir public pour lequel les questions de sécurité et de paix ne semblent pas être prioritaires.

Danger d’hypothéquer les élections provinciales

Les évêques s’interrogent : ″Le gouvernement serait-il incapable, démissionnaire ou complice ?″ L’Etat est peut-être incapable voire complice ou démissionnaire, mais toujours, selon les évêques, ″des officiers au passé chargé et qui ont causé bien des torts à la population″ sont installés à des frontières sensibles.

Des délégués du pouvoir accusent des particuliers. ″A supposer que leurs allégations soient avérées, que fait l’Etat de l’armée, de la police nationale, des services de renseignements et de la justice. En laissant à des individus et des groupes perturber impunément la paix, l’ordre et la sécurité, cet Etat pourtant détenteur du monopole de la force, s’acquitte-t-il encore de ses obligations régaliennes ?
Dans ce contexte, comment des élections peuvent-elles se dérouler de manière libre, transparente et démocratique. Les évêques concluent que l’″Etat laisse pourrir la situation à l’Est du pays″, que le gouvernement écoute mais aucune action concrète ne suit.

Gare à l’intégrisme djihadiste

Dans le massif du Ruwenzori, des groupuscules inoculent l’esprit djihadiste à leurs recrues qu’ils entrainent ensuite au terrorisme international. Les évêques mettent en garde les jeunes désœuvrés à qui l’on promet des bourses d’études à l’étranger, mais aussi la communauté internationale qui observe tout cela ″avec ses drones !″, s’indignent les prélats qui s’interrogent : ″Faudra-t-il attendre que cet esprit se généralise pour que demain cette même communauté internationale fasse pleuvoir un déluge de feu sur la région ?″

Ce message met en garde contre trois périls majeurs : un climat de génocide, un foyer d’intégrisme djihadiste et un processus de balkanisation. Les évêques demandent au chef de l’Etat de se mettre face à ses responsabilités et qu’il pacifie tout le pays. La mission de l’ONU qui a pour objectif depuis quinze ans de stabiliser le pays, est y aussi appelée à s’évaluer pour améliorer son rendement.

Aux élus ″qui perçoivent autant que 169 enseignants de l’école secondaire, ou que 270 militaires″, les évêques se demandent s’ils sont ″vraiment fiers de (leur) silence sur ces problèmes vitaux″. C’est ainsi qu’ils leurs posent cette question : ″Aurez-vous le courage de revenir tranquillement demain pour solliciter à nouveau la confiance de vos frères ?″

Des issues de sortie ?

Aux dignitaires chrétiens, il est demandé de témoigner de la paix et d’intégrer la dignité humaine dans la prédication de l’Evangile. Aux fidèles, de promouvoir et de défendre avec persévérance la dignité de l’homme créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Les autres croyants sont invités à prendre de la distance par rapport à la violence, à cultiver la tolérance et à intégrer la valeur de la miséricorde. Aux ″frères égarés″, auteur de ces crimes odieux″, les évêques rappellent que ″nous sommes tous frères″. Les prélats leurs demandent : ″de cesser la violence, d’éviter la tentation du gain sans effort et d’arrêter de pactiser avec l’ennemi, pour construire ensemble une société plus juste, plus humaine et plus fraternelle.″

Thaddée Hyawe-Hinyi


 

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