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Burundi : Elections et violences ont cohabité

Par 2015-06-14 12:54:49

[caption id="attachment_1337" align="aligncenter" width="619"]Au Burundi, la capitale Bujumbura surtout, vit une période de violences Au Burundi, la capitale Bujumbura surtout, vit une période de violences[/caption]


 

Alors que la lutte pour l’indépendance bat son plein dans bien des pays africains vers la fin des années 1960, le foisonnement des idées politiques parfois divergentes se fait remarquer au sein de la nouvelle classe politique encore gestante ouvrant ainsi la voie à des élections entretenues de près ou de loin par l’administration coloniale. 

A relire l’histoire du Burundi telle que relatée sur www.fr.wikpedia.org , les Burundais sont allés aux urnes pour la première fois en décembre1960 pour des élections communales où concourent 27 partis politiques dont les plus importants furent l’UPRONA, le PDC, le PDR et le PP.

Au regard de la popularité du parti UPRONA due en bonne partie à sa proche affiliation à la classe royale, l’administration coloniale ne tarda pas à décréter l’interdiction pour tout parent et allié à la royauté de s’occuper de la politique.

L’histoire nous apprend que d’ores et déjà, l’exclusion et la répression plantaient leurs jalons dans le processus dit démocratique au Burundi, car à cette époque tout descendant du ”Mwami” dont le Prince Louis Rwagasore et les deux gendres du ”Mwami”, Ndenzako et Muhirwa sont mis en résidence surveillée, pendant que bon nombre de partisans de l’UPRONA sont jetés en prison.

De nouvelles élections cette fois-ci législatives supervisées par l’ONU par le biais de la Commission des Nations Unies pour le Rwanda -Urundi verront le jour en septembre 1961 avec l’objectif de choisir les Représentant d’un Burundi indépendant.

L’ampleur et l’enjeu politique qui caractérisèrent la campagne électorale de la compétition n’ont pas tardé à céder à des débordements entachés de violence, certains paysans ayant d’ailleurs eu peur de voter car, la mention ”yatoye”,c’est-à-dire ”a voté” sur leurs cartes d’identité pourrait leur couter cher par la suite, après le départ de la Commission des Nations Unies organisatrice des élections et de l’administration coloniale.

La victoire de l’UPRONA qui bénéficia de 90% des sièges à l’Assemblée Nationale se fit sans appel, mais augura en même temps l’assassinat du Prince Louis Rwagasore qui en fut l’artisan et Premier Ministre élu.

Très rapidement, des dissensions politiques s’installent aussi bien au sein des Parlementaires que de la classe politique en général entre ceux dits ” progressistes”, d’autres ” modérés”.

Au départ, ce clivage qui se développe surtout au sein du Parlement, paraît suivre l’axe des ”progressistes” et des ”modérés”. Mais rapidement, il va prendre une connotation ethnique très marquée.

La tension entre les hutu et les tutsi est aggravée par l’assassinat du Premier Ministre Pierre Ngendandumwe, le 15 janvier 1965.

La mort de ce premier Ministre ayant été attribué à tort ou à raison aux groupes tutsi, la radicalisation au sein des partis politiques voyait déjà le jour et ceci conduira aux violences et massacres qui ont précédé et suivi le Coup d’Etat de 1966.

Celui-ci a été mené par le Capitaine Michel Micombero abolissant ainsi la royauté de Ntare V qui, un peu plus tôt, venait de déposer son père, le Roi Mwambutsa VI.
C’est l’avènement de la République en remplacement du Royaume.

De nouveaux massacres à caractère ethnique verront le jour en1969 suite à un nouveau Coup d’Etat raté et ces violences culmineront en 1972, alors que le 29 avril 1972, des groupes hutu sous la houlette de l’organisation UBU, Umugambwe w’Abakozi, tentent de prendre le pouvoir tout en éliminant les Tutsi.

Ces massacres ont fait des milliers des morts, d’autres ayant pris le chemin de l’exil vers les pays voisins dont la Tanzanie, l’ex- Zaire, actuellement République Démocratique du Congo et le Rwanda.

Bien que n’ayant pas constitué de menace sécuritaire aux pays voisins du Burundi, les réfugiés burundais, minés par ce syndrome ethnique rumineront de retourner au bercail et, si besoin en est, conquérir le pouvoir par la force, sinon saboter les institutions en place.

C’est ainsi qu’en 1988, les massacres de Ntega et Marangara menés par le PALIPEHUTU endeuilleront le Burundi à nouveau.

Les massacres ayant été arrêtés, le Major Pierre Buyoya, alors Président de la République, mettra en place des mesures et des institutions visant à réinstaurer la Paix et l’Unité nationale.

La Constitution de 1992 ayant ouvert la voie à des élections législatives et présidentielles au suffrage universel direct au nom de la démocratie, une compétition ”loyale” entre partis politiques fut engagée

Malheureusement, la réalité pré et post-électorale en fut autre, car à côté des discours programmes, les consciences d’appartenance ethnique se sont cristallisées.

Le Président démocratiquement élu, Melchior Ndadaye issu de FRODEBU, sera assassiné 3 mois après son investiture, et à l’annonce de sa mort, des violences ethniques éclatèrent partout dans le pays à l’exception de la capitale, Bujumbura qui s’embrasera plus tard suite à la balkanisation de ses quartiers et la création des milices extrémistes tels que les ”Sans défaites”, les ”Sans échec” , la GEDEBU ( Génération Démocratique du Burundi) ou le FDD (Forces pour la Défense de la Démocratie).

Transition, guerre civile, putsch et élections au suffrage universel ont suivi et, à l’issue de deux mandats consécutifs du Président Pierre Nkurunziza issu du CNDD-FDD qui semble ne pas vouloir lâcher prise tel que le lui exige la Constitution de son pays et les Accords de Paix d’Arusha, les Burundais encore au pays vivent de nouvelles violences pendant que des milliers d’autres ont franchi la frontière vers le Rwanda, la Tanzanie et la RDC principalement.

Malgré les appels et conseils de la Communauté régionale et internationale, Nkurunziza se maintien de force au pouvoir, et au regard de beaucoup d’observateurs, la situation sécuritaire du pays pourrait tourner au pire.

Jean Louis Kagahe


 

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