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Burundi : Un Coup d’Etat en cours contre la Constitution

Par 2015-07-20 08:20:13

 

[caption id="attachment_1565" align="aligncenter" width="793"]Le général Godefroid Niyombare (Photo internet) Le général Godefroid Niyombare (Photo internet)[/caption]


 

L’histoire politique du Burundi au cours du demi-siècle écoulé a été marqué par une série de Coups d’Etat militaires, mais celui actuellement en cours est un Coup d’Etat contre les dispositions de la Constitution Nationale et des Accords d’Arusha dirigé par le Président Nkurunziza.

L’avant et l’après-indépendance du Burundi ayant été marqué par un régime monarchiste sous le Mwami Mwambutsa IV , la vie politique dont les rapports de forces sont extrêmement ethnicisés devient progressivement tendue, car une partie de burundais souhaitent ardemment la République et l’abolition de la monarchie.

Alors que le Mwami Mwambutsa IV avait commencé à gouverner par décrets début 1965 tel que le souligne libeafrica4.blogs.liberation.fr, les élections de mai 1965 sont majoritairement remportées par le parti UPRONA (Union pour le Progrès National), parti nationaliste et royaliste.

A l’issue des élections, deux tiers des députés sont hutu au sein de cette classe politique ethnicisée au plus haut degré.

La nomination du Secrétaire particulier du Mwami Mwambutsa IV, le Prince Léopold Biha comme Premier Ministre (tutsi) le 13 octobre 1965, le ton était donné pour le déclenchement de la crise politique.

Ainsi, Gervais Nyangoma, candidat hutu malheureux au poste de Premier ministre, et Antoine Serukwavu, Secrétaire d’Etat à la Gendarmerie, appuyés par plusieurs officiers, procèdent à un coup d’État le 18 octobre 1965.

Le mwami Mwanbutsa IV est déposé et s’enfuit. Il mourra en exil dix ans plus tard. Les troubles se poursuivant au lendemain de ce coup d’Etat, la situation dégénère.

Inquiétés par les premiers massacres de paysans Tutsi, des officiers Tutsi et l’élite Tutsi décident de reprendre en main la situation.

Ils procèdent à la répression du coup d’Etat, sous la houlette du Capitaine tutsi Michel Micombero qui va s’imposer comme l’homme fort du pays.

En 1966, en quelques mois, ce dernier s’empare du pouvoir avec l’appui d’un clan royal sécuritaire.
Après avoir installé le fils du roi Mwambutsa sur le trône, Charles Ndizeye Mwambutsa, sous le nom de Ntare V du Burundi en juillet, il le dépose le 28 novembre 1966, proclame la Iere République et devient premier Président de la République du Burundi jusqu’en novembre 1976.

L’ascencion en grades militaires de l’ex-Capitaine fut fulgurante durant les dix ans de son pouvoir et ses officiers en profitèrent de même.

Ceci ne s’est pas produit sans sauter de grade, car de Capitaine à Lt Général, Michel Micombero a passé outre plusieurs grades militaires dont celui de Commandant, celui de Major, Lt Colonel, et de Colonel que la plupart de gens lui attribuent.

De là, il survolera le grade de Général de Brigade et celui de Gen Major pour s’attribuer celui de Lieutenant Général que seul détenait l’ex-Président du Zaïre (actuel RDC), Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga.

Ce bond de félin en grades militaires a été cautionné par le Conseil National de la Révolution (CNR)qui l’a aidé au Coup d’Etat de 1966.

Dix ans plus tard, le 9 novembre 1976, Michel Micombero alors au grade de Lieutenant Général sera déposé suite à un Coup d’Etat mené par le Colonel Jean Baptiste Bagaza, ancien Chef d’Etat Major adjoint qui a devancé en action son patron, le Général Major Thomas Ndabemeye alors Chef d’Etat-Major sous Micombero.

Le Gen Major Ndabemeye, ayant eu l’idée du putsch, s’est confié à Bagaza pour mûrir la complicité, et ce dernier lui ayant promis une réponse après réflexion, il choisit de s’approprier l’affaire tandis que le Gen Major Ndabemeye, comme éventuel futur élément gênant se retrouvera en prison dans la Province de Bururi au sud du pays après la prise du pouvoir par le Col JB Bagaza, qui lui-même dirigera jusqu’en septembre 1987.

Alors que le Col Bagaza était en voyage au Canada, le 3 septembre 1987, un ancien Commandant d’escadron, le Major Pierre Buyoya en profite pour faire un putsch astreignant Bagaza à ne plus fouler de ses pieds le sol burundais.

Le régime des Coups d’Etat semble s’estomper et la démocratie s’instaure

Sous Buyoya, la Constitution burundaise a été révisée ouvrant la voie au multipartisme et aux élections pluralistes au suffrage universel.

Ces élections ont porté Melchior Ndadaye au pouvoir en 1993 en tant premier président civil démocratiquement élu.

Il sera assassiné 3 mois après son investiture, puis remplacé par Cyprien Ntaryamira qui périra à son tour dans l’accident d’avion qui a couté la vie au Président rwandais Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, déclenchant le début du Génocide préalablement préparé contre les tutsi.

Il est remplacé par Sylvestre Ntibantunganya qui gouvernera le pays jusqu’au 30 avril 2003.
Coups d’Etat, transition et élections s’alternent jusqu’à ce jour

Sous le régime éphémère de Ntibantunganya, la situation sécuritaire étant devenue chaotique, surtout dans la capitale Bujumbura où s’étaient créés des milices à connotation ethnique, le sauveur providentiel se proposa à nouveau en la personne du Major Pierre Buyoya qui refit surface à la faveur d’un nouveau Coup d’Etat le 25 juillet 1996.

Il dirigea à nouveau jusqu’au 30 avril 2003, bien que n’ayant pas bénéficié du même enthousiasme populaire comme il en avait été lors du premier Coup d’Etat de 1987.

Deux ans de transition dirigés par Domitien Ndizeye seront suivis par l’élection de Pierre Nkurunziza réélu en 2010, réalisant ainsi aujourd’hui deux mandats successifs que lui octroie la Constitution et les Accords d’Arusha.

Décidé à briguer illégalement un troisième mandat, les Burundais et la communauté internationale s’y ont opposé mais Nkurunziza ne lâche pas prise.

La tentative du Coup d’Etat contre lui alors qu’il est en réunion à Dar- es-Salam échoue le 13 mai 2015 mené par l’ancien Chef du Service de renseignements, le Général Godefroid Niyombare.

Le Général Niyombare ayant cru bénéficier du soutien de ses pairs, ces derniers lui ont joué un tour et ont plutôt soutenu le retour de Nkurunziza au pouvoir.

Aujourd’hui, c’est bel et bien la question du pouvoir personnel de Nkurunziza qui est au centre de la crise car il entend renverser la Constitution Nationale pour briguer un troisieme mandat.

Jean Louis Kagahe

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