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Procès Munyeshyaka : un non lieu choquant

Par 2015-08-24 15:55:37

[caption id="attachment_1782" align="aligncenter" width="732"]Dr  Jean Pierre Dusingizemungu, président d'Ibuka (Photo archives) Dr Jean Pierre Dusingizemungu, président d’Ibuka (Photo archives)[/caption]


 

A l’issue d’une enquête qui a duré vingt ans, mercredi dernier, le parquet de Paris a requis un non-lieu pour le Procès du prêtre rwandais Wenceslas Munyeshyaka, accusé de complicité de génocide perpétré contre les Tutsi en 1994, alors que ce dernier exerçait sa mission de prêtre à la Paroisse Sainte famille à Kigali.

Cette décision du parquet de Paris a non seulement choqué les parties civiles sur place, mais aussi au Rwanda pour les membres de l’Organisation ”Ibuka”.

Ibuka qui, en Kinyarwanda signifie ”Souviens-toi” , a au départ comme nom officiel est "Ibuka - Mémoire et Justice". C’est une Organisation Non Gouvernementale qui œuvre pour la mémoire du génocide contre les Tutsi du Rwanda, la justice envers les responsables de crimes génocidaires et le soutien aux rescapés des massacres perpétrés en 1994.

Selon le site www.rfi.fr, l es parties civiles sont restées stupéfaites après que le parquet de Paris eut requis le non lieu pour le père Wenceslas Munyeshyaka.

Le Parquet de Paris tout en reconnaissant le rôle trouble de ce prêtre rwandais dans le génocide de 1994, a estimé que les charges précises étaient insuffisantes pour demander son renvoi devant un tribunal pour une enquête qui avait commencé il y a vingt ans.

C’est le dossier le plus ancien, souligne le site, et l’un des plus emblématiques des affaires sur le génocide rwandais présenté devant la justice française.

Accusé de complicité de génocide dans sa paroisse de la Sainte-Famille à Kigali par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), soupçonné de complicités d’attaques de miliciens interahamwe contre des populations tutsi, le père Wenceslas Munyeshyaka pourrait pourtant bénéficier d’un non-lieu, en France, à la grande satisfaction de son avocat Maître Jean-Yves Dupeux.

Ce dernier se réjouit de la décision du Parquet de Paris. ” Ce sont des réquisitions qui, dans les explications peuvent avoir un côté politique, mais il n’en reste pas moins que c’est une bonne justice qui est appliquée”, s’est réjoui ce dernier. ”Il n’y a pas de charges et il n’est pas légitime de renvoyer Wenceslas devant la cour d’assises de Paris.”

Les parties civiles ne comptent pas en rester là

Maître Michel Laval, l’avocat du collectif des parties civiles pour le Rwanda veut que la justice soit rendue. ” On va reprendre le dossier de manière très méthodique. Nous considérons que nous avons dans le dossier un bon nombre d’éléments qui vont nous permettre de nous inscrire en contradiction totale avec les constatations du procureur et donc on va le faire savoir dans le délai que la loi nous prescrit”.

La défense et les parties civiles ont un mois pour faire connaître leurs arguments. Au final, c’est le juge instructeur qui décidera du sort judiciaire du père Wenceslas.

Le Procureur de Paris aurait souligné que les poursuites judiciaires contre le Prêtre Winceslas Munyeshyaka pourraient attirer beaucoup de problèmes compte tenu de la position d’évangélisateur qu’il occupait à l’époque et qu’il occupe encore aujourd’hui au Nord-Ouest de la France.
Au Rwanda, l’Organisation ” Ibuka” réagit

L’Organisation ”Ibuka” dont la mission est plus haut définie considère que la décision du Parquet de Paris de prononcer un non-lieu au procès de Munyeshyaka est un fait honteux qui, par ailleurs accorde un soutien clair et net aux révisionnistes et négationnistes du Génocide perpétré contre les Tutsi en 1994.

Dans son entretien avec le journal local ” Igihe”, le Président de l’organisation ”Ibuka”, le Dr Jean Pierre Dusingizemungu dit avoir été choqué par la décision du Parquet de Paris qui s’est méfié des informations que lui ont fournies les témoins à charge contre le Prêtre Munyeshyaka, et surtout pour avoir étouffé la vérité afin de protéger la position du prêtre.

”C’est honteux qu’on ait pas accordé d’importance aux témoignages de nos gens qui se trouvaient au Centre Pastoral St Paul voisin de la Paroisse Sainte Famille de Kigali. Nous, nous savons que tout ce qui est témoigné contre le prêtre est conforme à la réalité”.

Le Dr Dusingizemungu estime que la décision du Parquet de Paris représente un mépris et un frein à l’émancipation et au développement des rescapés du génocide. ”Ceci est un frein au développement des rescapés du génocide .Ils ne peuvent pas se développer s’ils ne bénéficient pas d’une justice équitable”.

La justice n’est pas un monopole de la France

Toujours dans son entretien avec le journal local ” Igihe”, le Président de ”Ibuka” considère qu’il n’y a pas que la France qui peut rendre justice, à part que , ajoute-t-il, qu’il faudra attendre la décision du Tribunal en rapport avec la réquisition du Parquet de Paris.

Le Dr Dusingizemungu promet que l’Organisation ”Ibuka” est prête à manifester aux différentes instances juridiques de la France qu’ils regrettent de n’avoir pas pu bénéficier d’une justice équitable.
Ils s’apprêteraient à dénoncer auprès de ces instances les agissements qui n’honorent pas le Parquet de Paris et qui visent à choquer les rescapés du génocide.

D’autre part, ”Ibuka” s’apprête à inviter ces instances juridiques françaises à ne pas couvrir les coupables mais plutôt militer pour mettre la vérité à découvert.

Le père Wenceslas Munyeshyaka officiait au moment du génocide rwandais à la paroisse Sainte-Famille de Kigali. Il est accusé par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda et par des rescapés du génocide, d’avoir organisé plusieurs massacres, notamment parmi les Tutsi réfugiés dans sa paroisse, et d’en avoir tué lui-même.

Jean Louis Kagahe

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