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CNLG déplore l’attitude du Procureur de Paris

Par 2015-08-31 11:11:07

 

[caption id="attachment_1795" align="aligncenter" width="738"]Dr Bizimana, Secrétaire exécutif de la CNLG (Photo archives) Dr Bizimana, Secrétaire exécutif de la CNLG (Photo archives)[/caption]


 

Au lendemain de la réquisition d’un non lieu par le Parquet de Paris au procès du Père Wenceslas Munyeshyaka accusé de génocide, la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide, CNLG, déplore l’attitude du Procureur et rappelle de ce fait certains témoignages à charge contre ce prêtre catholique.

Munyeshyaka est accusé de génocide, de viol comme crime contre l’humanité, de conspiration au génocide, de complicité dans les actes de torture et des traitements inhumains envers les Tutsi réfugiés àla Paroisse Sainte Famille à Kigali en leur privant la nourriture et l’eau.

En plus de ces horribles crimes, le Père Munyeshyaka est accusé d’avoir vendu ses services aux réfugiés tutsi, d’avoir livré les réfugiés tutsi aux miliciens hutu (Interahamwe), et d’avoir incité les filles tutsi à des relations sexuelles avec lui-même en échange de sa protection.

Fait étonnant aux yeux des responsables de la CNLG, le Procureur de Paris requiert la liberté du Père Munyeshyaka prétextant qu’il n’y a pas d’évidences concrètes l’impliquant dans ce genre d’accusations.

Selon le Procureur, ”le rôle de Munyeshyaka durant le Génocide de 1994 a soulevé beaucoup de polémiques et confusion, mais l’investigation n’a pas permis d’établir spécifiquement ni certainement les actes qui corroborent sa participation active, soit du côté des suspects acteurs, soit sa part active personnelle aux actes de Génocide ou en tant que complice”.

Les crimes dont est accusé le Père Munyeshyaka sont horribles

Dans un Communiqué de presse signé par le Secrétaire Exécutif de la CNLG, Dr Bizimana Jean Damascène, il critique et condamne le Parquet de Paris pour s’être prononcé en faveur d’un non lieu au procès Munyeshyaka.

Le Dr Bizimana n’épargne pas non plus le Procureur Molins François lui-même qui affirme que le rôle de Munyeshyaka durant le Génocide de 1994 se limite aux propos et aux attitudes seulement.
Crime de Génocide

Le Parquet lui-même avait déjà inculpé le Père Wenceslas pour actes de Génocide, inculpation dont les actes s’inscrivent entre le 6 avril 1994 et le 2 août 1994.

L’accusé est poursuivi pour avoir, volontairement et consciemment, participé conjointement à une entreprise criminelle dont l’objectif principal était la destruction des groupes d’individus de l’ethnie tutsi et hutu qui s’étaient réfugiés à la Paroisse Sainte Famille de Kigali et aux deux Centres voisins, dont le Centre d’Etudes de Langues (CELA) et le Centre Pastoral St Paul, dans l’ancien Secteur de Rugenge, Commune Nyarugenge, ex- Préfecture de Kigali-Ville.

Munyeshyaka est accusé d’avoir proféré des propos humiliants et menaçants aux réfugiés tutsi et hutu qui étaient dans les Centres ci-haut cités, les traitant des cancrelats (inyenzi) avant de les qualifier d’ennemis du Gouvernement, et tout ça devant les miliciens ”Interahamwe” prêts à les tuer.
Beaucoup sont les témoins qui ont repris des propos concordants au sujet de ces agissements du prêtre.

Viol en tant que crime contre l’humanité

Le Père Munyeshyaka est dit individuellement responsable du crime de viol des filles et femmes tutsi parce qu’il a planifié, commis ou aidé les autres à planifier et à commettre le viol en tant que crime contre l’humanité.

Durant la période allant du 8 avril au 30 juin 1994, à l’Eglise Sainte Famille, le père Munyeshyaka est accusé d’avoir planifié et d’avoir commis le viol sur les femmes et filles tutsi.

Au même moment, il est aussi accusé d’avoir aidé et facilité aux miliciens hutu ”Interahamwe” à commettre le viol sur les filles et femmes tutsi.

En date ou autour du 21 avril, le Père Wenceslas est accusé d’avoir violé une fille tutsi dont l’identité n’est pas dévoilée ici pour des raisons de sa sécurité dans les chambres de la Paroisse Ste Famille.

A la mi-juin 1994, Munyeshyaka a violé une autre fille tutsi dont l’identité est ici déclinée pour des raisons de sa sécurité, cela aussi dans les mêmes chambres.

Ces témoignages ont été livrés par beaucoup de victimes qui ont subi les supplices causés par le Père Munyeshyaka qu’ils considéraient pourtant comme un homme de Dieu et qui allait les protéger.
Extermination en tant que crime contre l’humanité

En date ou autour du 17 juin 1994, plus d’une centaine de civils tutsi parmi lesquels le nommé Alphonse Ruzigana ont été tués à la Paroisse Ste Famille lors d’une attaque menée par les miliciens Interahamwe guidés par le Colonel Tharcisse Renzaho, alors Préfet de Kigali-Ville, et Odette Nyirabagenzi, Conseillère du Secteur Rugenge, le Père Munyeshyaka ayant été le Co-préparateur.

En date ou autour du 19 juin 1994, Munyeshyaka assista le Colonel Munyakazi et Angéline Mukandutiye dans le meurtre de 17 jeunes tutsi réfugiés à la Paroisse Sainte Famille.

Meurtre en tant que crime contre l’humanité

En date ou autour du 13 Avril, le père Munyesyaka lui-même est accusé d’avoir tué une jeune fille tutsi de 22 ans, fille de la nommée Rose Rwanga.

Durant la même période, Munyeshyaka est accusé d’avoir lui-même tué un jeune tutsi de 20 ans, lui aussi fils de Rose Rwanga.

Vers le 17 juin 1994, Wenceslas incita et assista un Interahamwe dans le meurtre de la jeune fille nommée Hyacinthe Rwanga alias Bébé.

Vers le 24 avril 1994, Munyeshyaka facilita le meurtre de 7 civils tutsi au Centre Pastoral St Paul, entre autres Emmanuel Rukundo, Journaliste et modérateur du parti MDR, un Ingénieur en construction du nom d’Arestérique Rutsindura et un étudiant nommé Mazimpaka.

Le Père Munyeshyaka était présent lorsque les Interahamwe parmi lesquels le nommé Léonard Bagabo vinrent les prendre de la Paroisse au bureau du Secteur Rugenge où ils furent tués.

Vers le 22 avril 1994, au Centre d’Etude des Langues (CELA), Munyeshyaka aida au meurtre de Christophe Safari, un jeune tutsi tué par un interahamwe.

Tous ces témoignages ont été livrés par des survivants du Génocide qui s’étaient réfugiés à la Paroisse Sainte Famille.

La CNLG se sent choquée par l’attitude du Parquet de Paris

Le Dr Bizimana estime que la décision du Parquet de Paris ne fait que renforcer l’impunité du Père Munyeshyaka.

Ce dernier a toujours nié ces accusations, arguant qu’il avait fui Kigali parce que les miliciens hutu l’accusaient ”d’avoir protégé les tutsi”.

Le comble c’est que ses arguments ont toujours été soutenus par certains dignitaires de l’Eglise catholique et quelques organisations religieuses de France.

Toutefois, les témoignages recueillis au Rwanda demeurent unanimes et concordants sur le rôle actif du Père Wenceslas Munyeshyaka dans le meurtre et viols commis à l’endroit des réfugiés tutsi à la Paroisse Sainte Famille et au Centre Pastoral Saint Paul durant le Génocide de 1994.

Jean Louis Kagahe


 

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