[caption id="attachment_185" align="alignnone" width="768"] Sous Sarkozy, les relations entre la France et le Rwanda ont connu une nette amélioration, mais depuis lors,...(Photo archives)[/caption]

La présence du Président rwandais, Paul Kagame, à Paris a coïncidé avec le déplacement de son homologue français, François Hollande et son ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius. Simple coïncidence ou une stratégie d’éviter le pire ?
Le Chef de l’Etat rwandais, Paul Kagame, s’est rendu à Paris du 26 au 27 février en vue de répondre à l’invitation de l’UNESCO qui y organise une réunion sur les technologies de l’information et de la communication.
La présence du Chef de l’Etat rwandais dans la capitale française aurait contribué au rapprochement entre Paris et Kigali. Mais comme l’écrivait si bien Jean Baptiste Rucibigango, le” bras de fer franco-rwandais” est loin de se terminer.
Au moment où Kagame débarquait à Paris, Hollande s’embarquait pour l’Extrême-Orient. C’est la “meilleure attitude” sur le plan diplomatique, la fuite, pour un Chef d’Etat qui sait ce que l’on attend de lui et qui manque de courage pour passer aux actes.
La visite à Manille du Chef de l’Etat de la République française, M.François Hollande, du 26 au 27 février , officiellement cadre avec les préparatifs du Sommet sur l’environnement qui sera tenu à Paris en décembre prochain.
D’une pierre deux coups : François Hollande, subtilement, a évité de rencontrer son homologue rwandais Paul Kagame, qui attend toujours des excuses de la part de la France sur son implication dans la préparation et l’exécution du génocide contre les Tutsi.
A défaut de poser un geste significatif à l’égard de Kigali, dans le sens d’une véritable réconciliation de “deux meilleurs ennemis”, Hollande a choisi ce qui lui coûterait moins cher, garder le statu quo.
Le Chef de l’Etat rwandais, Paul Kagame, comme pour signifier clairement qu’il ne venait pas à Paris pour se mettre à genoux, ne s’est pas fait accompagner par son ministre des affaires étangères, Louise Mushikiwabo, mais par le ministre de la jeunesse et de la Technologie, Philbert Nsengimana.
Au moment où l’on s’approche de la 21 ème commémoration des victimes du génocide contre les Tutsi, la délicatesse des relations entre la France et le Rwanda oblige d’éviter de mettre l’huile sur le feu, par une quelconque déclaration susceptible de replonger les “deux meilleurs ennemis” dans des polémiques voire une crise diplomatique.
La France accusée d’implication directe dans le génocide contre les Tutsi
Lors de la 20 ème commémoration du génocide contre les Tutsi, en avril 2014, le Chef de l’Etat rwandais n’avait pas mâché ses mots. Dans une interview à Jeune Afrique, il avait accusé la France d’implication directe dans l’exécution du génocide contre les Tutsi, notamment dans la Zone Turquoise.
Cette publication de Jeune Afrique juste à la veille de la commémoration du génocide contre les Tutsi a provoqué l’annulation du déplacement de la ministre de la justice et garde des sceaux, Christiane Taubira, qui devait venir à Kigali.
Oeil pour oeil, dent pour dent, le gouvernement rwandais n’a pas autorisé l’ambassadeur de la France à Kigali de participer aux cérémonies de commémoration comme il l’avait souhaité.
Lors de la dernière rencontre entre Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères, et le Président rwandais, Paul Kagame, en mai 2014 à Libreville, le premier aurait demandé au second ce que le Rwanda reprochait précisément à la France en l’accusant de participation directe dans le génocide contre les Tutsi.
Le Chef de l’Etat rwandais lui aurait promis d’écrire à son homologue de l’Hexagone. Au moins lui qui est nouveau dans l’exécutif français, à la rigueur, mériterait de recevoir des précisions. Et la France n’aurait pas compris le refus courtois du Rwandais Paul Kagame. Du l’autre côté de la Méditérannée, l’on serait toujours en attente de cette missive…
Gérard Rugambwa