https://www.traditionrolex.com/25 Une corruption rampante dans les médias des Grands lacs

Une corruption rampante dans les médias des Grands lacs

Par 2015-10-27 15:25:59

[caption id="attachment_1989" align="aligncenter" width="701"]Le Secrétaire exécutif du Haut Conseil des Médias, Peacemaker Mbungiramihigo,  est d'avis que les coopératives peuvent aider les journalistes (Photo archives) Le Secrétaire exécutif du Haut Conseil des Médias, Peacemaker Mbungiramihigo, est d’avis que les coopératives peuvent aider les journalistes (Photo archives)[/caption]


 

La corruption atteint de plein fouet les praticiens des médias des Grands Lacs. Selon un rapport de TI-R (Transparency International-Rwanda), tous les journalistes (399) et partenaires des médias (1093) interviewés reconnaissent l’existence du phénomène. Elle s’appelle Giti au Rwanda, Coupage en République Démocratique du Congo ou Listi au Burundi. Est-ce une façon de monnayer le reportage auquel est invité le journaliste ? Réunis à Kigali du 12 au 16 Octobre 2015, des journalistes de la sous-région se sont penchés sur la question dans le cadre du dialogue des médias organisé par la Deutsche Welle Akademie.

Dans le camp des journalistes, ”publier l’information, obtenir une publicité, censurer l’information sont les motivations principales qui justifient la ‘GITI’ ”, a dit Appolinaire Mupiganyi, Secrétaire Exécutif de TI-R alors qu’il intervenait au cours d’une séance du Dialogue des Médias.

Par contre les partenaires des médias (35.2% des interviewés) offrent ce pot de vin pour ”encourager la médiatisation de leurs activités”, explique Mupiganyi. Et d’ajouter que d’autres cas fréquents (15.2% des interviewés) ” s’observent sous forme de népotisme quand il est question de recrutement du personnel des médias”.

Au Burundi, le même phénomène existe aussi. ”Cette forme de corruption des journalistes s’appelle LISTI. Quand les journalistes viennent de participer à une cérémonie à laquelle ils sont invités, ils demandent souvent poliment s’il n’y a pas une liste à remplir. Cela sous entend qu’ils réclament des frais de transport”, a dit Alexandre Niyungeko, un journaliste de Radio Inzamba.

”La corruption est une réalité en RDC bien que voilée par des vocables tels que ‘Coupage’, ‘Motivation’, ‘frais techniques’, ‘transport’, ‘accélération’… ”, indique Tuver Wundi, point focal de JED/ Journalistes En Danger, une organisation congolaise pour la défense des droits des journalistes.

Selon lui, ” la précarité financière des organes de presse est à la base de ce fléau. Le journaliste n’étant pas payé comme il faut ou pas du tout, il ne peut que quémander auprès de ses sources d’information.”
Evelyne Luyelo de l’Union Congolaise des Femmes des Médias, participante au Dialogue des Médias, va plus loin.

”Même certains journalistes pourtant bien rémunérés exigent des sources d’information ladite ” accélération » pour mieux les motiver, une façon pour elle de montrer qu’au-delà des moyens précaires des organes de presse, cette corruption qui n’est pas répressible par la loi, s’institutionnalise informellement dans les pays de la région des Grands Lacs.

Eradication du GITI

”Face à la vulnérabilité des médias, les organes de régulation doivent exercer un suivi et un contrôle des médias. Exiger d’eux des documents attestant des contrats et rémunérations régulières de leurs journalistes et autres avantages comme l’affiliation à la Caisse de Sécurité Sociale et autres frais de santé et de transport”, dit Mupiganyi.

Judith Raupp, journaliste allemande et animatrice de l’Atelier Dialogue des Médias, évoque quant à elle les activités génératrices de revenus ainsi que les coopératives pour améliorer la situation économique des organes de presse en vue de combattre la corruption. Un avis que partage Peacemaker Mbungiramihigo, Secrétaire Exécutif du MHC (Haut Conseil des Médias).

D’autres personnalités qui se sont prêtées à la presse sont très mécontentes du statut de pauvreté criante où sont confinés les organes de presse privée qui ne sont pas capables d’accorder un salaire décent ou mieux un contrat régulièrement honoré par les directions des médias au profit de leurs agents journalistes.

”Il faut carrément que le Gouvernement rwandais ouvre une ligne budgétaire aux organes de presse locaux officiellement enregistrés pour qu’ils puissent payer régulièrement leur personnel avec tous les avantages y afférents dont l’affiliation à la caisse retraite, à l’assurance maladie mais aussi aux moyens de transport pour aller d’un point à l’autre à la recherche de l’information ”, a indiqué Immaculée Ingabire , présidente de TI-R à un point de presse trouvant carrément que ce GITI n’est pas une corruption en tant que tel, que c’est un pis aller que les organes de monitoring de la corruption ne savent pas comment qualifier.

Contre l’indépendance des médias

En faisant de telles déclarations, cette présidente de TI-R, ancienne journaliste à un quotidien autrefois gouvernemental IMVAHO NSHYA, elle doit avoir pesé ses mots. Pour elle, le Rwanda est une société en pleine mutation économique. Il lutte bec et ongle pour dépasser complètement l’économie de subsistance pour l’économie de marché.

Tous les programmes économiques montrent un capitalisme rwandais en effervescence. Certaines violations des droits de l’homme sont actuellement dénoncées par les Commissions gouvernementales mises en place comme des garde-fous du gouvernement et de ses agents contre leurs éventuels dérapages.

”Un citoyen qui se plaint contre des mesures gouvernementales outrancières est vite compris pour que de telles mesures soient rediscutées et revues ”, a confié Mme Solange Ayanone, Secrétaire Exécutive de Pax Press, une ONG locale intervenant dans la démocratie participative.

”Lors de nos séances foraines, une dame a soulevé la question de l’impôt foncier annuel de 6.000 francs disant que les autorités ont ordonné que cet impôt soit payé à la prochaine saison culturale. Elle est montée contre une décision qui est tombée sur les citoyens sans discuter et leur donner du temps de préparation. Immédiatement, les autorités de niveau supérieur ont compris la remarque et l’impôt a été temporairement suspendue pour reprendre une démarche procédurière normale”, a-t-elle ajouté montrant le pouvoir de la presse qui donne la parole aux citoyens qui s’expriment et aux autorités rwandaises qui ont une oreille attentive pour redresser leurs erreurs.

En foi de quoi, bien que la Présidente de TI-R ne soit pas comprise par une autre société civile qui pense qu’étant financé par l’Etat le quatrième pouvoir risque d’être bâillonné démocratiquement par ce dernier, cette suggestion devrait tomber dans les oreilles ouvertes des parlementaires rwandais. Ceux-ci doivent comprendre qu’une société rwandaise en plein développement a besoin d’une presse ayant une capacité financière votée au parlement.

Jovin Ndayishimiye


 

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