https://www.traditionrolex.com/25 Papa Wemba, un an déjà dans l’au-delà

Papa Wemba, un an déjà dans l’au-delà

Par Admin 2017-04-24 06:37:30

Il y a exactement une année jour pour jour que disparaissait Papa Wemba, le patron du consortium Viva la Musica. Mort survenue en pleine prestation de la 9ème édition du Festival des Musiques Urbaines d’Anumabo, FEMUA, qui se déroulait à Abidjan en Côte d’Ivoire. C’est sur scène et en direct à la télé que l’icône de la chanson africaine qui était compté parmi les 15 artistes appelés est succombé. C’était à la surprise générale et juste au moment où il interprétait sa chanson intitulée « Est-ce-que ? ».
Son corps a été rapatrié et des grandioses funérailles ont été organisées par les autorités de la RDC. Pour la circonstance, il a été élevé par le Président de la République, Joseph Kabila Kabange, au rang de Commandeur de l’Ordre National « Héros Nationaux Kabila-Lumumba ».
Depuis lors, l’opinion continue encore à attendre l’implantation de la Galerie où seront gardés les biens de Papa Wemba.

QUI ETAIT SHONGO WEMBADIO

Papa Wemba, Roi de la Rumba,mort le 24 avril 2016 (photo-internet)

Né un certain 14 juin 1949 à Dongo, secteur Longombe, territoire de Lubefu dans la province de Sankuru en République démocratique du Congo. Papa Wemba débarque à Kinshasa à l’âge de 11 ans avec ses parents. Fils de papa Kekumba et d’une pleureuse, maman Dembo Liyondjo qu’il accompagnait souvent dans des veillées mortuaires. Le petit Jules Shongo (appelé Shungu par les lingalaphones), s’est inspiré de la vocation de sa mère pour s’intéresser à la chanson. Chose que papa Kekumba,- son géniteur-, (un soldat de la Force publique converti en commerçant suite aux aléas de la vie), ne voulait pas entendre. Lui qui avait la détermination de faire de son enfant un Journaliste pour son honneur dans la contrée ou un Avocat pour le défendre en cas de problème.
Mais contre toute attente, le petit entame la chanson à travers diverses chorales chrétiennes de l’Eglise catholique où il se fait remarquer avant de se frayer une voie en rose dans le royaume d’Orphée.
C’est en 1969, alors qu’il n’avait que 20 années de vie, que Jules Shongo (Shungu) débute comme chanteur au sein de l’orchestre Stukas de Gaby Lita Bembo, au quartier « Immocongo » (20 mai) dans la commune de Kalamu. Il participe, une année plus tard, à la création d’un des principaux groupes zaïrois des années 70 : l’orchestre Zaïko Langa Langa, qui dépoussière la rumba traditionnelle (le genre qui combine rythmes afro-cubains et chants congolais. Style né à la fin des années 40) en y introduisant des rythmes rock et des sonorités électriques. Jules Presley se retrouve alors avec d’autres amis pour la refondation de l’orchestre « Bel guide » qui renaissait sous la coordination du guitariste Pépé Felly Manuaku en optant pour l’appellation de Zaïko qui signifie « Zaïre ya bankoko » (Zaïre, le pays de nos aïeux).
Shongo est ainsi compté parmi les cofondateurs du groupe et opte pour l’appellation de Jules Presley. Inopportunément, il ne fera pas longtemps là-bas parce que dans la suite du chanteur Evoloko Lay Lay, ils s’en iront créer l’orchestre « Isifi » à Yolo… ISIFI signifie Institut Supérieur Idéologique de Formation des Idoles. Dans ce groupe on a retrouvé Evoloko Lay Lay, Jules Presley Wemba, Mavuela Somo, Efonge Gina, Debambongo, Celi Celio, Bozi Boziana, Zatiti, Tex Dondi, Sipayi, André Wawanko, Mekano, Nono et El Asu. Mais quelques temps après, suite à un complexe de leadership, Jules Presley Wemba, Bozi Boziana, Evoloko Lay Lay et Mavuela Somo tournent le dos à ce groupe pour aller former l’orchestre Isifi Lokole avec une ossature se présentant comme suit : au chant : Jules Presley Wemba, Evoloko Lay Lay, Bozi Boziana, Mavuela Somo et Vadio Mambenga ; soliste : Shora Mukoko ; accompagnateur : Ada Mwangisa ; bassistes : Dada et Dodoli ; batterie : Biko Star ; lokoliste : Otis Koyongonda moto na libandi.
En dépit du succès récolté, cette formation musicale n’a pas fait long feu et ne survivra que l’espace d’un matin.
C’est ainsi que tout au début de l’année 1976, Jules Presley Wembadio, Bozi Boziana et Mavuela Somo tournent le dos à « Isifi Lokole » et mettent sur pied l’orchestre « Yoka Lokole ». Ils font, pour cela, appel à Djo Issa ainsi qu’au jeune Nzolantima Mpoyo dit Mbuta Mashakado. Le groupe est placé sous le management du courageux Champro King au quartier Yolo-nord dans la commune de Kalamu.

PAPA WEMBA QUITTE YOKA LOKOLE

Cet orchestre a évolué normalement jusqu’au jour où, en plein concert, Jules Presley Wemba est chassé de « Yoka Lokole » par Mbuta Mashakado qui lui lance vertement : « Banda lelo, mwana mayi olongwe mouvement, na canaille kaka. Tout droit ! Kende na yo ». (A dater de ce jour, cher ami, tu ne fais plus partie du mouvement, je te le dis ouvertement sans froncer. Va-t-en !).
Un affront d’autant plus grave et populaire d’autant plus que Jules Presley qui supporte mal l’abus d’autorité de Mavuela Somo présumé vrai patron de l’orchestre, cherche à regagner discrètement le groupe « Isifi » avec lequel il recommence déjà à répéter avec le chanteur Evoloko Lay Lay qui était resté seul maître à bord.
La nouvelle se répand telle une traînée de poudre et arrive aux oreilles des membres influents de « Yoka Lokole » qui, à l’unanimité, décident de l’exclusion définitive de Jules Presley de l’orchestre. Personne alors n’avait eu le courage de le lui dire en face. C’est ce qu’a fait Mashakado qui avait choisi la voie de l’humiliation en crevant l’abcès.
Quelque temps après, Jules Presley regagne le groupe « Isifi » mais son ami Pecho wa Ngongo lui suggère de monter son propre groupe afin d’échapper à cette sorte d’humiliation. Cette proposition était loin de rencontrer l’assentiment de Jules Presley Wemba qui ne s’estimait pas capable de diriger un groupe musical. Infatigable, Pecho wa Ngongo revoit Mavuela Somo pour tenter une réconciliation avec Jules Presley Wemba qui finira par signer son retour dans « Yoka Lokole ». Et ce retour sera concrétisé par la sortie des disques « Matembele bangi » de Wemba, « Mabita » de Nzolantima Mbuta Mashakado et « Bana Kin » de Mavwela Somo.

CREATION DE VIVA LA MUSICA ET L’APPELLATION PAPA WEMBA
En auscultant l’horizon, Pecho wa Ngongo, toujours lui, appuyé par Sacré Marpreza et Bayard de Munich ne se fatiguent pas. Ils vont revoir Wemba pour lui suggérer de monter un orchestre propre à lui. Sans désemparer, Pecho va contacter Maxime Soki Vangu des éditions « Bella Bella » -ancêtre de « Krubondo »- qui accepte la suggestion de parrainer l’orchestre de Wemba surtout en représailles contre sa préférée Getou Salay qui se la coulait douce en cette période avec le chanteur Mavuela Somo.
Tout en acceptant l’offre, le cocu (Soki Vangu) mettra un équipement de musique à la disposition de Wemba.
C’est ainsi que Viva –la-Musica marquera sa sortie officielle, le 26 février 1977, au bar « Type K » de Tabu Ley. Un club très célèbre qui était situé sur le prolongement de l’aérodrome de Ndolo (marché simbazigida) dans la commune de Kinshasa. On retiendra aussi que c’est depuis ce jour-là qu’à l’unanimité, ses amis qui avaient pris d’assaut ce sanctuaire pour assister au premier concert de « Viva-la-Musica », l’ont baptisé « Papa Wemba ». Nom qui lui est resté collé jusqu’à sa mort. Du coup, le groupe installe son siège au domicile familial de l’artiste sur rue Kanda Kanda n° A/42 au quartier Matonge dans la commune de Kalamu. Dans la vision de ses ancêtres, Papa Wemba est surnommé Chef coutumier du village Molokaï qui est l’anagramme des avenues et rues « Masimanimba », « Oshwe », « Lokolama », « Kanda Kanda » et « Inzia ». Cet espace est borné à l’Est par le complexe « Ymca-Ywca » et à l’Ouest par le « Carrefour des jeunes ». Au nord par l’avenue Kasa Vubu et au sud par la rivière Kalamu.
Et comme à chaque occasion que Jules Presley Wembadio chantait partout où il est passé, il avait l’habitude de crier : « Que viva la musica », Pecho wa Ngongo, une fois encore, a simplement demandé à son ami d’opter pour le nom « Viva-la-Musica » pour le groupe qu’il venait de former. C’est ainsi que, depuis lors, l’orchestre de Papa Wemba a opté pour cette appellation.
Voix haut perchée et personnalité flamboyante, le « rossignol » Papa Wemba était une des grandes figures de la rumba congolaise et le prince de la SAPE (Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes), mouvement dont il a été l’un des initiateurs au Zaïre dans les années 70 et qui se caractérise par les plus grandes audaces vestimentaires.

PREMIERE MORT DE PAPA WEMBA ET UN RETOUR TRIOMPHAL A KINSHASA

Le 10 mars 1982, Papa Wemba quitte seul Kinshasa pour Paris. En son absence, une rumeur circule à la ronde annonçant la mort subite de Kuru Yaka dans la capitale française. Et comme on devait s’y attendre, cette nouvelle ne tarde pas à créer une psychose dans le rang de nombreux fans de l’artiste à Kinshasa. Informé de cette cacophonie, Papa Wemba se décide de rentrer à Kinshasa pour clouer le bec aux colporteurs de fausses nouvelles. Le retour du patron de Viva-la-Musica dans la capitale congolaise est une triomphe. On retiendra néanmoins qu’en l’absence de son leader du pays, l’orchestre a produit « Ami Kapangala », un disque du chanteur Bipoli na Fulu.
Le retour triomphal de Papa Wemba à Kinshasa pousse les organisateurs des spectacles à se bousculer aux portillons de Viva-la-Musica. Revisitant leurs carquois, ils se sont décidés, chacun en ce qui le concerne, à faire produire Papa Wemba et son orchestre au Ciné Palladium sur le boulevard du 30 juin dans la commune de la Gombe. Ils doivent livrer 3 concerts d’affilée en une journée et au même endroit.
Au lendemain de ces concerts marathons, les musiciens ont perçu des primes modiques qui ne les avaient pas enchantés. Le premier à claquer la porte fut King Kester Emeneya qui sera rejoint dans son retranchement par onze autres déserteurs de Viva-la-Musica dont : Mbaki Debaba – qui se rétractera quelques jours après pour regagner Viva-la-Musica-, Petit Prince, Joly Mubiala, Safro Manzangi, Tofolo Tofla Kitoko, Pinos, Mongo Ley, Huit Kilos, Patcho Star et Moto na libandi Otis Koyongonda, qui fondèrent l’orchestre Victoria Eleison. Sous la conduite de King Kester Emeneya cette formation musicale marquera sa sortie officielle le 24 décembre 1982.
Dans la même soirée du départ massif de ses musiciens, Papa Wemba, par rapport à son succès, à son charisme, est invité pour un autre concert alors que sur place, à part Papa Wemba lui-même, il ne reste plus dans Viva-la-Musica que les chanteurs Fafan de Molokaï, Jadot le Cambodgien et Maray Maray. C’est le knock-out (KO). Il fallait parer au plus pressé. Le chanteur Maray Maray était chargé de rechercher, en urgence, d’autres musiciens afin que Papa Wemba puisse honorer le contrat signé avec l’organisateur du spectacle. Maray Maray a réussi à regrouper quelques talentueux qui ont présenté un concert haut de gamme. C’est ainsi que devant cette chicane, Papa Wemba s’est décidé à recoller Viva-la-Musica avec une nouvelle configuration. Il recrute, au chant : Namwisi Reddy Amisi (un jeune chanteur que Koffi Olomide lui avait présenté un certain 14 octobre 1982) ainsi que le Mujingile Lidjo Kwempa provenant fraîchement de son Masi Manimba natal dans le Kwilu au Bandundu. Guy Guy Toupa est aussi pris de même que le percussionniste Iko qui vient renforcer l’équipe aux côtés du batteur Richacha. Quelques 30 jours après, arrive en provenance de Kisangani où il jouait au sein de l’orchestre « Singa Mwambe », le chanteur Luciana de Mingongo. Ainsi reconstituée, la nouvelle équipe de Papa Wemba se présente comme suit : chanteurs : Papa Wemba, Fafa de Molokaï, Jadot le Cambodgien, Maray Maray, Lidjo Kwempa Mujingile et Reddy Amisi ; guitaristes : Bongo Wende, Stella Uomo, Ping Pong, John Pepito et Gauthier Mukoka tandis que Richacha et Iko se retrouvent à la batterie, Itshari Mukulopio Ta Fely joue au lokole. Pour sceller cette union, le groupe produit « Ceci-cela » de Mujingila Lidjo Kwempa, « Nana Efi » de Maray Maray, « Libonza » et « Eliana » de Papa Wemba qui ont permis à Viva-la-Musica de redorer son blason quelque peu terni par le départ massif de ses premiers composants. C’était le déclic pour un succès qui ne s’éteindra qu’avec la mort de la méga star survenue sur scène à Abidjan le 24 avril 2016.

PAPA WEMBA SE LIE A PETER GABRIEL

Dans les années 80, avec l’émergence de la « world music », les producteurs européens s’intéressent à Papa Wemba. Ses séjours en France sont de plus en plus fréquents. Au Zaïre, sa musique est un exutoire pour la jeunesse, même s’il refuse de jouer tout rôle politique.
Le Vieux Fula Ngenge s’installe en France en 1986 alors que sa renommée touche même le Japon, emballé par ce dandy africain qui s’habille chez les grands couturiers. Il commence à toucher un public élargi, grâce notamment à un album « world music » produit par le Français Martin Meissonnier en 1988 qui mélange sonorités africaines et occidentales.
Au début des années 90, Papa Wemba se lie avec Peter Gabriel (ex-chanteur de Genesis), qui a lancé la marque « Real World », dont il assure les premières parties.
L’artiste sort alors trois disques sous cette estampille, élaborés pour le public occidental, alors que, parallèlement, « Real World » publie d’autres œuvres plus ciblées sur la communauté africaine. Il ne rencontre cependant pas le succès d’autres stars africaines en Europe ou aux Etats-Unis, tel que par exemple le Sénégalais Youssou N’Dour.

PREMIERE EQUIPE VIVA LA MUSICA

La première équipe de l’orchestre Viva-la-Musica était composée de : Papa Wemba, Jadot le Cambodgien, Aziza, Djenga-Ka Espérant Kisangani et Bipoli na Fulu (chanteurs) ; Bamundele Rigo Star et Liguagua Julva (guitares solo) ; Syriana (accompagnateur) ; Pinos et Pepito (bassistes) ; Otis Koyongonda moto na libandi et Patcho Star (percussionnistes). Ce groupe a lancé ses premières chansons : « Ebale mbonge » et « Mère supérieure » qui ont persévéré sur la toile avec la danse « Mukonyonyo ». Mais quelques temps après, l’orchestre connaîtra sa première scission. Les chanteurs Bipoli na Fulu, Espérant Djenga-Ka, Jadot le Cambodgien et le guitariste Julva Liguagua feront défection pour aller intégrer le groupe « Karawa Musica » du trio Kangonia.
Papa Wemba ne tarde pas. Il recrute d’autres musiciens. A la foulée, on retrouve le chanteur King Kester Emeneya et le guitariste Bongo Wende. D’autres musiciens seront recrutés pour redonner du tonus à l’orchestre.
Cette formation musicale a connu dans son évolution plusieurs ramifications. Ce groupe, jusqu’à la mort de son fondateur a formé plusieurs idôles qui continuent encore à faire parler d’eux à la ronde.
Pour ce premier anniversaire de la mort de Papa Wemba, plusieurs cérémonies seront organisées dont celle de la commémoration de cette date du 24 avril devenue journée de la musique africaine. Il y aura aussi la visite de sa tombe à la Nécrople « Entre Terre et Ciel » à Mbenzale dans la commune de la N’Sele où il repose pour l’éternité depuis le mercredi 4 mai 2016.

Forum des As

image

3 Comments

Join the Conversation

img

MAGERWA

Serving you with integrity and efficiency  Sideloader Charge ou décharge un conteneur de (...)

https://www.traditionrolex.com/25 https://www.traditionrolex.com/25