[caption id="attachment_2317" align="aligncenter" width="767"] Certains des participants (Photo PPU)[/caption]

 

Alors que sur les 20 recommandations arrêtées lors de la 12 ème édition du dialogue national ou ”Umushyikirano” tenue l’an dernier du 18 au 19 décembre 17 ont été réalisées entre 80% et 100%, cette 13 ème édition s’est installée essentiellement sur l’analyse des potentialités de développement qui devraient réduire, sinon éradiquer la dépendance du pays à l’étranger après 2020.

Prévu dans la Constitution du Rwanda en son article 168, le dialogue national dit ”Inama y’umushyikirano” est un forum qui donne l’occasion aux Rwandais d’échanger sur les éléments essentiels qui soutiennent la vie du pays en général, notamment la gouvernance et le développement du pays dans son intégralité.

Le dialogue national 2015 a abouti sur 13 recommandations dont la première invite à l’annonce de la vision 2050 qui vise à remonter l’économie nationale. Ainsi les Rwandais pourraient atteindre le véritable niveau de résilience et décider ainsi de leur propre avenir.

Pour atteindre ce niveau, le dialogue a reposé ses recommandations sur la protection des acquis d’après le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994, et surtout les piliers de l’unité nationale.

Dans son discours d’ouverture dudit dialogue, le Président Kagame a fait allusion au récent référendum constitutionnel qui a ouvert la voie à la continuité de ces acquis en saluant le taux de participation de la population rwandaise notamment jeune et les générations qui ont connu un passé mêlé à la peur et à l’incertitude du lendemain.

Se référant à la population électorale au référendum, Paul Kagame a indiqué que " la grande majorité de ceux qui ont voté la constitution réformée sont des jeunes qui n’ont pas vécu le tumulte des bombes et fusils ou qui n’ont pas vécu dans une vie de très grande peur. ”

D’autres parts, le Chef de l’Etat, Paul Kagame, a parlé d’un autre type d’électeurs, les adultes. ” Une autre partie de ceux qui ont approuvé cette Constitution révisée sont ceux qui ont vécu les pires moments de l’histoire du Rwanda et qui en ont tiré des leçons. Et ce sont eux qui ont reconstruit le pays.A la peur, ils ont choisi l’espoir", a-t-il déclaré.

Le développement du secteur industriel s’impose

Selon une déclaration du Ministre des Finances et de la planification économique, l’ambassadeur Claver Gatete, le Rwanda a besoin de développer son secteur industriel pour réduire ses importations qui s’affichent plus importantes au regard de ses exportations.

Décideurs politiques et autres participants au dialogue national ont convenu de la nécessité de remonter le secteur industriel en exploitant davantage les potentialités disponibles et jusque là inexploitées.

D’autre part, le Ministre de la Jeunesse et des Technologies de l‘Information, Philbert Nsengimana , a présenté à l’opinion le développement qu’a atteint le pays à ce jour en matière des Technologies de l’Information, pendant que le Ministre des Finances et de la Planification déplorait , quant à lui, le retard affiché dans le domaine de l’industrialisation.”Les Rwandais consomment plus étranger qu’ils ne produisent,” a-t-il déclaré..

Pour sa part, le Sénateur Tite Rutaremara a fait remarquer que ”le pays a beaucoup d’ingénieurs mais qui ne sont pas bien exploités par nos investisseurs. Il est bizarre de voir que nous consommons largement étranger alors que pour faire une marque déposée, il ne faut pas actuellement nécessairement inventer un produit entier”, a-t-il déclaré.

Il a enchainé en soulignant qu’ ” il suffit de prendre un produit existant et lui ajouter une forme supplémentaire ou lui donner une autre qualité. C’est ce que font les pays émergeants ou les Nouveaux Pays Industriels (NPI). Et ainsi on peut corriger cette balance commerciale extrêmement déficitaire".
Dans son allocution, le Ministre Gatete a passé en revue tous les secteurs industriels qui ont besoin d’être développés.

A titre d’exemple, il a évoqué la nécessité de créer une usine textile pour limiter l’importation des habits usagers qui prennent annuellement au pays 15 milliards de francs rwandais, invitant des prospecteurs industriels à profiter de ce secteur.

Le Ministre Gatete a également évoqué le secteur agricole qui n’utilise que 16% des semences sélectionnées et 14% d’engrais chimiques et de peu d’espaces irrigués- seuls 5.000 ha .

”Après les titres fonciers offerts aux petits fermiers agricoles, il nous faut mécaniser l’agriculture liée à la consolidation des lopins de terre paysans,” a déclaré le Ministre.

Pour atteindre ce développement intégral lié à l’industrialisation, le Ministre est revenu sur le développement des voiries nécessaires à la desserte entre différents coins du pays et a, par cette occasion, évoqué les routes déjà en construction.

Il a cité, entre autres, celle de Kamembe-Karongi-Rubavu à l’Ouest, celle de Base-Butaro-Gicumbi au Nord-Est et Nyagatare-Rukomo, ainsi que Ngoma-Bugesera-Nyanza au Sud.

Le premier dialogue national a eu lieu le 28 juin 2003, et depuis lors, il a lieu chaque année.
A chaque fois que se tient cette rencontre qui réunit différents échelons de l’administration jusqu’à la Cellule administrative, les représentants des différentes couches de la population ainsi que la diaspora rwandaise, des suggestions sont émises et des recommandations sont faites.

A cette même occasion, la population rwandaise entière a le privilège de poser ses questions sur son destin, émettre ses suggestions allant dans le sens de la bonne gouvernance et du développement national, une ligne téléphonique étant ouvert en faveur de tous.

Jean Louis Kagahe