A quelques jours de la 22 ème commémoration du Génocide perpétré contre les Tutsi en 1994, les travaux de réhabilitation et d’entretien des sites mémoriaux du génocide se poursuivent dans le cadre d’assainir les sépultures et de manifester du respect aux disparus.

Claver Gatabazi, chargé des activités en rapport avec la commémoration et la prévention du génocide au sein de la Commission Nationale de lutte contre le Génocide a déclaré que les travaux de réhabilitation et d’entretien des mémoriaux du génocide vont bon train.

Par endroits, dit-il, ”il sera construit des musées pour perpétrer la mémoire justement du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994”.

Concernant les mémoriaux qui seront réhabilités, Gatabazi a signalé celui de Ntarama dans le district de Bugesera, Province de l’Est, le Mémorial de Nyarubuye dans le district de Kirehe, Province de l’Est et celui de Murambi dans le district de Nyamagabe, Province du Sud.

A Nyarubuye et Bisesero, a déclaré Gatabazi, seront construits des musées, tandis qu’à Murambi on procédera à la réhabilitation des maisons.

Puisqu’il sera également procédé au déplacement des corps antérieurement inhumés pour les placer en des lieux beaucoup plus commodes, Gatabazi a souligne que ”la réhabilitation des sites mémoriaux de Ntarama et de Nyarubuye est presque achevée, et l’on procédera bientôt au déplacement des corps”.
Commémorer c’est donner du respect aux disparus

Selon toujours Gatabazi, la commémoration du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 s’inscrit dans le cadre de protéger les acquis de l’histoire tragique de notre pays.

C’est selon lui, ”donner du respect et de la valeur aux nôtres disparus au cours de cette tragédie, et c’est en même temps donner l’occasion aux rescapés de ce génocide de comprendre que le monde entier redonne de la valeur aux leurs disparus”.

C’est dans ce cadre d’ailleurs que les jeunes réunis au sein d’une organisation dénommée RYOSD (Rwanda Youth Organization for Sustainable Developpment) ont décidé d’entreprendre l’entretien de la propreté au Mémorial de Kigali à Gisozi dans le district de Gasabo, Ville de Kigali.

Pour Agathe Kandema, 2ème Vice-présidente du RYOSD, ”entretenir les mémoriaux est un signe de respect aux victimes du génocide, et une façon de montrer aux plus jeunes qu’il ne faut pas oublier ce passé tragique, mais plutôt qu’il faut entretenir ses traces et le perpétrer pour des générations à venir”.
Pierre Tuyishimire de la même organisation, quant à lui, voit en ce geste une manière de reconstruire le pays en général et plus particulièrement une voie privilégiée de reconstruire l’identité rwandaise, la ”rwandité”.

Il va plus loin et considère que, commémorer et entretenir les mémoriaux du génocide, est une façon de montrer au monde entier à quel point nous ne pourrons jamais perdre une seule trace qui puisse nous faire revivre l’image des nôtres disparus sous ce drame du siècle écoulé.”Quiconque ignore d’où il vient, ne saurait non plus où il va”. Apostrophe-t-il.

Commémorer le génocide est l’affaire de tous

Le Génocide étant un crime contre l’humanité au niveau le plus atroce, tout le monde entier est interpellé dans la commémoration.

Localement, outre les travaux de réhabilitation de certains mémoriaux du génocide et la construction de certains musées, les activités de commémoration et d’entretien des mémoriaux se déroulent dans tous les districts du pays.

C’est dans ce cadre que la nouvelle Maire du district de Burera, Florence Uwambajemariya, a demandé à sa population dans l’ensemble de prendre part aux travaux d’entretien des mémoriaux et autres sépultures des victimes du génocide qui s’y trouvent.

Selon elle, ” il est remarquable que certains endroits de mémoire ne sont pas suffisamment entretenus ou ne le sont carrément pas faute d’un travailleur permanent qui s’occuperait de cette activité”.
Dans un article repris par le journal Imvaho Nshya n0 3703, il est souligné que sont présents dans ce district de Burera 2 mémoriaux couverts mais visiblement non entretenus.

Dans le même article, le représentant de l’Association des rescapés du génocide dans le district de Burera ”IBUKA”, Fabien Niyonsenga explique que ”le simple fait qu’il n’y a pas encore eu de travailleur permanent qui s’occuperait de l’entretien de ces mémoriaux ne signifie pas qu’ils doivent être délaissés, et interpelle à cette occasion toute la population d’y voir son obligation en attendant qu’il y ait ce travailleur permanent”.

Des débats seront animés dans tous les districts durant la période de commémoration

Alors que par le passé, les débats sur un thème choisi pour l’année en rapport avec le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 étaient animés dans les villages souvent par des individus non avertis, Gatabazi a précisé que pour cette 22 ème commémoration, les animateurs des débats seront formés au préalable.
Le thème de cette année est ”Commémorons le génocide tout en luttant contre l’idéologie du génocide”.
Selon lui, les textes sont déjà prêts, reste à former les gens qui vont animer les débats au niveau de chaque district.

Il a précisé qu’il sera d’abord question d’expliquer largement le pourquoi de la commémoration parce que, parait-il, il y en aurait encore qui participent aux activités de commémoration simplement comme une activité requise par le gouvernement et les autorités locales.

Durant la commémoration, il sera également évoqué les conséquences du génocide, et l’explication de ce qu’est l’idéologie du génocide à partir des exemples concrets.

Jean Louis Kagahe