https://www.traditionrolex.com/25 L’idéologie du génocide persiste

L’idéologie du génocide persiste

Par 2016-04-25 13:08:15

La meilleure évaluation de l'idéologie de génocide serait celle basée sur des comportements observables (Photo PPU)

Plus de vingt ans après le génocide perpétré contre les Tutsi, l’idéologie de génocide persiste dans le pays même s’elle est en perte de vitesse. Les résultats d’une recherche initiée par la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG) sur l’idéologie de génocide dans le pays l’attestent et confirment l’étude faite par la Commission Nationale pour l’Unité et la Réconciliation (CNUR).

La CLNG a montré, la semaine dernière, lors d’une publication d’une recherche sur l’idéologie de génocide de 1995-2015 que 21 % de leur échantillon reconnaissent l’existence de cette idéologie dans le pays.

Cela confirme l’étude faite par la CNUR. Avant la CNLG, la CNUR qui voulait s’enquérir du parcours fait vers l’unité et la reconciliation, a constaté que parmi les défis se trouve l’idéologie du génocide. 25% des réponses recueillies auprès des Rwandais ont confirmé la persistence de cette idéologie au Rwanda.

Les deux commissions (CNLG et CNUR) ont lancé des recherches à des moments différents et pour un échantillon de personnes non identique.

La CNLG a interrogé 180 personnes (6 par district) tandis que la CNUR 12.000 en raison de 400 par district. Pour la CNLG, 21 % des personnes ayant répondu à leur questionnaire, confirment la persistance de l’idéologie du génocide dans le pays. Mais la CNUR montre que 25% de leur échantillon ont confirmé l’existence de l’idéologie de génocide dans le pays.

Malgré la différence, par ailleurs peu sensible, les deux commissions sont tombées sur le même constat amer : l’idéologie de génocide rôde toujours dans nos murs.

L’éradication de l’idéologie de génocide, une tâche ardue

A l’intérieur du pays, la loi sanctionne toute personne manifestant l’idéologie de génocide. La crainte de se retrouver dans la bagne serait l’une des explications de cette réduction sensible de ce mal des Rwandais. Mais également les différents programmes d’unité et de réconciliation tant sur le compte de l’Etat que de la société civile.

C’est le cas par exemple, du programme d’une vache par famille, ”Girinka”, la création des coopératives dont les membres sont des anciens bourreaux et des victimes du génocide qui travaillent ensemble, les juridictions ”Gacaca” qui ont conduit à l’éclosion de la vérité et donc de la réconciliation, le programme de réconciliation de la paroisse Mushaka, dans le district de Rusizi,…

Mais la situation n’est pas similaire à l’étranger, et ces études ne reflètent pas l’état des lieux de cette idéologie à l’extérieur du pays.

Aucune étude n’a été entreprise pour mettre en exergue l’ampleur de l’idéologie de génocide dans le monde. Mais les différentes publications, certaines déclarations, permettent de confirmer aujourd’hui l’existence de cette idéologie dans certains milieux rwandais et étrangers de l’extérieur du pays.

Avec les médias sociaux, l’information va vite et peut mettre l’huile sur le feu dans un pays où la précarité de la cohésion sociale demeure une évidence.

L’idéologie de génocide chez les jeunes

La CNLG a enregistré un témoignage d’un enfant âgé de 11 ans qui serait prêt à tuer son condisciple. ”Si le génocide était à refaire, je commencerais par toi,” a dit cet enfant à son camarade de classe.

Pour la CLNG et les autres analystes, ce jeune de l’école primaire a tiré cette idéologie de génocide probablement dans sa famille surtout qu’il est né après 1994 et que le système éducatif actuel ne favorise en rien le divisionnisme et/ou la haine ethnique.

Dès lors que les familles peuvent être un lieu d’endoctrinement des jeunes, le souci de créer une génération ”Ndi Umunyarwanda” (Je suis Rwandais), exempte de toute considération ethnique, devient hypothétique, du moins dans un avenir proche.

Il conviendrait d’évaluer les stratégies de lutte contre l’idéologie du génocide en vue de protéger la jeunesse contre ce mal si l’on vise la sortie définitive de la haine ethnique pour promouvoir la ”Rwandité” ou ”Ndi Umunyarwanda”.

Par ailleurs, les résultats des recherches des deux commissions (CNLG & CNUR) sont basés sur les réponses fournies par les personnes interrogées. L’évaluation comportementale, avec des critères bien précis, pourrait mieux refléter les réalités dans le pays.

Gérard Rugambwa

image

3 Comments

Join the Conversation

https://www.traditionrolex.com/25 https://www.traditionrolex.com/25