Le Parquet de la République confirme avoir ordonné à Me Bernard Ntaganda de ne pas sortir de la Ville de Kigali et de se présenter tous les mercredis devant ses bureaux sous peine d’être arrêté et réemprisonné.

Le Parquet a rendu cette décision après que le nommé Ntaganda ait comparu devant le magistrat Faustin Nkusi pour qu’il apprenne le crime dont il est accusé. Me Ntaganda avait été arrêté par la Police Nationale le 1er mai 2016 et il a été présenté au Parquet ce mardi. Le Magistrat l’a libéré sous condition.

"Il ne doit pas aller au delà des limites de la Ville de Kigali. Il y a des indices de culpabilité sur lesquels nous enquêtons. Les crimes ? Il combat la force de la loi, il sème l’insécurité civile et fonde illégalement un parti politique et prépare des manifestations non autorisées", a dit le magistrat ordonnant ainsi que le nommé Ntaganda soit sommé de se présenter devant son bureau tous les mercredis jusqu’à nouvel ordre.

Ce politicien rwandais qui dit avoir fondé le PS Imberakuri vient de purger une peine de 4 ans de prison ferme sur le compte d’atteinte à l’intégrité nationale, de divisionnisme et ségrégationnisme parmi les Rwandais et de complicité dans les manifestations illégales.

La Nouvelle patronne de PS Imberakuri, Mme Christine Mukabunani, est décidée de traîner en justice Me Bernard Ntaganda pour, dit-elle, revendiquer la direction de ce parti.

"A cause du comportement qu’il a affiché et qui était contre l’éthique du politicien rwandais, nous l’avons déposé de la direction du parti et l’avons chassé du parti. Mais il a continué à miner nos activités. Il recommence les mêmes attitudes. Nous allons le traîner en justice encore une fois autant que nous l’avons fait pour les autres", a déclaré Mme Christine Mukabunani.

Peu après sa libération, l’an passé, profitant de l’occasion de l’organisation du référendum constitutionnel pour l’amendement de l’article 101 de la Constitution qui a ramené de 7 à 5 ans la durée du mandat présidentiel et d’un cadeau d’un septennat supplémentaire à l’actuel chef de l’Etat Paul Kagame, il a été dit que le même Bernard Ntaganda et les membres des FDU-Inkingi (Forces Démocratiques Unifiées) auraient déposé à la Mairie de la Ville de Kigali une demande de manifestations contre le référendum.

Me Ntaganda continue de se réclamer fondateur du PS Imberakuri

Me Bernard Ntaganda se croit toujours président fondateur du PS Imberakuri et d’avoir recruté et invité la dame Christine Mukabunani au sein de son parti.

Hélas, les politiciens rwandais croient que fonder une institution sociale, un parti politique, vous confère des droits illimités sur elle, même si vous allez contre la loi, que vous devez en être éternellement maître. Me Ntaganda peut-il lire la politique française du Front National où la fille Le Pen chasse le père de la direction nationale du parti "qu’il a lui-même fondé", pour des propos xéno ou parfaitement nazistes ?

Non, il en est parfaitement incapable. Tout ce qu’il peut faire c’est de tomber dans un sentimentalisme et des sentiments à fleur de peau :
"Auquel cas mon sang est versé, que Mukabunani en soit responsable, elle et sa postérité. Mais que faire ? C’est moi qui l’ai invitée dans les rangs de mon parti", a-t-il déclaré à la presse.

Me Bernard Ntaganda pose-t-il un sérieux problème dans l’arène politique rwandaise ? D’aucuns se posent des questions de savoir pourquoi le Forum de Concertation des Familles et partis politiques ne règle pas comme il faut des questions d’éthique du politicien assorties de sanctions librement débattues entre pairs.

”Je crains que certains politiciens comme ce Bernard Ntaganda sont téléguidés de l’extérieur. Les lobbies étrangers sont plus décisifs sur les mentalités et démarches de certains de nos politiciens essentiellement ceux-là qui se réclament de l’opposition. Tenez, réfléchissez sur une sortie faite comme innocemment. Le docteur Frank Habineza du Green Democratic Party of Rwanda a demandé qu’il soit accepté que les partis politiques soient financés de l’étranger. Appréciez cette immaturité politique monsieur le journaliste. Au lieu de suggérer sérieusement que tous les partis membres du Forum soient financés directement à partir du Budget National, il pense plutôt que l’influence et les conditions imposées par ces bailleurs étrangers sont plus constructives que le fait d’être financé nationalement, de créer un forum où les débats d’idées sont parfois cordiaux, parfois teintés de confrontation… un peu comme dans les grands parlements du monde, loin des influences étrangères”, a dit un observateur de la scène politique rwandaise qui croit que l’opposition rwandaise n’a pas du tout l’étoffe, qu’elle ne sait pas sur quel pied danser entre l’engagement politique ferme ou rester sous l’influence des lobbies étrangers.

Autrement dit, le politicien de l’opposition rwandaise, comme il doit nécessairement élever sa voix pour montrer ce qui ne va pas, croit qu’il doit prendre à témoin l’opinion internationale avant la rwandaise. Or cela sonne faux. Un parti politique cesse d’être une affaire personnelle immédiatement qu’il est officiellement agréé.

Si la Tanzanie jouit de bonnes décades de stabilité politique, c’est qu’elle a su financer les activités de ses partis politiques agréés à partir du budget national. Ici, chaque parti politique a le droit de critiquer les démarches de gestion qu’il juge contraire à son idéologie de parti. Et nécessairement ces critiques quand elles sont fondées, elles sont pris en bonne considération.

En foi de quoi, il importe aux stratèges politiciens rwandais de jouer aux échecs avec ces lobbies étrangers qui exercent beaucoup d’influence négative sur les forces et familles politiques rwandaises au point que celles-ci oublient qui elles doivent servir : les intérêts égoïstes de ces lobbies ou l’épanouissement démocratique des citoyens rwandais.

Jovin Ndayishimiye