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Rwanda : les chambres spécialisées anti SGBV réclamées

Par 2016-06-20 09:58:19

Immaculée Ingabire recommande une mise en place des stratégies d'alerte (Photo Kagahe)

Au regard des recommandations issues de la Déclaration de Kampala (DK) en 2011 et de la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité de l’ONU (RCSNU) en 2000, la Concertation des Collectifs des Associations Féminines de la Région des Grands Lacs (COCAFEM-GL), sa branche du Rwanda, a émis le vœu de voir le pays se doter des cours et chambres spécialisées pour juger et sanctionner les violences basées sur le sexe ( SGBV) en vue de leur éradication.

La COCAFEM-GL a pris en compte la Déclaration de Kampala et la RCSNU 1325, car toutes deux visent la prévention des violences basées sur le sexe, SGBV (Sexual and Gender Based Violences), l’éradication de l’impunité en la matière, et l’assistance aux victimes des SGBV a déclaré Margueritte Mutumwinka, Vice-présidente de COCAFEM-GL et de PROFEMMES-TWESEHAMWE.

Mutumwinka a expliqué que l’Objectif de la COCAFEM-GL, est de s’assurer que les SGBV sont éradiquées dans les 3 pays de la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) à savoir le Burundi, la RDC et le Rwanda, et que la femme prend part à ce processus.

Au cours d’un atelier d’un jour, les membres de la COCAFEM-GL du Rwanda ont examiné les résultats d’une étude qui a été menée dans les 3 pays de la CEPGL pour évaluer les réalisations et les défis encore relatifs à la mise en application des instruments susmentionnés.

L’auteur de l’étude, le Dr Agée Shyaka Mugabe, Enseignant à l’Université du Rwanda et Spécialiste en reconstruction de la paix post conflit ainsi qu’en Bonne Gouvernance et Genre entre autres, a expliqué l’esprit des deux textes soulignant qu’ils se sont inspirés des retombées des conflits interminables à l’Est de la RDC, des affres du génocide au Rwanda ou encore de cette crise politico-sécuritaire qui ne fait que se répéter au Burundi depuis 1993.

Les résultats de cette étude intitulée ”Etat des lieux sur la mise en oeuvre de la Déclaration de Kampala (DK) et de la RCSNU 1325 au Burundi, en RDC et au Rwanda, avaient déjà été présentés à la troisième conférence régionale de la COCAFEM-GL tenue à Kinshasa en RDC en mars 2016.

Chaque pays membre a le devoir d’examiner sa situation en matière de lutte contre les SGBV pour rendre compte à la 4ème conférence qui pourrait se tenir en février 2017 selon Mutumwinka.

Les pays de la région ont en commun quelques défis transfrontaliers non encore surmontés

Selon les résultats de l’étude, la persistance des SGBV est due en partie aux imperfections procédurales internes à chaque pays, mais il ya aussi le non respect des recommandations transfrontalières pourtant conclues à la DK et à la RCSNU 1325.

Le Dr Agée évoque ici à titre d’exemple ”la non agression entre Etats de la région”, ceci en référence aux accusations ou au climat de suspicion d’agressions mutuelles et transfrontalières entre, tantôt la RDC et le Rwanda ou actuellement entre le Burundi et le Rwanda.

Toutefois, Dr Agée entrevoit des avancées se profiler en matière de coopération militaire d’une part à travers des formations conjointes des militaires et policiers, et judiciaires d’autre part si l’on s’en tient à l’exemple de la récente extradition du génocidaire Ladislas Ntaganzwa de la RDC vers le Rwanda.

Il est utile de signaler aussi une faille remarquable dans le cadre de l’assistance aux victimes des SGBV, notamment en ce qui concerne la création d’un fonds ad hoc ou la création et le renforcement des centres de réhabilitation appropriés aux victimes des GBV.

Le Rwanda accuse encore des lacunes sur le plan de traitement et de jugement des procès sur les SGBV

A travers l’étude conduite par le Dr Agée, le Rwanda est visiblement en avance dans la lutte contre les SGBV et ceci se lit dans ”la mise en place antérieure à la DK et à la RCSNU 1325 des stratégies et structures de promotion des droits de la femme et de la fille”, a déclaré le chercheur, mais, regrette-t-il, ”il reste encore beaucoup à faire car il manque des cours appropriées ou des chambres spécialisées pour juger les cas en rapport avec les SGBV.”

”Alors qu’ailleurs comme en RDC ou au Burundi il existe des stratégies et des procédures particulières pour juger les cas liés aux GBV, au Rwanda, par contre, ces cas sont considérés comme des crimes aux procès urgents”, s’exclame le Dr Agée qui, néanmoins espère que la situation sera bientôt normalisée eu égard à la volonté politique dans ce sens.

Il apprécie la présence nombreuse des femmes dans les missions de maintien de la paix de l’ONU et de l’UA ainsi que leur représentation dans les instances de la ” justice de proximité” avec un pourcentage de 45% parmi les Conciliateurs ”Abunzi” et 48% parmi les membres des MAJ (Maisons d’assistance judiciaire).
Dr Agée déplore néanmoins la quasi absence des femmes dans les négociations ou dans les forums de prise de décision en matière de restauration de la Paix et de la sécurité.

Selon Marie Immaculée Ingabire qui représentait le Forum Régional des Femmes au sein de la Conférence Internationale sur les pays de la Région des Grands Lacs (CIRGL), qui a par ailleurs initié la DK, et membre d’un Collectif des Associations des femmes au Rwanda (PROFEMMES-TWESEHAMWE), ”la prise en charge des femmes victimes des SGBV présente encore des lacunes notoires”.

Elle explique, par exemple, qu’une femme battue peut bien bénéficier des soins médicaux voire d’une justice équitable à la police ou ailleurs, mais personne ne fera un suivi pour savoir si elle a réintégré son foyer ou non, ou bien que sa situation ne s’est pas empirée par la suite.

Ingabire recommande une mise en place des stratégies d’ ”alerte précoce” pour prévenir les SGBV et une coordination inclusive où le Ministère de l’Administration Locale (MINALOC) serait représenté dans toutes les initiatives visant à lutter contre les GBV, car explique-t-elle, c’est ce Ministère même qui gère ces problèmes dès le village-même (umudugudu) grâce à ces représentants de l’administration locale à ce stade.

Jean Louis Kagahe

 

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