La ministre malawite de l’intérieur, Grace Chiumia, a rendu publique une ordonnance ouvrant la voie à la poursuite du procès d’extradition du rwandais Vincent Murekezi jugé et condamné par les tribunaux Gacaca de Huye pour son rôle joué dans le génocide de 1994.

Cette décision qui permet la poursuite du procès sur l’extradition de Murekezi intervient peu après que le tribunal de la capitale du Malawi, Lilongwe, ait statué que la poursuite du processus d’extradition dépendrait des directives dudit ministre.

Selon la législation en cours au Malawi, seule une décision parlementaire ou une ordonnance ministérielle peuvent permettre la poursuite d’un tel procès

Vincent Murekezi, condamné pour crime de genocide au Rwanda et arrêtê au Malawi ( archives)
Par ailleurs, il convient de noter que l’extradition de Murekezi a continué à piétiner pour plusieurs raisons entre autres celles avancées par les avocats de la défense qui arguaient que leur client est détenu en prison alors qu’il n’a été condamné par aucun tribunal du Malawi.

L’extradition de Murekezi a été traînante en raison de différents facteurs, y compris les arguments des avocats de la défense que leur client est détenu en prison sans être accusé par le tribunal du Malawi.

Murekezi n’ayant pas pu comparaitre le 26 janvier 2017 comme prevu, Gift Katundu, son avocat, a rejeté la faute au Gouvernement malawite qui n’a pas fourni de véhicule pour le transporter de son lieu de détention au palais de Justice de Lilongwe. Le procès a donc été reporté au 27 janvier2017.

Le Mandataire de l’Etat malawite, Steven Kayuni, a, de son côté, justifié cette absence par le fait que les gardiens de prison de Maula qui devaient l’escorter n’étaient pas suffisants, qu’ils avaient été déployés dans plusieurs opérations.

Steven Kayuni a confirmé la question des défis logistiques, expliquant que les détails de sécurité pour le transport de Murekezi faisaient défaut.

"Pour que Murekezi soit transporté de la prison de Maula à la Cour de justice, il doit y avoir une sécurité suffisante à toutes les étapes", a ajouté Kayuni.

Les rapports indiquaient toutefois que la plupart des véhicules utilisés pour transporter les détenus devant les tribunaux étaient utilisés dans une fonction publique où le président lançait une saison nationale de plantation d’arbres dans une région voisine de Lilongwe.

De son coté le gouvernement rwandais a remis tous les documents nécessaires pour que le processus d’extradition continue.

M. Vincent Murekezi, arrêté par la police malawite en Octobre dernier, a été jugé par contumace par le tribunal traditionnel Gacaca de District Huye et reconnu coupable de planification du génocide contre les Tutsi du Secteur Tumba, district de Huye dont il est originaire.

La loi rwandaise permet à la personne jugée par contumace de réviser son procès, une fois la décision d’extradition prise.

Murekezi a été arrêté à Lilongwe où il aurait amassé des richesses en tant qu’homme d’affaires, et a échappé à la capture depuis plusieurs années.
Il a acquis la nationalité malawite en 2003, après avoir payé une somme colossale de 5 000 $.

En décembre dernier, Murekezi avait vu ses chefs d’accusation pour génocide se doubler d’affaires de corruption commises au Malawi-même.

Jean Louis KAGAHE.